J’ai déjà eu l’occasion de raconter cette histoire de mon enfance. Mon père rentre d’une réunion au bureau et il explique : « On nous a lu un rapport disant qu’à partir de 1960, le Congo va nous coûter plus cher qu’il ne nous rapporte. On a alors décidé de lui accorder son indépendance ».
Il n’a pas dit ça d’un ton guilleret, il était de gauche, j’ai déjà parlé de sa casquette de prolo qui irritait ma mère. Il a fait partie d’un petit groupe de soutien discret à Lumumba. Il est mort convaincu que c’étaient les milieux d’affaires belges qui avaient eu sa peau. Il n’a pas su que c’étaient les services secrets britanniques.
Mais la générosité (tousse ! tousse !) des puissances coloniales ne signifie pas qu’elles étaient devenues folles pour autant, nuance ! On a donc créé un droit international interdisant la nationalisation des entreprises de l’ancienne puissance coloniale restées là-bas (faut pas pousser quand même !).
Rush forward jusqu’à 2021. Le site Les crises a traduit un article du Guardian, où on nous explique qu’une compagnie pétrolière britannique poursuit pour des centaines de millions d’euros le gouvernement italien qui bloque une nouvelle campagne de forages. Elle invoque – he ! he ! vous l’avez deviné – le droit international mis en place pour couillonner les nations nouvellement indépendantes.
Sauver la planète ? C’est plus vite dit que fait : le capitalisme a plus d’un tour dans son sac !
Laisser un commentaire