Qui s’effondre ?
Il est temps de prendre conscience qu’il n’y a plus, voire qu’il n’y a jamais eu, que deux classes : ceux qui mènent l’espèce à sa perte, et ceux qui l’embellissent.
C’est cette absence de conscience de classe, l’unique classe mondiale de ceux qui payeront le prix de la croissance narcissique du monde, qui nous aura mené au point de non retour.
Selon la définition d’Yves Cochet, l’effondrement est le stade ou les besoins élémentaires ne sont plus fournis par des structures encadrées par la loi.
Je pose la question : Quand l’effondrement a-t-il eu lieu pour la population de notre pays ?
Qu’est ce qui s’effondre ?
Quand nos services de base (représentativité, démocratie, actions des dirigeants en faveur du bien être du plus grand nombre, justice, égalité de droits) ont ils disparus ?
Ce qu’il y a de paradoxal avec cette notion de collapse, c’est la reconnaissance du fait. Formulons la question autrement : quand y aura il consensus sur le fait que l’effondrement a eu lieu ?
Quand les médias et les avions auront disparu ? Ceci sera la fin de l’effondrement.
Quand les médias diront « c’est l’effondrement » ? Alors l’effondrement sera un phénomène médiatique, mais pas social ni politique.
Quand certains de nos besoins sont fournis par le système, on parle d’effondrement partiel ?
L’effondrement de l’ascenseur social, de l’égalité d’accès au droit, au travail, ou de la foi en un avenir meilleur sont ils pris en compte ?
Quand 10 % de la population est désinsérée, on parle de collapse ? Non, car ils sont minoritaires ? Non, car une partie des services est toujours assurée ?
Si 90 % de la population n’a plus accès aux besoins élémentaires, on parlera de collapse. Pourtant il restera toujours un frange qui accédera aux services restants.
De même, si l’entièreté de la population a toujours accès à la sécurité régalienne mais à rien d’autre, on parlera de collapse ( en plus de dictature). Pourtant, dans les deux cas, bien que surfaits, on peut considérer que l’effondrement est partiel, ou que la définition de Mr Cochet est partielle.
L’effondrement aura-t-il un anniversaire ?
Quand parlerons-nous de collapse de manière consensuelle ?
La biodiversité est effondrée, la capacité alimentaire est effondrée, la qualité des eaux est effondrée, la qualité des airs et des glaces est effondrée, la ressource halieutique est effondrée, la ressource forestière est effondrée, la ressource pétrolière est effondrée, la ressource minière est effondrée… Et on parlera de collapse quand les ordures ne seront plus collectées ?
C’est un peu comme si on gérait l’effondrement comme le reste : de manière totalement anthropocentrée.
Quand commencerons-nous par définir le collapse de manière holistique ?
L’effondrement est le point précis ou un humain prend conscience individuellement que tout ce dont il n’a jamais eu conscience va provoquer sa souffrance, sa mort, et celle de son espèce.
L’effondrement est une notion humaine. Sa conception d’une norme, d’une temporalité définie, de critères de mesure humains, en font un archétype de la pensée ayant produit ce même effondrement.
Car d’un point de vue naturel, l’effondrement n’est rien de particulier. C’est le résultat de différentes causes, effets, interactions et rétroactions. Du point de vue de Gaïa, l’effondrement est la continuité absolument normale de l’ordre des choses, de la loi des actes, une sorte de karma physico-chimique.
L’effondrement est-il un événement ?
La planète ne va pas pleurer de la disparition de notre espèce. Après la mort de BFNTV, nous serons outrés de comprendre que notre disparition fera moins d’audimat que celle du rhinocéros noir.
Notre début, notre fin, et notre bien être, n’existent pas en tant que tel. Ce sont des perceptions anthropocentristes, artificiellement finies par nos capacités mentales.
L’effondrement est donc le nom qu’une espèce qui à fait disparaître 90 % des autres espèces donne à sa propre disparition potentielle.
On peut donc conclure assez logiquement que la collapsologie est la science qui consiste à prendre conscience que notre disparition est, d’un strict point de vue énergétique, physique, la dernière étape d’un processus nécessaire d’autorégulation du seul système qui soit holistiquement conscient : le monde.
Croire qu’il est possible de greenwasher la conscience intrinsèque et cellulaire que le monde a de lui même est d’une bêtise, certes effrayante, mais pourtant tellement courante.
Survivre à l’Effondrement, ou vivre la prise de conscience ?
En tant qu’espèce, l’humanité a deux uniques espoirs :
– survivre à ce qui arrive sans l’aggraver en cherchant à le résoudre ou le compenser. Accepter de payer le prix, longtemps après avoir été forcés de changer.
– repenser son rapport au monde, à l’autre et à soi-même, pour que, dans l’éventualité d’une survie, notre espèce ai trouvé une structure cognitive qui permette à chacun d’entre nous d’intégrer les règles immuables de l’équilibre garantissant notre survie à tous.
L’ensemble de nos modèles, calculs, prédictions, n’ont démontrés qu’une chose : leur incapacité à intégrer la complexité du monde. Un modèle ne peut calculer que ce que son programmeur est capable de penser. Aucune IA ne changera cela. Une IA ne créera pas de modèle dépassant notre conscience. Si cela avait lieu, nous serions incapable d’accepter et d’intégrer ses résultats.
Ca n’est pas en cherchant un modèle holistique, qu’il soit de compréhension ou de gestion du monde, que nous résoudrons les problèmes que nous avons créés. Il n’y a pas une solution pour chaque problème. Il n’y a pas une solution globale pour tous les problèmes.
Il n’y a que nous, qui posons problème par ce que nous sommes. Trop puissants, trop prétentieux, trop aveugles, sourds et muets.
Il n’y a pas un problème d’épuisement des ressources, un problème de gestion des déchets, un problème de fonte des glaces…
Il n’y a qu’un problème de cognition.
Préparer des munitions, ou des émotions ?
Commençons par apprendre à nos enfants à tenir compte de ce qu’ils ignorent. Non pas à chercher à savoir pour maîtriser, mais à faire l’effort de se souvenir que nous ne voyons ni ne comprenons presque rien. Afin de SE maîtriser, dans nos élans de prédations.
L’humanité est trop puissante pour laisser ses élans prédateurs s’épanouir. Le choc à venir sera pour chacun d’entre nous l’occasion de trouver suffisamment de motivation pour retourner et rester à notre place écologique.
Reste la question des 1 %, ceux qui sont incapables de réfréner leurs instincts sans limite. De respecter les règles auxquelles nous allons devoir nous ré-adapter après nous être pris pour Icare.
Des règles simples et générales.
Le monde est fini.
Rien ne se perd.
Nuire, c’est se nuire.
Prendre, c’est devoir rendre.
Je ne suis pas séparé du monde.
Autrui n’est pas un meuble.
Tout est précieux.
Vivre l’effondrement, survivre au déni
Refaire société. De toute urgence. Ca n’est pas après l’effondrement que nous pourrons faire quoi que ce soit.
Chaque jour, certains d’entre nous vivent l’effondrement. C’est un effondrement cognitif.
C’est l’effondrement des barrières cognitives du déni.
Les scénarios catastrophe ne sont plus utiles aujourd’hui. Le groenland a fondu en deux mois, le GIEC l’avait prévu pour 2090.
Une conclusion s’impose : NOUS NE COMPRENONS NI NE MAITRISONS RIEN.
Les effondrements vont donc se multiplier, cognitivement parlant.
Ces personnes dont la grille de lecture du monde s’effondre, que font elles ?
Survivalisme, collapsologie, dépression, hédonisme… Rien de tout cela ne sera une solution.car une solution s’attache à un problème. Il n’y a pas de solution à l’effondrement. L’effondrement est la seule solution à l’incapacité des gens bien à gérer les prédateurs.
L’effondrement, une solution, le problème : la transition
Prenons l’effondrement par l’autre bout :
L’effondrement est la fin de ce que l’on connaît. La fin de la toute puissance imaginaire. La fin de la détermination du futur par le passé. La libération du carcan de pensée blanche, protestante, patriarcale, prédatrice.
En fait, c’est la fin des cons prétentieux et méchants…
Nous y compris.
Donc, on ne sait pas ce qu’il va se passer. Soit le collapse est total, et alors croire que l’on peut s’y préparer et d’un comique tordant, similaire au sauvetage de l’humanité par la technologie.
Si le collapse est plus léger, alors il ne sera pas question de préparation ( cela peut aider néanmoins ) mais de SOCIETE.
Il n’y a pas de risque plus grand pour l’homme, après l’apocalypse, que l’homme.
L’humanité peut craindre la nature, mais l’homme ne craindra que l’homme.
Non en terme de survie, de défense, bien que le problème puisse se poser.
Mais en terme de société. Durant la phase de grands changements qui arrivent ( cf starlink) nous continuerons à vivre. Bien ou mal. Dans la peur ou la joie. Dans la lutte ou l’entente.
C’est la seule chose, l’unique chose, que nous pouvons vraiment influencer.
Mieux vaut 10 voisins conscients et amis que tous les stocks du monde.
Quitte à crever, autant le faire dans la joie et la douceur.
Quitte à lutter pour le monde, autant le faire ensemble, vraiment ensemble.
Au final, il n’y aura rien d’autres que vos voisins.
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