Veille effondrement #32 – Tu ne marcheras jamais seul

Tiens, une piqûre de rappel pour se donner un peu de courage (on va en avoir besoin). Vous savez que je suis absolument incollable en matière de questions sans réelle importance. Je vous avais concocté ça le 30 juillet de l’année dernière.

Un article du journal Le Monde, ce soir, à propos d’un relais routier :

La nuit est déjà bien avancée, les rideaux sont tirés devant les pare-brise, quand ce chauffeur au mollet droit tatoué d’un « You Will Never Walk Alone » (Tu ne marcheras jamais seul), la devise des Reds de Liverpool, quitte son Volvo rouge sang pour se diriger vers le Lavomatic du parking.

C’est en effet une chanson que les gens autour de moi connaissent, en l’associant au football.

Pour ceux qui ignorent d’où ça vient, You’ll Never Walk Alone, « Tu ne marcheras jamais seul » ou « Tu ne seras jamais seul », est l’une des chansons de la comédie musicale Carousel de (Richard) Rodgers et (Oscar) Hammerstein. L’opérette est de 1945, le film est lui de 1956.

Si vous êtes pressé, allez à 3m35s, mais ne le ratez pas : c’est quand même de la très belle ouvrage.

Ne vous apitoyez pas trop sur le mourant : c’est un bandit et un voyou qui la bat. On n’était apparemment pas trop choqué par ça en 1945 (moi je l’ai été en revoyant le film récemment).

Les fans de Liverpool se sont probablement inspirés plutôt de la version de Gerry and the Pacemakers de 1965, un groupe local, plutôt que de l’original de 1945.

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19 réponses à “Veille effondrement #32 – Tu ne marcheras jamais seul

  1. Avatar de Khanard
    Khanard

    https://youtu.be/T5Obrj3IjBY
    Plus connu par Pavarotti , Raimondi, Carreras

    Il y a eu 37 interprètes de cette oeuvre !

  2. Avatar de arkao

    Inséré aussi par Pink-Floyd à la fin de « Fearless » (Meddle 1971)
    https://www.youtube.com/watch?v=L8GjXdizFs4
    Comme pour « Les corons » de Pierre Bachelet à Lens, sentiments ambivalents face aux foules défendant leurs « couleurs » en entonnant un chant en chœur. Le meilleur et le pire… Voici l’Homme.

  3. Avatar de Philippe Soubeyrand
    Philippe Soubeyrand

    Deux témoignages en provenance du Var à écouter :

    https://m.youtube.com/watch?v=gTP6SqTjRoQ

    C’est d’ores et déjà une catastrophe sans nom…

    1. Avatar de François Corre
      François Corre

      Les Maures et l’Estérel, ça fait un bail que c’est une « catastrophe sans nom », malheureusement…

  4. Avatar de Benjamin
    Benjamin

    Nina Simone, Ray Charles et Elvis Presley ont aussi repris ce titre.

    Côté sportif, les jaunes et noirs du Krefeld Penguine (club allemand de hockey sur glace) l’utilisent aussi comme musique d’entrée en début de match.

    A noter que dans le même style, le titre I Will Survive (Gloria Gaynor) utilisé par l’équipe de France de football en 1998 pour fêter la victoire en coupe du monde (et depuis associé au sentiments « positifs » dans le monde sportif français- cf. La dernière campagne de promotion du sport en club) traite également de la violence conjugale.

  5. Avatar de Tom
    Tom

    « Ne vous apitoyez pas trop sur le mourant : c’est un bandit et un voyou qui la bat. On n’était apparemment pas trop choqué par ça en 1945 (moi je l’ai été en revoyant le film récemment). »

    Et quand vous aviez revu « Une femme coquette » de Jean-Luc Godart, vous n’étiez pas un peu choqué ? Pour moi, ça pouvait ressembler à l’évocation d’un viol, bien habillé certes, mais quand même l’évocation plutôt positive d’un acte assez noir selon moi. Je ne donne pas particulièrement de mauvaises intentions au réalisateur, mais ça m’a interrogé sur le moment.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Il y a deux manières de voir le film : en sachant qu’il s’agit d’une nouvelle de Maupassant et en l’ignorant. Je me trouvais moi dans la première catégorie. Donc je me trouve à voir « une nouvelle de Maupassant » et je ne suis pas surpris. Si vous l’ignorez, vous voyez le film en fonction des critères de l’époque. Et il y a en fait trois époques :

      – 1886 – Quand Maupassant écrit Le signe. Situation déséquilibrée : les femmes n’ont pas le droit de faire des avances aux hommes – seules les prostituées le font.
      – 1955 – Quand Godard tourne son film, Une femme coquette. On entre dans la période où de manière équilibrée, les hommes et les femmes font des avances
      – 2021 – Quand nous parlons. Situation déséquilibrée (retour de balancier) : les hommes n’ont pas le droit de faire des avances aux femmes – seuls les machos le font.

      Suis-je choqué ? Non, je lis dans la nouvelle de Maupassant, une femme en avance sur son temps : qui séduit l’homme qui lui plaît, mais qui – parce qu’elle est en 1886 et non en 1955 se l’explique et l’explique à son amie comme un « Je ne sais pas ce qui m’a pris ! ».

      1. Avatar de Tom
        Tom

        Ah mais ce n’est pas la nouvelle de Maupassant. C’est une interprétation à une autre époque effectivement et nous ne pouvons être sûr de la façon dont Godart interprète cette nouvelle. Et quand on la rediffuse aujourd’hui, c’est encore une autre affaire effectivement.

        Quand à « une femme en avance sur son époque », c’est une façon particulière de voir les choses… On pourrait juste dire un décalage entre une femme et une certaine vision que son environnement a d’elle. D’autres environnements antérieurs ou contemporains (1886) ont déjà été en accord avec ce comportement, non ? Il n’est pas nécessaire d’attendre 1955 ou plus ?

        Quand à 2021, en France, pour ce que j’en expérimente et vois, les hommes ont toujours le droit de faire des avances aux femmes, machos ou pas, et le risque (sociétal) penche toujours du côté de la femme même si l’écart se réduit (il devient moins dur d’élever un enfant seule et le droit à l’avortement est toujours d’actualité par exemple, tandis que pour les hommes il devient un peu plus compliqué de transmettre ses gènes). Simplement les limites à ne pas dépasser ont bougé effectivement et cela demande plus de finesse et d’attention peut-être et si on ne l’a pas appris (pas eu la chance de l’apprendre), on se retrouve sans relation ou sur des relations très superficielles et volatiles. (hum… ça n’a peut-être pas changé finalement sur ce point, sauf que les parties peuvent se séparer plus facilement aujourd’hui et de façon plus égalitaire).

  6. Avatar de Didier Rombosch
    Didier Rombosch

    Dans les discothèques des années 80 les couples dansaient amoureusement enlacés sur ce sombre tube où Sting menaçait son ex d’un “Big Brother is watching you”.

    Il paraît que le sens ne lui est apparu que lorsque cette “chanson malade” soit devenue un gigantesque tube planétaire.
    Et de nombreux disc-jockeys n’y ont vu que du feu … y a-t-il un psy dans la salle ?

    1. Avatar de Paul Jorion

      Dans Wikipedia :

      Sting : « I woke up in the middle of the night with that line in my head (« every breath you take; every move you make »), sat down at the piano and had written it in half an hour. The tune itself is generic, an aggregate of hundreds of others, but the words are interesting. It sounds like a comforting love song. I didn’t realise at the time how sinister it is. I think I was thinking of Big Brother, surveillance and control. »

      « Je me suis réveillé au milieu de la nuit avec cette formule en tête (« chaque respiration que tu prends ; chaque mouvement que tu fais »), je me suis assis au piano et je l’ai écrite en une demi-heure. La mélodie elle-même est générique, un agrégat de centaines d’autres, mais les paroles sont intéressantes. On dirait une chanson d’amour réconfortante. Je n’avais pas réalisé à l’époque à quel point c’était sinistre. Je pense que je pensais à Big Brother, à la surveillance et au contrôle. »

      1. Avatar de Didier Rombosch
        Didier Rombosch

        “I guess action speaks louder than words”
        https://www.youtube.com/watch?v=ULuHJgCos7A

        j’espère qu’il y a encore un futur pour les chansons qui guérissent 😉
        https://www.youtube.com/watch?v=Xox9J0FNjZ8

    2. Avatar de arkao

      Sting était peut-être perturbé par sa prestation d’acteur dans le catastrophique « Dune » de David Lynch (ou l’inverse):

      1. Avatar de Paul Jorion

        Lynch était furieux parce qu’on a fait pression sur lui au montage. Mais il en faudrait plus pour en faire un mauvais film.

        1. Avatar de arkao

          Ah, il va donc falloir que le regarde à nouveau, avant la sortie de la nouvelle version de Denis Villeneuve:

          La bande annonce ne donne pas spécialement envie, comme d’habitude, si ce n’est la présence de la jeune actrice Zendaya:

          1. Avatar de Paul Jorion

            A-t-il su renouer avec les catastrophiques désastres ou les désastreuses catastrophes (je cherche mes mots) de Arrival et de Blade Runner 2049 ? En tout cas, on est prévenu !

            1. Avatar de arkao

              Ces deux films m’ont paru tellement ennuyeux et poussifs que ma mémoire n’avait pas enregistré le nom de leur réalisateur.

              1. Avatar de Paul Jorion

                Je n’ai gardé le souvenir d’aucune scène d’aucun des deux films. Depuis que je vais au cinéma, seul Denis Villeneuve a su réussir une telle prouesse :-D.

        2. Avatar de 2Casa
          2Casa

          Dans une interview, Jodorowsky, qui venait de travailler sur l’énorme atlas de Dune (un magnifique synopsis de sa future adaptation) et préparait son propre film raconte comment il a été lâché en route. Il se précipitera voir le film à sa sortie, Lynch quand même… pour constater le flop, selon lui et sortir rassuré.

          Il faut admettre que cela a mal vieilli même si, à l’époque (84), c’était mieux que rien. Mais peut-être le traitement Jungien de la question et la justesse de son approche par Lynch m’échappent-t-il ? D’où l’intérêt de monsieur Jorion.

          Le problème du Peplum ou du Space Op, selon moi, c’est que ça ne souffre pas la demie-mesure. La série, plus proche dans l’adaptation du scénario, est une catastrophe en collants – genre Robin des Bois – et le manque de moyens y est rédhibitoire. Il faut pour certaines oeuvres la démesure pharaonique d’un Peter Jackson, d’un Georges Lucas ou d’un Ridley Scott, si l’on veut parvenir à en rendre toute l’ampleur. Dune est de celles-là.

          On n’a pas fini de médire sur les tentatives d’adaptations !

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