Tout sera comme avant… ou presque
Profitant de la fête nationale du 4 juillet, et de la baisse de la frayeur pandémique, les touristes américains se sont à nouveau bousculés dans les aéroports pour reprendre le chemin de la Floride, même si les hôtels avaient annoncé qu’ils ne pourraient plus prodiguer comme autrefois les « attentions délicates de la direction » (perks).
C’est avec consternation que les voyageurs ont découvert ce qu’étaient exactement ces « avantages » dont ils bénéficiaient à leur insu : la chambre est faite à votre arrivée, mais ce sera la seule fois, le bar-buffet du déjeuner est vide, le mini-bar aussi.
Où est le personnel qui s’occupait de tout cela autrefois ? À la plage, distribuant aux vacanciers des tracts où s’étale en grosses lettres : « Touristes ! Exigez notre réembauche : les hôtels se moquent de vous ! ».
Si les touristes se sentent brimés par les hôteliers, ceux-ci se sentent brimés par les assureurs qui considèrent désormais le secteur du tourisme comme imbriqué dans une constellation exposée au risque croisé d’une pandémie, en compagnie du commerce de détail et de l’aviation civile.
Si chacun s’efforce de rebâtir le monde d’antan, rien n’est cependant plus comme avant. Dieu sait si l’on s’est plaint du télé-travail que le confinement imposait, mais quand le retour des employés est exigé par la firme, on constate qu’une proportion significative d’entre eux démissionne. Les banques américaines sont partagées : JPMorgan et Goldman Sachs ont convoqué tout le monde à son poste avec un argument imparable : « Vous êtes payé comme si vous travailliez à New York, alors travaillez à New York ! » Citigroup a fait un autre pari, fondé sur la constatation que les employés les plus productifs sont ceux qui exigent deux jours au moins de travail chez soi.
Certaines choses ont cependant cessé d’être comme avant. Nous avons pris conscience que réunir les pièces pour monter une automobile était plus vite dit que fait : la politique du lean et du flux-tendu avait oublié qu’aucun des endroits où ces pièces sont confectionnées ne doit être en ce moment confiné. Il faut réapprendre à stocker, ce qui prend de la place et mobilise une lourde maintenance.
On nous dit : « Il faut que, sur le territoire national, soit garanti en tout temps l’approvisionnement de l’indispensable ». C’est là un vœu pieux : la mondialisation a atteint un tel degré qu’un retour en arrière massif est irréalisable. Le ferait-on même, que les prix seraient démultipliés et affecteraient sérieusement le pouvoir d’achat de la population.
Nous avons pris douloureusement conscience que la main invisible d’Adam Smith n’exerce sa bienveillante action que quand tout va bien.
18 mois de plus dans l’histoire de l’humanité, c’est aussi 18 mois de plus de réchauffement climatique. 49,6° un jour dans un village canadien, c’est une curiosité. Si ce n’est que, le lendemain, un incendie le raie entièrement de la carte, et dans les jours qui suivent, la convexion de l’air chaud a créé d’immenses nuages orageux dont la foudre incendie en un rien de temps la région tout autour. On compte qu’en Europe, si 56% du risque de tempêtes est couvert, le chiffre tombe à 28% pour les inondations et glissements de terrain, et à 7% seulement pour la sécheresse et le risque de feux qu’elle entraîne.
Nous sommes habitués à voir mentionnés parmi les exclusions de garantie d’une police d’assurance, la guerre, les actes de terrorisme et le risque nucléaire. Les assureurs exigeront bientôt que le réchauffement climatique s’ajoute à la liste. La différence, c’est qu’une centrale nucléaire n’explose qu’une seule fois et même la guerre finit par s’arrêter, alors que le réchauffement climatique, à chaque jour qui passe, il empire.
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