« quand plus de 80 % des jeunes adultes de 15 à 34 ans ne se déplacent plus pour voter, c’est surtout la bérézina pour notre démocratie »
Aussi calamiteuse qu’ait été la participation dimanche dernier, je n’y vois aucune Bérézina pour la démocratie en France. A la vérité, la participation électorale se porte fort bien dans notre pays. J’en veux pour preuve la participation à la dernière élection, c’est-à-dire 78% au premier tour et 75% au second tour. Quelle élection, demandez-vous ? Mais la présidentielle évidemment !
Vous me direz certes que la participation aux dernières législatives, c’était 49% puis 43%, ce qui est moins bien, voire mauvais. Vous me direz que ce premier tour des régionales, avec 34% de participation, est encore plus mauvais.
Mais d’un autre côté, les dernières élections municipales hors épidémie en 2014 avaient vu une participation de 64% puis 62%, ce qui est relativement honnête même si pas idéal.
En résumé, les Français – à différencier d’une part des gens qui causent dans les médias, d’autre part des gens comme vous et moi qui commentent sur un sujet politique, les uns comme les autres n’étant pas représentatifs – veulent choisir qui est le président et qui est le maire. Ce sont les élections importantes à leurs yeux, et quand une élection est importante ils se déplacent.
Suivant le principe de Talleyrand « Quand je m’examine, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure », l’élection présidentielle 2020 aux Etats-Unis, opposant deux candidats si différents, a suscité une participation record… mais quand même pas plus de 66%. Et la plupart du temps, c’est tout juste 55% des Américains qui se déplacent pour choisir leur président.
Les Français ont-ils raison ou tort de se désintéresser relativement des autres élections que présidentielle et municipale ? Sur le principe, tort évidemment. Car il faut voter. C’est un devoir citoyen, et il faut être un gentil garçon ou une gentille fille… euh pardon, une bonne citoyenne ou un bon citoyen. Sinon les commentateurs média vont prendre des mines catastrophées, pendant que Madame Le Pen prendra l’air sévère pour appeler ses électeurs aux urnes. Et ce serait trop horrible, n’est-ce pas ?
Sur le fond ? On peut noter que :
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- Les législatives étant quelques semaines après la présidentielle voient logiquement l’élection d’une majorité soutenant le président juste élu, ce qui diminue grandement le suspense, donc l’intérêt. Sans compter que les pouvoirs du parlement ont été réduits depuis qu’une partie importante des lois sont décidées à Bruxelles, le parlement français étant obligé par traité de les transcrire dans le droit français
- Les européennes ne servent pas à grand-chose étant donné que les pouvoirs du parlement européen sont réduits, l’essentiel du pouvoir se trouve d’une part dans la Commission – hors de contrôle démocratique donc – d’autre part au Conseil – où les Français sont représentés par leur chef d’Etat, ce qui nous ramène à la présidentielle. En ce sens, la véritable élection européenne… c’est la présidentielle
- Les régionales et départementales portent sur des niveaux d’organisation d’une part dont les responsabilités relatives ne sont pas forcément très clairement délimitées, d’autre part dont l’influence sur la marche des événements est pour le moins réduite. Rappelons que la France même a souvent du mal à peser sur les processus au niveau de l’UE, sans parler des autres lieux de pouvoir, notamment les pouvoirs privés… mais alors, la Normandie, le Poitou-Charentes ou le territoire de Belfort, ça pèse quoi au juste ? Ça peut être quoi au juste, sinon un fétu emporté par le vent ?
Je vois dans le niveau de participation dimanche dernier une certaine capacité des Français à aller à l’essentiel :
- Quelle élection peut vraiment décider de la politique d’ensemble ? La présidentielle, et aucune autre (sauf à ce que la législative invalide la précédente, ce qui est certes un scénario à surveiller notamment si Marine Le Pen est élue l’année prochaine avec 51%)
- Quelle élection permet de choisir l’élu le plus proche de mon quotidien ? La municipale, et aucune autre
Le reste, ça n’a ni véritable pouvoir, ni proximité.
Qui a choisi de ne s’intéresser à la politique que quand ça compte vraiment en restera à ces deux-là, et c’est tout.
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