Ce soir je ne parlerai pas de la visite du président-monarque à la future Cité internationale de la langue française.
Je ne parlerai pas de la panique engendrée, à tous les niveaux de la hiérarchie, par l’annonce de sa visite (connue officiellement il y a trois jours).
Je ne parlerai pas du grouillement effréné d’aujourd’hui pour ranger, nettoyer, sécuriser, maquiller, embellir, glisser la poussière sous le tapis, faire bonne figure.
Tous à quatre pattes, tous carpettes pour la venue du prince.
Je ne parlerai pas de nos syndicats qui ont renoncé à organiser une action pour l’occasion.
Je ne parlerai pas de l’arrivée des quinze fourgons de CRS pour sécuriser les abords.
Je ne parlerai pas des vigiles et de leurs saloperies de clébards qui gueulent et font mine de sauter à la gorge dès qu’un pouilleux de prolo mal blanchi ne respecte pas le parcours fléché piéton du chantier.
Je ne parlerai pas de ce jeune tailleur de pierre qui me dit qu’il est content de faire des heures supplémentaires ce soir parce que ça fait un peu plus de beurre dans les épinards et qu’en plus lui il n’aura pas de retraite c’est sûr déjà que sa mère qui a bossé toute sa vie n’a que 650 euros par mois mais que c’est comme ça c’est la vie.
Ce soir je pense à nos ancêtres qui présentaient leur poitrines aux balles.
Ce soir je ne suis plus capable que d’une chose, c’est de pleurer.
Sur notre lâcheté, sur ma lâcheté.
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