S’agissant de la « zemmourisation », je la décrirais personnellement comme :
- D’une part la focalisation sur un problème d’insécurité croissante certes réel mais petit à côté des principaux problèmes se posant à la France – et à l’Humanité en général
- D’autre part un discours d’un pessimisme radical sur la capacité du pays à forger et maintenir son unité – historiquement pourtant maintes fois vérifiée, et face à des perturbations autrement plus grandes que ce que peut être la prégnance réelle de l’idéologie islamiste en France
Je verrais en ce qui me concerne trois angles possibles de contribution :
- Lister quelques-uns des problèmes objectivement incomparablement plus menaçants et dont on parle pourtant si peu : épuisement prévisible des ressources en énergie fossile, réchauffement climatique et toutes ses conséquences, baisse continue du niveau éducatif, désindustrialisation, contrôle d’intérêts privés sur les principaux moyens d’information, taux de profit exagéré et optimisation fiscale des grandes entreprises, etc. Et les comparer avec le problème d’insécurité : quelle est l’échelle des dégâts de chacun d’eux ?
- Tenter de développer l’idée que la focalisation d’une grande partie du public sur la question de l’insécurité pourrait résulter en partie du fait que la sécurité physique est la « base » des fonctions de l’État – celle qui l’a historiquement fait apparaître – donc que toute défaillance, réelle ou apparente, sur cette fonction peut sembler remettre en cause la capacité de cet État à résoudre quelque problème que ce soit. Bref que résoudre ce qui a une base réelle dans le sentiment d’insécurité, tout en démontant visiblement et de manière convaincante ce qui n’en a pas, pourrait être un passage obligé pour crédibiliser la capacité de l’État à s’attaquer et à résoudre des problèmes plus difficiles que cette « fonction de base »
- Replacer les difficultés de l’unité nationale française à leur véritable dimension par des comparaisons historiques simples. Par exemple, les envahisseurs sectateurs de Odinn qui ont donné leur nom à ma Normandie natale étaient bien autre chose que les djihadistes d’aujourd’hui – des guerriers fanatiques, croyant eux aussi en un dieu qui accorderait le paradis à qui tomberait les armes à la main, mais eux gagnaient les batailles – et ils ont pourtant été absorbés par le pays. Ou encore le soutien apporté par plus de 20% des Français après 1945 à un parti à visée totalitaire aux ordres d’un dictateur étranger et qui s’est progressivement adouci en un parti de gens qui voulaient simplement « plus de social », non des goulags, et n’obéissaient plus à un tyran lointain – en somme l’histoire du PCF entre 1945 et les années 1970. Bref : la France en a vu – et intégré ou réintégré – bien d’autres. En revanche bien sûr, réchauffement climatique accéléré, impact majeur sur la nature y compris les cultures, montée des océans, épuisement de ressources non renouvelables indispensables à l’activité économique, voilà du nouveau et de l’autrement plus sérieux !
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