Ah la la ! la Zemmourisation des esprits en France, à laquelle fait référence Paul Jorion, de quoi est-elle le nom ?
À mon avis elle se cristallise en réaction du glissement opéré par les politiques, d’une gestion orientée initialement vers les gens et les intérêts nationaux qui s’y rapportent (intérêts stratégiques), à une gestion par les masses économiques dont l’enjeu n’est plus la population, son développement et son bien-être, mais la constante veille à la lubrification d’un business économique mondial dont les retombées sont censées (sans y regarder de trop près) pleuvoir par l’opération du Saint-Esprit d’Adam Smith, sur le citoyen de base ; malheureusement dans une acception de la citoyenneté rabaissée par l’amputation de toute possibilité d’influer sur les orientations économiques. Ce qui se voit dans les médias mainstream, l’économique a disparu des débats, de même que son corollaire par voie de conséquence, « le social », au profit uniquement du sociétal dans une concurrence des causes libertariennes qui veut remplacer les luttes sociales par la conquête de « libertés » anecdotiques ou clientélistes (une liberté qui s’apparente à une consommation).
Du reste, même les Insoumis s’inscrivent trop souvent dans ce courant libertarien lorsqu’ils s’inventent une vocation illusoire à combattre l’extrême-droite plutôt qu’à s’efforcer de conquérir le pouvoir. La marche des libertés, c’était pour moi du dernier ridicule, liberté de quoi, pour qui ? A-t-on défendu les SDF pour leur obtenir d’être prioritaires dans les attentions de l’État ? A-t-on obtenu quoi que ce soit sur l’emploi ? Les salaires ? Voilà une cause qui n’engage aucun bras de fer, ce qui est bien commode et qui permet de promener le bobo dans une ambiance bon enfant qui n’engage à rien, surtout pas à sortir le moindre argent de sa poche, ni à engager le moindre effort pour s’opposer. La gauche libertarienne a promené sa bonne conscience pour lui faire prendre l’air en s’inventant des combats chimériques pleins de grandiloquence.
Pourtant il y aurait de quoi faire en-dehors de se projeter en miroir de Mme Lepen pour faire gagner Macron !
En effet, on en est au point, en Europe, où même un pays confronté à des difficultés majeures de nature exclusivement nationales, ne peut décider d’utiliser, ne serait-ce qu’un temps, ses ressources, à l’exclusive allocation de ses nécessités du moment (par la volonté globalisée d’une classe de dirigeants dont l’obédience ne fait plus mystère).
Impossible pour lui de fermer ses frontières en cas de pandémie (on a vu qu’il fallait approcher le collapse total du pays pour s’y résigner sans conviction, avec des trous dans la raquette, de multiples négligences, des oublis volontairement coupables, une réactivité en fonction de la une des médias, et même là, une déficience en équipement crasse, [pas même des indicateurs de températures corporelles]).
Impossibilité (ou plutôt refus) d’introduire dans les appels d’offres publiques ne serait-ce que la primauté au local et au national, alors que « primauté » ne signifie pas exclusive. Et que personne ne parle d’empêcher le secteur privé, avec de l’argent privé, d’acheter à l’import… Il serait normal que l’argent des sacrifices des Français qui payent l’impôt aille en retour aux efforts économiques nationaux… le secteur privé restant libre de ses importations…
Ainsi même la Grèce en période de banqueroute fut obligée de continuer à acheter « étranger » avec ses impôts, plutôt que d’essayer de les utiliser pour donner des débouchés à ses entreprises aux abois, ou plus grave à ses hôpitaux.
La moindre subvention à ses entreprises nationales, même stratégiques, ou d’intérêts vitaux, est interdite ou doit se présenter sous forme de dettes contractées accompagnées de multiples compensations aux intérêts financiers sans frontière, qui vont ainsi en profitant des efforts consentis, parasiter et amoindrir d’autant les remédiations en cours….
Chaque centime d’argent public dépensé doit l’être en passant par la grande lessiveuse du capitalisme international qui en fait ses choux gras, pour ensuite reprocher aux états toute allocation des ressources qui iraient directement aux gens (sans passer par eux)… Telle est la psalmodie de la secte libérale de droite et de gauche dont la promesse n’est pas le paradis, mais le ruissellement censé amener des lendemains qui chantent dans un enrichissement de tous (et un appauvrissement de tous les communs sous prétexte de bonne gestion).
Et de quoi sommes-nous plus riches? De la dette héritée des frasques bancaires ; du RMI transformé en RSA (histoire, face à l’incurie de l’emploi, de transformer un droit en devoir de subordination ubuesque puisque la quantité d’emplois se rétrécit comme peau de chagrin) ; de moins d’hôpitaux et de personnels dédiés ; d’une paupérisation des métiers (en particulier sanitaires, mais aussi de profession agricole, artisanale, libérale, atomisées en autoentrepreneurs et autre free-lance…) ; d’un naufrage de l’école, de la baisse des effectifs partout, qui fait qu’on ne tient plus le régalien ; de la rupture d’égalité républicaine entre les territoires (on accepte sans y opposer d’aménagement du territoire, les cimetières ruraux et urbains, avec une inégalité d’accès aux services de première nécessité) ; même la citoyenneté n’est plus garante de la plus simple égalité, puisqu’en période de chômage de masse, les jeunes n’ont toujours pas droit à leur sécurité économique (pas de RSA), repoussant ainsi la majorité citoyenne à 26 ans et occasionnant à mon sens la plus grande des discriminations (ce qui d’ailleurs m’a toujours paru illégal, sans qu’aucun syndicat ou parti politique ne s’en soit jamais préoccupé)
Zemmour a de beaux jours devant lui puisqu’à droite, comme à gauche, le libéralisme ne se discute pas, et c’est un angle mort des Insoumis qui espèrent toujours une alliance avec le PS dont est anciennement issu Mélenchon.
Finalement opposer un Ruffin de gauche, à l’électorat zemmourien de droite ce serait peut-être un bon moyen d’atomiser les candidatures de la gauche frelatée de Mme Hidalgo, et des monomaniaques atterrés dont l’unique pensée est le sécuritarisme. On pourrait alors gagner face à Macron… En fait, Paul Jorion doit avoir raison, même si j’ai toujours un petit faible pour Noël Mamère…
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