Une gauche divisée ne peut gagner ; Ruffin peut parler à une gauche large. Peut même être écouté au »centre » indécis, et plaire à la jeunesse par sa manière de parler, sa franchise, son humour. Il a un profil intéressant (et pas que pour son beau nez). Sa vision du monde, son positionnement politique est à la fois clair sur les principes et reste ouvert et à l’écoute, dynamique. Venant de la « société civile », sur un malentendu, une aubaine, il peut même ratisser très large.
Reste que parfois il peut se faire (encore) piéger dans l’emballement d’une conversation, il parle avec le cœur, les tripes, mais son débit de paroles, sa pointe d’agacement peut montrer de temps en temps une posture éloignée du présidentiable calme et rassurant (quoique Sarkozy…). Même s’il commence à en prendre conscience, il s’améliore. Il lui manque encore à mon goût le phrasé d’un Cédric Hérrou, qui par sa capacité d’allier la sérénité, une voix posée, des mots et des arguments limpides tout en conservant une colère intérieure (je ne sais pas comment il arrive à faire ça !), une forme de détachement dans l’action, a d’emblée une stature, un charisme envoûtant.
Autre peur, celle du bleu qui se brise sur les systèmes d’appareils et autres manœuvres politiques de grande envergure pouvant être impitoyables lors d’une campagne présidentielle. Mais bon, même les Fillon du sérail s’y prennent les pieds.
Je bloque, indécis quant à me prononcer sur le bien-fondé stratégique d’une telle candidature. Suivant les interventions de Ruffin depuis plusieurs années, ma sympathie pour le bonhomme m’empêche un peu de prendre de la hauteur pour l’analyse.
Je le vois y aller si un système collégial est d’emblée discuté, il ne prendra pas le poste sans autres têtes à ces côtés.
Le garçon a le collectif vissé au corps, il aura besoin de l’afficher, de le crier. De le matérialiser.
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