Les chiffres de décès du Covid publiés par le gouvernement russe en 2020 étaient difficiles à croire pour les personnes ayant accès aux médias sociaux russes : trop de témoignages de gens mourant de « pneumonie extrahospitalière », trop d’informations sur des hôpitaux de province débordés renvoyant des gens chez eux pour y mourir.
Ces doutes ont trouvé leur confirmation à fin 2020 lorsque le chiffre des morts en excès sur la période mars-octobre 2020 a été connu – 165 000 de plus par rapport à la période équivalente l’année précédente, à comparer avec 27 990 morts du covid-19 suivant le compte officiel. Soit plus de 5 fois plus.
Dans les pays ouest-européens, le surcroit de mortalité 2020 est proche du compte des morts du covid-19. Par exemple en France, il y a eu 53 900 morts de plus en 2020 qu’en 2019, alors que le chiffre officiel des morts était de 64 780. Que les chiffres soient proches est logique si le compte est plus ou moins honnête, que la mortalité excessive soit un peu inférieure est logique aussi vu la baisse du nombre des accidents en temps de confinement – un certain nombre de vies sont « économisées » de la sorte.
Difficile d’interpréter l’abime russe entre compte officiel et surmortalité mesurée autrement comme un mensonge systématique des autorités. Mais cette situation avait de quoi « laisser sur sa faim » : où donc trouver un indicateur fiable ?
Le journal indépendant Novaya Gazeta (celui où travaillait Anna Politovskaïa, assassinée en 2006 le jour de l’anniversaire de Vladimir Poutine) publie désormais un indicateur mensuel du nombre des morts.
En blanc les chiffres « officiels », en violet l’excès de mortalité chaque mois. Le tableau n’est certes mis à jour qu’en décalé, parce que l’excès de mortalité n’est pas publié immédiatement. La granularité n’est pas très fine, seulement le mois. Mais du moins, il représente un tant soit peu la réalité !
A fin janvier 2021, on comptait 351 203 morts en excès, à comparer avec 73 182 à la même date selon le compte officiel et 95 030 au 21 mars toujours selon le chiffre du gouvernement russe (Novaya Gazeta affiche ce dernier chiffre).
La Russie est bien le pays européen le plus touché par la pandémie, environ 2 400 morts par million d’habitants à fin janvier. Largement pire y compris que la Belgique, environ 1800 par million à la même date.
On pourrait être tenté de conclure que c’est derrière les Etats-Unis le deuxième pays le plus frappé au monde. Ce n’est cependant pas certain, parce que des pays comme Mexique ou Brésil semblent eux aussi avoir un excès de mortalité nettement supérieur à leur nombre officiel de décès du Covid-19.
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