À propos de Biden hails democracy and rebukes Trump after electoral college victory | US news | The Guardian
Quand un président-élu de la deuxième plus grande démocratie du monde prononce des discours de victoire aux accents lyriques… pour se féliciter… de l’intégrité du processus des élections démocratiques…
Même si on peut partager ce réconfort et se réjouir de l’éjection du pouvoir de Trump, ne ressent-on pas aussi dans ce discours de victoire invraisemblable des traces de « l’esprit de Munich »… les problèmes de la République française et de la République de Weimar juste avant la seconde guerre mondiale… cette mollesse et cette impuissance des démocraties à résoudre leurs problèmes ? Etre vite content, être content seulement de la « normalité », ou pire, être content d’avoir « heureusement entre deux maux le moindre », n’est-ce pas déjà le signe d’une faiblesse mortelle pour la démocratie ?
Si on lit la presse du début des années 1920, « Monsieur Hitler » y apparaît déjà, Stefan Zweig en témoigne (le Putsch de la Brasserie de Munich, avec Hitler, c’est en 1923). Dix ans plus tard, Hitler est chancelier d’Allemagne et en 3 mois suspend la Constitution de Weimar, non sans avoir fait assassiner ou emprisonner des dizaines/centaines d’opposants politiques.
Donc les futurs personnages nuisibles des 10 prochaines années sont déjà vivants aujourd’hui, et peuvent déjà pointer leur nom dans la presse.
Aux Etats-Unis, il ne manque en fait qu’un type ou une femme plus efficace que Donald Trump, plus machiavélique, plus stratège. La stratégie d’Hitler a été de nouer de nombreux accords officiels ou officieux avec des tas de parties différentes, toutes plus hétéroclites les unes que les autres, internes ou étrangères, et à tenter des coups de forces de manière imperceptible, très progressive, avec de plus en plus d’audace. Tant qu’on le laissait faire, il allait un cran plus loin, rassuré qu’on l’avait laissé faire. Et le moment venu, il trahissait sans aucune gêne les accords qu’il avait conclus, plantant des poignards dans le dos, au propre et au figuré. In fine, imperceptiblement, graduellement, il a habitué tout son environnement à l’inacceptable : une langue, des valeurs, des principes, une philosophie, des actes de violence et d’extermination. On était heureux un jour d’avoir un accord où « Monsieur Hitler » acceptait de ne pas attaquer la Hongrie ou la Pologne si on lui donnait la Tchécoslovaquie ou l’Autriche. On trouvait ce « deal » avantageux.
Et malgré cette décennie de férocité masquée et de félonie, vous avez Monsieur Chamberlain, Premier ministre du Royaume-Uni, qui agite avec un grand sourire les accords de Munich conclus avec Hitler et Mussolini, en criant à la victoire de la paix en 1938. On connaît la suite.
Biden est peut-être le dernier président démocratique des Etats-Unis. Ceux qui pourraient renverser la démocratie américaine sont déjà là et certains de leurs noms peuvent déjà être connus. C’est en tout cas un scénario prospectif possible. Ceux qui pourraient la relever, avec un Green New Deal, sont déjà vivants et peut-être déjà actifs en politique : la jeune congresswoman Alexandria Ocasio-Cortez par exemple. Si nous sommes en 1929, 1933 peut ressembler à l’Allemagne, ou aux Etats-Unis. Défaire les forces qui veulent une bifurcation « à l’Allemande » devrait en tout cas être le premier souci de Joe Biden. Vu son âge, faire monter dans le Parti démocrate et dans le débat public les forces qui écriront un 1933 « à l’Américaine » devrait être son second souci. Le reste paraît dès lors assez mineur.
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