Le succès du deuxième confinement est pour moi une – excellente ! – surprise.
Je craignais que la modestie relative des mesures – beaucoup plus de gens en travail présentiel que pendant le premier confinement, lycées et collèges restant ouverts, transports en commun guère moins fréquentés qu’en temps ordinaire du moins aux heures de transfert domicile-travail – ne suffise pas à « casser » le facteur de reproduction du virus et à le faire passer nettement en-dessous de 1. Ce qui aurait eu pour résultat la poursuite de l’expansion du virus pendant au moins quinze jours de plus, d’où probable débordement des services de réanimation et multiplication du nombre des morts.
Ce raisonnement était donc incomplet. Tant mieux !
Avec le bénéfice du recul, peut-être faut-il conclure :
- Que la part des bars et restaurants dans les contaminations est prépondérante par rapport à celle des écoles et des transports en commun, ce qui expliquerait que se priver des premiers suffise à faire passer le facteur R en-dessous de 1 ?
- Que le facteur R étant déjà nettement réduit (R=1,5 en octobre) par rapport à la situation avant le premier confinement (R=3 environ), il puisse suffire de mettre en place des restrictions nettement plus légères pour obtenir la baisse de R de 1,5 à 0,6 environ ?
Pour continuer ce calcul « de coin de table approximatif », faire baisser R de 3 à 0,6 cela implique de faire baisser de 80% les occasions de contamination, tandis que pour le faire baisser de 1,5 à 0,6 il suffit de les faire baisser de 60%… ce qui peut expliquer que des mesures de restriction plus légères y suffisent.
Et pourquoi donc R valait-il 1,5 en octobre plutôt que 3 en mars ? Eh bien… les mesures barrières bien sûr ! Les masques, le gel, la distanciation, ça marche vraiment. Le problème étant bien sûr que ça ne marche pas suffisamment : ça ralentit le virus avec un doublement en douze jours plutôt qu’en quatre, mais il s’agit toujours d’une exponentielle, qu’un confinement permet donc de casser. Un confinement plus léger, supportable pour une grande partie de la population… mais pas tout le monde, voir restaurateurs et commerces de proximité, salles de sport et de spectacles etc.
Dans le cas optimiste où les nombreux vaccins en préparation 1) N’auraient pas (trop) d’effets secondaires indésirables détectés en cours de campagne de vaccination, et 2) Offriraient une protection suffisamment durable, il semble possible d’espérer que la majorité de la population française soit immunisée contre Covid-19 à l’été ou l’automne prochain.
Même dans cette version optimiste cependant, il y a certainement assez de temps qui reste au virus pour une troisième vague – et 30 000 morts et x centaines de milliers de chômeurs de plus ! – voire peut-être pour une quatrième.
La question maintenant c’est la politique de test, traçage et isolation qui sera mise en place en sortie de confinement… ou pas. Les pays qui l’ont fait s’en sont félicités : la contamination contenue, ils attendent tranquillement le vaccin, avec un faible coût humain quotidien et des mesures barrière sans doute ennuyeuses mais largement tolérables. Les pays qui ne l’ont pas fait à la sortie du premier confinement – tiens comme un certain pays voisin à la fois de l’Allemagne et de l’Espagne ! – eh bien ils ont eu une deuxième vague.
Après s’être planté :
- En février avec l’échec à mettre en place test traçage et isolation pour éviter toute vague, comme Corée du Sud et Japon ont su le faire
- En mars avec la mise en place tardive du confinement pour avoir plutôt 10 000 morts que 30 000, comme l’Allemagne a su le faire
- En juin / juillet avec l’échec à mettre en place test traçage et isolation pour éviter une deuxième vague
- En octobre avec la mise en place tardive du deuxième confinement empêchant de limiter son coût humain et économique
… le gouvernement va t il se planter une cinquième fois en janvier ?
« Hope dies last » comme on dit en anglais : l’espoir est le dernier à mourir.
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