Depuis plusieurs années déjà, on observe dans des pays dits démocratiques et plus ou moins libéraux, des tentatives diversement fructueuses de détricoter les lois qui encadrent les libertés publiques.
Ainsi en est-il du « Patriot Act » aux Etats Unis.
En France, après bien d’autres lois, nous avons eu récemment la proposition de loi contre la haine en ligne – dite Avia – bien heureusement et tardivement retoquée par le conseil constitutionnel.
En ce moment, l’actuelle loi « Sécurité Globale » encore en discussion vise un délicat équilibre entre la protection des citoyens et celle des forces de l’ordre au demeurant tout-à fait nécessaire dans son principe. On appréciera au passage que l’adjectif « global » ne laisse rien présager de formidablement libéral : n’est ce pas un élément de langage que la novlangue a préféré substituer à « total » qui aurait été beaucoup trop voyant ?
Ces tentatives ont en commun de prétendre lutter contre une menace (terrorisme, désordre social, pandémie) et sont présentées au public comme « protectrices ». L’état Nounou dit au citoyen : « Je vais vous protéger car c’est mon rôle » (Suivez mon regard…) .
Ce faisant, il le déresponsabilise également, accréditant l’absurde idée que toute solution ne peut venir que de l’État face à un citoyen infantilisé et transformé en consommateur passif de solutions gouvernementales. La comparaison entre la France et l’Allemagne sur la façon dont a été gérée la question des masques est à cet égard éloquente !
Cette posture de l’État devient assez vite incohérente, oscillant entre mesures coercitives et appel au sens de la responsabilité individuelle lorsqu’il sent que la cocotte minute siffle un peu fort. Appel bien tardif et faute de mieux.
Brandir les menaces, voire les exagérer, a toujours fait partie de l’outillage des pouvoirs autoritaires : la peur fait partie des techniques de conditionnement.
Certes le complotisme peut-être le fait d’obscurs groupuscules malintentionnés. Lorsqu’il vise un public trop large, le mot « complotiste » est inapproprié. Un complot peut-être dissous, pas le peuple.
Quand le complotisme est brandi par la bien-pensance d’État comme un anathème contre des forces d’opposition, c’est une astuce médiatique visant à enterrer la discussion démocratique pour la transformer en opposition manichéenne où l’État est du côté du « bien ».
Méfions-nous de ne pas être, tels l’astronaute de science fiction, en train de franchir à notre insu l’horizon du trou noir autoritaire.
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