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Bonnes feuilles (pages 205 à 208 ) :
Conclusion
Les élections du 3 novembre 2020 verront la victoire soit du sortant, Donald Trump, représentant du Parti républicain, soit de Joe Biden, le candidat du Parti démocrate.
Les pages qui précèdent ne devraient laisser aucun doute : les choses se présentent au mieux pour une réélection de Donald Trump, qui joue sur la peur et a utilisé les quatre années de son premier mandat pour l’instiller sciemment. Trump dispose par ailleurs des pouvoirs présidentiels qu’il a su distordre dans le sens d’une dérive régalienne, ne rencontrant qu’un semblant d’opposition. Robert Reich, ministre du Travail au temps de Bill Clinton, dit à très juste titre : « La chose est plus évidente chaque jour qui passe : le choix en novembre n’est pas Démocrate ou Républicain mais démocratie ou fascisme ». Ma propre analyse était déjà formulée en des termes identiques le 9 novembre 2016, jour où la victoire de Trump fut officiellement déclarée, puisque je titrais mon billet : « Un proto-fasciste va diriger la plus grande puissance mondiale » (Tome 1 p. 45).
Qu’est-ce qui a rendu cette ascension possible et n’a pas permis de l’endiguer ? Un fait essentiellement : que les critiques adressées aux Démocrates ont pu être faites au grand jour au cours de cinq années (les quatre de la présidence, auxquelles il faut ajouter l’année 2016, celle de la campagne présidentielle qui vit la victoire de Trump), tandis que celles adressées au Président et à son parti ont immédiatement impliqué le renseignement et le contrespionnage pour ce qui touchait à son entourage, et son éventuelle haute trahison pour ce qui touchait à sa personne elle-même. Deux dimensions, espionnage et haute trahison, dont il était hors de question de les évoquer ouvertement puisqu’elles relevaient de la sécurité nationale et étaient couvertes par le secret défense.
L’événement clé de la présidence fut la diffusion du rapport Steele et ses conséquences. J’en rappelle brièvement les étapes. Paul Singer, un Républicain cherchant à déstabiliser Trump à l’époque des primaires du parti s’adresse à l’agence Fusion GPS lui confiant le soin de rassembler des informations négatives sur Trump (Senate p. 856), laquelle s’adresse à son tour à l’ex-espion britannique Christopher Steele dirigeant lui l’agence Orbis. Et là, comme le dit de manière imagée Glenn Simpson, l’un des deux directeurs de Fusion : « On jette la ligne à l’eau et c’est [le cachalot] Moby Dick qui revient ! » (House p. 164), Trump est soit un agent russe, soit la victime d’un chantage de la part des Russes, ses frasques sexuelles ayant été enregistrées lors d’un ou de plusieurs voyages à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
Que faire d’une telle information ? Steele ne sait tout d’abord pas à qui s’adresser : aucun pays ne dispose d’un guichet nommé « Dénonciation comme espion d’un candidat à la présidence ». Le FBI « accepte » plutôt qu’il ne « s’empare » du dossier, et là aussi : flottements pendant plusieurs semaines quant à qui pourrait bien s’en occuper. Andrew McCabe, un moment Directeur du FBI faisant fonction, déclara à la commission du Sénat sur le Renseignement : « Ça déchaîna en quelque sorte l’ensemble d’un processus où on essaya d’imaginer comment nous pourrions confirmer ou infirmer cela, et ce qu’il faudrait en faire en fin de compte » (Senate p. 897).
La campagne suivait son cours pendant ce temps mais déséquilibrée pour ce qu’il était permis de diffuser comme informations négatives sur les candidats : rien ne s’opposait à ce que l’on parle des mails perdus d’Hillary Clinton, de ceux retrouvés sur l’ordinateur portable de l’ancien mari d’une de ses collaboratrices poursuivi pour avoir envoyé des sextos à une jeune fille de 15 ans, mais il était interdit d’évoquer les golden showers auxquelles Trump participait lors de ses séjours en Russie.
Le sénateur démocrate Harry Reid était furieux, il s’en prit à James Comey, patron du FBI : « Le sous-entendu le plus mince relatif au ministre Clinton vous a suffi pour que vous vous précipitiez pour le rendre public sous le jour le plus négatif possible », alors qu’« il est devenu apparent dans mes échanges avec vous et d’autres officiels de haut rang du secteur de la sécurité nationale que vous avez en votre possession des informations explosives portant sur les liens étroits et la coordination entre Donald Trump, ses principaux conseillers, et le gouvernement russe » (propos repris dans Isikoff & Corn dans Russian Roulette, p. 434).
Mais la réponse de Comey était sans équivoque : l’enquête sur le serveur de mails résultait d’une démarche auprès du Congrès. Dans les termes d’Isikoff & Corn : « Comey était piégé. Dans le cas de Clinton, l’enquête du FBI avait été rendue publique du fait de deux requêtes distinctes auprès du ministère de la Justice, l’une en provenance des inspecteurs généraux du secteur du renseignement, l’autre, du ministère des Affaires étrangères, relatives au traitement d’informations confidentielles – et que cette démarche avait été élevée au niveau du Congrès. Mais l’enquête portant sur l’équipe de campagne de Trump relevait d’une catégorie différente : il s’agissait d’une investigation de contrespionnage – confidentielle de par sa nature. Elle supposait une activité en cours impliquant des agents du renseignement russe objets de suspicion. L’option n’existait pas pour Comey de confirmer publiquement son existence sans alerter immédiatement certains des suspects et saboter du même coup le travail de ses propres agents » (Isikoff & Corn pp. 386-387).
Quant à l’arrestation d’un satyre relevant du droit commun, c’était la faute à pas de chance que se retrouvent sur le même disque dur des mails émanant de Clinton, alors ministre des Affaires étrangères, qui n’auraient pas dû s’y trouver et les sextos de l’ancien mari, Anthony Weiner, d’une de ses collaboratrices, Huma Abedin, qui avait hérité à leur séparation du portable qu’ils partageaient. Les mêmes Isikoff et Corn écrivent à ce sujet : « Quand Comey fut informé de ce nouveau développement dans l’enquête Weiner, il se rendit compte du dilemme auquel il était confronté. Il avait informé le Congrès que l’investigation sur Clinton était terminée. Mais il était de retour à la case zéro […] S’il se taisait et ne mettait pas à jour le rapport, Comey craignait que cela apparaisse comme une dissimulation de sa part d’informations pertinentes vis-à-vis du Congrès. Mais s’il disait quoi que ce soit, il était conscient qu’il pourrait être accusé d’un coup de théâtre prémédité dans la course à la présidence » (Isikoff & Corn p. 430).
Si bien que Trump fut élu, et qu’une fois qu’il disposa du pouvoir, il l’utilisa pour éliminer l’un après l’autre tous ceux entre les mains de qui le Steele dossier était passé : James Comey, à la tête du FBI, ensuite son remplaçant, Andrew McCabe, Directeur faisant fonction, Peter Strzok, spécialiste de la Russie au FBI, Bruce Ohr, correspondant de longue date de Steele, spécialiste du crime organisé transnational, et plus particulièrement russe, au ministère de la Justice, etc. Ceux-ci eurent beau protester qu’ils étaient Républicains de toute éternité et non des « Démocrates enragés », qu’ils n’avaient rien fait qui enfreigne les instructions de leurs supérieurs et avaient respecté tous les règlements, ils avaient été contaminés par leur manipulation du rapport Steele qui avait fait d’eux des pestiférés. Ils furent cruellement pourchassés puis massacrés par les Républicains. Lesquels répétèrent ensuite à la moindre occasion comme un mantra que le rapport Steele avait été réfuté et discrédité, ce qui n’était en rien le cas : la sénatrice de Californie Dianne Feinstein, dit à juste titre qu’« aucune révélation du Steele dossier n’a été réfutée ». Bien au contraire, comme le démontre le rapport de la Commission bipartite du Sénat américain enquêtant sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 rendu public en août 2020. Affirmation paradoxale de sa part puisqu’elle était présidée par un Républicain, Richard Burr pour commencer, puis Marco Rubio qui en prit le relais.
La suite de l’histoire vous l’avez lue dans le Tome 1 : Un objet populiste mal identifié et dans les pages qui précèdent, et vous la lirez demain dans les journaux. Prions que ce ne soit pas celle d’une tragédie sans précédent. Le pronostic vital des États-Unis est malheureusement engagé.
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