J’ai déjà dû raconter cela à l’époque. Dans les années qui précédèrent la crise des subprimes, un économiste faisant partie de l’équipe d’Alan Greenspan à la Federal Reserve, la banque centrale américaine, s’était rendu célèbre en expliquant qu’il n’y avait pas de bulle immobilière, que les bulles financières d’ailleurs n’existaient pas, et que rien donc n’aurait pu aller mieux.
Quelques années plus tard, au sortir immédiat de la crise, je suis invité à un événement et on me dit pour me convaincre d’y participer : « Vous verrez, nous aurons un invité de marque, un keynote speaker prestigieux ! », et quand je m’enquiers du nom, vous l’avez deviné, il s’agit de nul autre que cet économiste dont la réputation aurait dû être à terre, à ramasser à la petite cuiller.
Quelqu’un dira : « Oh ! Monsieur Jorion, tout le monde aura compris pourquoi vous rappelez cette histoire : c’est parce que cela vous chagrine qu’on ne vous écoute pas davantage ! » Eh bien oui, parfaitement, je l’admets : cela me chagrine qu’on ne m’écoute pas davantage, le monde ne s’en porterait-il pas tellement mieux ?
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