Lorsqu’après la déclaration officielle du médecin de la Maison-Blanche, le Dr. Conley, vendredi et qu’il ait dit à cette occasion que Trump n’était pas sous oxygène, un journaliste lui avait demandé si cette mention « pas sous oxygène » ce jour-là, signifiait que le Président avait été sous oxygène la veille, jeudi ? Le Dr. Conley avait alors répété à plusieurs reprises comme un disque rayé : « pas sous oxygène en ce moment ».
Hier, le Dr. Conley a reconnu que Trump avait été sous oxygène à deux reprises dans la journée de jeudi. Un journaliste lui a demandé alors pourquoi il avait refusé de le dire la veille. Le médecin de la Maison-Blanche a alors répondu que c’était pour ne pas affecter négativement le cours de la maladie (“that might steer the course of illness in another direction », = « qui pourrait conduire le cours de la maladie dans une autre direction »). Plusieurs commentateurs se sont alors interrogés en quoi dire la vérité plutôt que la cacher pouvait affecter négativement le cours de la maladie ?
C’est là que le psychanalyste ou bien Sherlock Holmes du 221B Baker Street, c’est comme on veut, entrent en jeu. Qu’est-ce qui peut être affecté négativement par le fait de dire la vérité ? Non pas « le cours de la maladie », mais « le narratif préparé à l’avance du cours de la maladie ».
Pourquoi ne pas reconnaître que Trump a été sous oxygène à deux reprises dans la journée de jeudi ? Parce qu’on a affirmé ce jour-là que le Président se rendait à l’hôpital Walter Reed « par excès de précaution ». Or si Trump a été sous oxygène, ce n’est pas « par excès de précaution » qu’il se rend à l’hôpital mais par nécessité impérative.
Et le soupçon s’instille alors que quand est diffusée dans la journée de vendredi une vidéo de Trump faite nous dit-on à l’hôpital, qu’elle ait peut-être été tournée en fait la veille à la Maison-Blanche, soupçon déjà éveillé quand Trump remercie les chefs d’État étrangers pour l’expression de leurs « condoléances ». S’agit-il alors d’un usage un peu lâche par Trump d’une expression qui peut effectivement signifier en anglais « marques de sympathie » de manière générale, ou bien d’un véritable lapsus de la part du Président trahissant dans quel état il imagine qu’il sera quand la vidéo sera diffusée dans la journée de vendredi (selon le reporter de Vanity Fair, Gabriel Sherman, Trump avait exprimé plusieurs fois dans la journée de jeudi qu’il se croyait en train de mourir) ?
À quoi assiste-t-on alors dans les déclarations du Dr. Conley ? À un exercice périlleux de s’en tenir au script rédigé à l’avance, tout en offrant quelques véritables détails, par « effet de réel », comme disait Roland Barthes, comme quand dans un roman historique ayant perdu toute vraisemblance, la porte s’ouvre soudain pour laisser entrer nul autre que … Napoléon Bonaparte lui-même !
L’ennui, c’est que les informations exactes font décoller entièrement le véritable déroulement des faits du script rédigé à l’avance. Comme quand hier le Dr. Conley déclare à la fois que le Président rentrera probablement à la Maison-Blanche dans la journée d’aujourd’hui lundi et qu’il prend de la dexaméthasone, un corticoïde qui n’est recommandé que pour le traitement de difficultés respiratoires aiguës. On est bien d’accord que c’est l’un ou c’est l’autre !
La question que je me pose pour la déclaration du Dr. Conley aujourd’hui est : l’entendra-t-on dire que le Président vient de rentrer, pétant de santé, à la Maison-Blanche – où les fleurs et couronnes peuvent également être adressées ?
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