Ce mardi 5 novembre 2024, les citoyens afro-américains, latinos et blancs progressistes des classes populaires et moyenne de l’électorat Démocrate, ravagées par 4 années de chômage et de faillites en cascade, sous le choc des impacts climatiques et gangrenées par une hausse fulgurante de la misère, ont élu en masse la jeune candidate Alexandria Ocasio-Cortez. Madame Ocasio-Cortez a tout juste fêté ses 35 ans ce 13 octobre 2024, et a remporté largement non seulement le vote du collège des grands électeurs mais également le vote électoral populaire, ce qui rend sa victoire incontestable. Il y a peu de chance que la Cour Suprême accepte les requêtes déposées pour un recomptage des voix, étant donné l’écart statistique avec le candidat républicain suprémaciste blanc et proto-fasciste, héritier spirituel de Donald Trump.
Elle devient ainsi l’individu le plus jeune à accéder par les urnes à la présidence américaine, battant le record du président John F. Kennedy, ayant prêté serment à 43 ans le 20 janvier 1961. Elle est également la première femme de l’histoire des Etats-Unis à être élue à la présidence du pays, qui a choisi pour la première fois une américaine d’origine latino. Il faut rappeler que la Constitution américaine exige que, lors de sa prise de fonction, le candidat élu président américain ait 35 ans révolu, soit citoyen américain et ait résidé sur le sol américain durant au moins 14 années. C’est donc à peu de jours près que Madame Ocasio-Cortez a pu se présenter en ordre utile pour cette élection 2024, afin de prêter serment en janvier 2025.
Ocasio-Cortez est née en 1989 dans le Bronx, dans l’Etat de New York, d’un milieu relativement modeste mais de parents très aimants. Un astéroïde a été baptisé en son nom par le Massachusetts Institute of Technology en raison d’un excellent projet de recherche en microbiologie présenté par elle lors d’un concours. Elle fit ensuite des études brillantes pour devenir la plus jeune femme élue au Congrès américain le 6 novembre 2018, à l’âge de 29 ans, à partir d’une campagne menée largement à partir du terrain (grassroot). Rappelons par contraste que lors de sa première investiture, Donald Trump était devenu le président américain le plus âgé et le plus riche de l’histoire, le premier à n’avoir jamais exercé précédemment de fonction politique ou militaire, ainsi que le cinquième à avoir gagné l’élection présidentielle américaine tout en étant devancé dans le vote populaire. Il est piquant de se souvenir qu’Ocasio-Cortez avait fameusement défié Trump de produire ses résultats scolaires après qu’il l’ait traitée publiquement « d’étudiante médiocre ».
On se souviendra des années agitées qui précèdent ce résultat historique. Après la contestation massive du résultat des élections présidentielles du 3 novembre 2020 par les partisans du président sortant Donald Trump, élections qui donnaient pourtant le candidat Joe Biden largement vainqueur du vote populaire, en nombre de voix et potentiellement vainqueur au Collège des grands électeurs, les Etats-Unis ont plongé dans les pires troubles socio-politiques depuis la Guerre de Sécession. Donald Trump avait en effet décapité et veillé anticipativement à l’inefficacité du Service postal des Etats-Unis, en vue de minimiser le vote des électeurs démocrates, plus souvent effectué par correspondance que le vote des électeurs républicains. La réception et le comptage décisif de ces votes, principalement acquis à Joe Biden, pris des semaines et ne put jamais être complètement validé. Trump avait également enflammé, via ses discours et l’action en coulisse de collaborateurs sulfureux, toute la frange suprématiste blanche, et souvent lourdement armée, de son électorat. S’en suivit une terrible bataille juridique qui dut être tranchée au plus haut niveau par la Cour Suprême fédérale. Les juges majoritairement nommés par le président sortant tranchèrent en sa faveur et validèrent son élection, craignant la poursuite du chaos causé par les émeutes partout dans le pays. De son côté, le camp démocrate, ulcéré par 4 années de présidence Trump, sortit en masse dans les rues et déclencha des grèves générales et des actions de désobéissance civile, lourdement réprimée par la police anti-émeute, les vigiles des industriels et des milices suprématistes blanches agissant en bordure de la légalité, avec la tolérance des unités de police anti-émeutes. Au pic de ces troubles et de la contestation, on compta plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants des deux camps et la police. L’intervention de la Garde nationale et d’un couvre-feu, ainsi que la déclaration de l’état d’urgence par ordre exécutif de Donald Trump mis un couvercle sur la contestation mais provoqua une fracture irrémédiable de la confiance des américains en leur Constitution. Malgré les rapports des services secrets étrangers qui faisaient état de nouvelles ingérences de la part de la Chine et de la Russie sur les élections et sur les réseaux sociaux durant la campagne, aucune enquête sérieuse ne fut menée par le ministère de la Justice.
La gestion catastrophique de la pandémie de covid-19 par Donald Trump, la pollution causée par l’industrie du gaz de schiste, les méga-incendies, les sécheresses et les terribles ouragans causés par le réchauffement climatique causèrent la Seconde Grande Dépression et le Second Dust Bowl de l’histoire des Etats-Unis. Durant les années de son second mandat, Donald Trump poursuivit le détricotage impitoyable de la nation américaine, en supprimant l’Agence fédérale de l’Environnement, en confirmant son retrait du Traité de Paris sur le Climat, et en sabrant dans les budgets de l’aide sociale et de la protection de l’environnement. En parallèle, il poursuivit son soutien massif et suicidaire à l’industrie fossile et à la composante spatiale de l’armée, relançant au passage une course à l’arme nucléaire. Il privatisa complètement les services postaux afin d’empêcher tout candidat démocrate de remporter une prochaine élection. Cela empêcha également une distribution efficace du premier vaccin contre le covid-19, qui fut administré prioritairement aux classes aisées de l’électorat républicain. Trump chercha également à remodeler les circonscriptions électorales afin d’augmenter l’emprise du parti républicain sur la politique US, désormais totalement sous la férule des proto-fascistes et suprémacistes blancs. Un néo-Ku Klux Klan fit son apparition et après une série de meurtres commandités de leaders des communautés « de couleur », la justice, encore aux mains de partisans de la démocratie et de l’Etat de droit, finit par arrêter une conjuration de riches milliardaires conservateurs, décidés à « purifier la nation américaine de sa contamination par la chienlit étrangère » (sic). La crise des institutions américaines atteint un sommet lorsque, fort du contrôle du Congrès, et même après la perte du Sénat, Donald Trump tenta de modifier la constitution américaine afin de servir un 3e mandat. Au cours de cet épisode, il frisa un deuxième procès en « empeachment ».
En politique étrangère, Trump isola davantage les Etats-Unis de ses alliés traditionnels en Europe et au Japon, pour se rapprocher dangereusement des régimes autoritaires Russe, Chinois et Turque, signant une nouvelle Quadruple Entente afin d’affaiblir l’Europe et de piller les ressources naturelles du monde entier. Trump se désengagea de tous les traités anti-armement nucléaire et lança plusieurs guerres régionales au Moyen-Orient (contre les palestiniens et l’Iran), en Asie (en envahissant la Corée du Nord au risque d’une guerre nucléaire), au Venezuela (afin d’y installer un Etat croupion et saisir ses réserves pétrolières) et en mer de Chine, où des escarmouches avec la marine chinoise firent craindre le pire. De plus en plus, les Etats-Unis de Trump devinrent les ennemis de la liberté dans le monde, tandis que l’Europe démocratique se retrouvait seule face aux méga-puissances Russe et Chinoise.
Après cet âge sombre pour les Etats-Unis, et sur la base d’une campagne électorale focalisée sur un Green New Deal réminiscent du New Deal du président Franklin D. Roosevelt, la candidate Alexandria Ocasio-Cortez a obtenu dès début 2024 la nomination du parti Démocrate, contre les partisans centristes décrédibilisés par des années de molesse. Après avoir échappé à une tentative d’assassinat par un jeune néo-fasciste pro-Républicain, elle devint la cheffe officielle de l’opposition démocrate à la tentation autoritaire de Donald Trump. Sous sa houlette, le parti démocrate s’est massivement réorienté dans le sens d’une gauche écologiste et socialiste à cette occasion, recrutant massivement parmi la jeunesse américaine. Les thèmes majeurs de la campagne et du programme d’Ocasio-Cortez sont le lancement d’un Green New Deal axé sur la transition écologique massive au moyen d’un effort digne d’une économie de guerre.
Parmi les mesures phares, citons l’introduction d’une taxe carbone, l’interdiction des SUV et le refinancement de la mobilité douce, la gratuité universelle d’accès aux services répondant aux besoin de base, les soins de santé universels, le lancement d’une conversion massive des terres agricoles à l’agroécologie, la nationalisation de toutes les ressources en eau du sol américain, la cessation immédiate des forages pétroliers, une réforme du code d’urbanisation du territoire, la recréation de l’Agence américaine de l’Environnement et la multiplication par dix de son budget, le refinancement de l’Education et de l’aide sociale, une politique d’émancipation socio-économique massive des minorités afro-américaines et latino issue du combat de Martin Luther King, la régularisation massive des immigrés clandestins résidents depuis plusieurs années sur le territoire, la mise en œuvre d’une « excess profit tax » sur les multinationales GAFAM américaines et la réintroduction de nouvelles tranches d’imposition pour les revenus les plus élevés, jusqu’à atteindre un taux marginal de 80% (impôt progressif sur les revenus des plus fortunés). Par ailleurs, l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix dans la finance a été proposée par les conseillers économiques de Madame Ocasio-Cortez. La proposition centrale de son programme est de proposer un « Green New Deal » à tous les citoyennes et citoyens américains, sorte de nouveau « Contrat social-écologique », sous la forme d’un revenu de transition universel garanti pour tous les travailleurs et étudiants qui devraient réorienter leur parcours professionnel à partir des secteurs fossiles vers l’économie soutenable. L’Etat devra garantir que chaque citoyen ait les moyens de vivre durant sa période de formation et d’installation, transition, dans un nouveau secteur et une nouvelle profession compatible avec les limites de la planète. Plusieurs dizaines de millions d’emplois doivent être créés ou transformés durant ce processus. La renégociation à la hausse de l’Accord de Paris figure également parmi les propositions phares d’Ocasio-Cortez.
La nouvelle présidente élue prêtera serment le 17 janvier 2025.
Laisser un commentaire