Hier dans la soirée, je reçois un mail :
hmmmmm… les masques tombent….
[lien vers une vidéo]
Ce Pr. X*** me semble fort calme, précis, incisif … et ne parle pas de seconde vague, pas encore …
Et je regarde la vidéo. Je regarde ensuite qui est le professeur en question, qui semble avoir pourtant toutes les qualifications nécessaires. Puis je réponds à mon correspondant :
Comme on teste davantage, le nombre de morts par nombre de cas détectés baisse, il faudra donc que le nombre de cas signalés soit plus élevé qu’en avril pour qu’on retrouve le même nombre de morts qu’en avril. À mon avis il [Pr. X***] est au courant. Du coup je ne comprends pas trop ce qu’il essaie de faire.
Je ne mets pas le nom du Pr. X***, pour qu’on ne soit pas distrait une fois de plus (suivez mon regard) par une polémique dont la finalité est simplement d’éclairer le « qu’est-ce qu’il essaie de faire ? » (gloire instantanée ? jouissance élémentaire de dire : « Le gouvernement nous ment ! », devenir saint populaire ? etc.), et nous distrait de la question intéressante (elle a toujours passionné à juste titre les êtres humains) : « Est-ce qu’on risque de mourir ? Et si oui : de quelle manière plus ou moins sympathique et qui d’entre nous ? »
Ce matin très tôt, Alexis Toulet et Timiota nous ont offert la réponse longue à la question de mon correspondant, qui développe mon « il faudra donc que le nombre de cas signalés soit plus élevé qu’en avril pour qu’on retrouve le même nombre de morts qu’en avril ».
Alexis Toulet :
Si nous restons sur une exponentielle à doublement en douze jours, nous aurons dépassé à fin septembre les 30 000 contaminations par jour. Et dans la deuxième quinzaine d’octobre, nous pourrions avoir plus de 200 morts par jour. Bref… octobre sera notre nouveau mois de mars !
Timiota :
Et avec le facteur 15 qui me reste sous le coude, je tombe à une mortalité de 35 au lieu de 500, à moduler avec le retard à l’allumage (encore 10 jours et on remonte sûrement à 30-50/j…
Je vous encourage à lire leur explication complète, mais les extraits suffisent déjà à justifier le titre le mon billet : « La règle de trois contrattaque ! »
Parce que qu’est-ce qu’il y a de commun à nos trois explications, et qui a toujours manqué chez le Docteur-Miracle, et qui manque dans la vidéo du Pr. X*** ? La règle de trois.
J’ai enseigné à divers moments de ma vie et j’enseigne à nouveau, et le spectacle m’est familier de certaines personnes se décomposant devant moi, la sueur froide ruisselant sur leur front, leurs traits se tordant sous l’influence d’une profonde douleur intérieure parce qu’ont été prononcés des mots fatidiques, non pas « Par Horus demeure ! », mais « la règle de trois ».
La règle de trois : comprendre ce que c’est qu’une proportion, que trois quarts, 75% et 150 ÷ 200, c’est la même chose. Un cousin éloigné m’a rapporté la chose suivante, mais il s’agit peut-être d’une légende : un enseignant disant d’un enfant « Il n’a pas la bosse des maths ! », alors que c’est lui ou elle qui s’est révélé incapable d’expliquer la règle de trois. Mais je le répète : il s’agit peut-être d’une légende.
Quoi qu’il en soit : que vous soyez manant ou grand professeur des universités, ne dites pas « Il n’y aura pas de deuxième vague ! » si la formule de la règle de trois demeure pour vous un insondable mystère : il y a une responsabilité associée au fait de dire des bêtises, et en particulier si ces bêtises suggèrent de ne pas respecter les gestes-barrières, car il y a trop de nos contemporains prêts à sauter sur le moindre « Le gouvernement nous cache qu’en réalité on est sauvés ! », les âneries ont cette capacité constante à produire des morts.
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