La persistance du virus, son infectiosité dans l’air, sont des sujets toujours à l’étude et en discussion. Le consensus actuel est très succinct : un milieu clos et mal aéré est à très haut risque de contamination.
Ici un article qui remet les éléments en perspective.
Les questions liées à la contamination en open space reviennent très souvent. Les modèles sont surtout statistiques et mathématiques (dynamique des fluides). Il faut prendre en compte beaucoup de paramètres pour pouvoir évaluer le risque : quel type de renouvellement d’air ? circuit fermé ? température ? les filtres sont-ils entretenus régulièrement ? quelle densité de travailleurs ? quel espacement ?
Pour résumer : plus l’air est frais, plus il tourne en circuit fermé, sans filtre, plus le risque est augmenté car les sécrétions respiratoires recirculent et augmentent la charge virale à chaque passage, car le virus supporte le froid (c’est un des facteurs de gros clusters dans les abattoirs en Europe et dans le monde). Mais d’un autre côté le simple fait de faire circuler l’air abîme le virus (ouvrir les portes et fenêtres par exemple suffit à réduire le risque).
Une hypothèse concernant la sur-contamination des soignants : ils sont exposés à des charges virales élevées qui s’additionnent et finissent par causer la maladie.
Le mieux est de contacter votre service de prévention au travail (comme employé de bureau, normalement vous ne voyez jamais le médecin du travail, mais vous pouvez solliciter un RDV), car il connaît la situation de votre open space ou ira chercher l’information auprès de la ligne hiérarchique.
Concernant les différences d’efficacité FFP2/masque chir/masque en tissu : nous avons des études récentes très intéressantes.
1/ ici le masque chir ou en coton/tissu synthétique (les matériaux recommandés par l’OMS pour les masques en tissu) ont une protection comparable au masque FFP2
2/ ici le masque chir avec des liens est plus efficace pour protéger le soignant porteur que les masques à élastique (plus de fuite), et est quasi aussi efficace que le FFP2
3/ ici des arguments pour appuyer l’efficacité des masques communautaires en tissu (communautaire = moyen de protection collectif, efficacité jugée suffisante si tout le monde en porte un)
Nous avons peu de données sur les conditions précises de contamination en entreprise.
Mais il est plus probable de se contaminer en parlant à la machine à café avec son collègue qu’en travaillant à son bureau. Ou quand on effectue une manipulation à côté d’un collègue (exemple dans un garage de voitures ou une usine). La distance est un élément très important d’augmentation du risque de contamination.
Certains entreprises ont donc instauré le masque dans les parties communes pour réduire ce risque.
Un autre élément à prendre en compte est la probabilité pour la personne infectée de développer une forme sévère.
Il y a 3 facteurs de risque principaux
– l’âge (après 70 ans, la Covid c’est aussi mortel qu’Ebola)
– les comorbidités qui augmentent la probabilité d’avoir une réaction immunitaire trop inflammatoire : obésité, HTA, diabète
– la génétique : un facteur inconnu, sauf quand on sait que plusieurs membres de la même famille sont décédés ou ont fait une forme sévère. La façon dont l’immunité réagit chez ces personnes est encore étudiée (les populations latines semblent faire des formes plus graves)
On peut proposer un masque chirurgical ou FFP2 à ces personnes.
Pour conclure, en open space, le FFP2 me semble exagéré, si les conditions sont défavorables : masque chir ou en tissu pour tout le monde (le travail est statique, donc respirer dans un masque toute la journée n’est pas un problème) Si les conditions sont favorables : la distance physique et l’hygiène suffisent.
Par ailleurs il faut bien être conscient que la perception du risque est hautement socioculturelle et individuelle. Un risque peut être acceptable pour l’un et inacceptable pour l’autre. C’est la décision collective de santé qui doit primer, mais dans cette pandémie la démocratie sanitaire est quasi inexistante car très peu d’États ont anticipé le risque et les États qui ont agi vite au début de la pandémie sont des États totalitaires. La Suède peut être l’exemple le plus proche d’une approche de type démocratie sanitaire.
En espérant vous avoir éclairé sans trop complexifier le sujet 🙂
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Post précédent de la même commentatrice :
Nathalie Schirvel, 16 AOÛT 2020 À 8H33
Je suis médecin du travail, cela veut dire que je suis formée à analyser les risques et proposer des moyens de protection aux employeurs et employés. Je rédigé des rapports scientifiques sur les masques et le coronavirus depuis février 2020.
Je vais résumer pour être audible. Mais si vous souhaitez des réponses techniques précises, je suis à disposition.
– Aucun équipement ne confère une protection à 100%.
– Dans le cas des masques normes FFP2(Europe)/N95(USA)/KN95(Chine) il y a max 8% de fuite.
– ce n’est pas l’AFNOR qui classe ces masques, la norme est donnée par le National Institute for Occupational Safety and Health pour les USA et la EN 149 pour l’Europe.
– Les cas de contaminations de soignants sont loin d’être seulement liés aux masques.
– Le masque n’est pas juste un filtre à particules infectieuses car le coronavirus n’est pas aérien, il est inclus dans les sécrétions respiratoires. Le masque en tissu ou chirurgical absorbe ces sécrétions. La taille du virus importe peu. La filtration n’est pas seulement mécanique, elle est électrostatique.
– ces sécrétions couvrent un large spectre: de la grosse goutte de salive aux micro-gouttelettes aérosolisées.
– l’infectiosité dépend de plusieurs critères encore mal connus, mais la charge virale est un élément déterminant. Cette charge peut être identique chez les symptomatiques, les asympto et même les enfants. Par contre les sécrétions sont importantes et plus chargées de virus si on tousse, éternue, parle fort. Dans un open space où on parle dans son masque, la quantité de virus qui se retrouve dans l’environnement direct de l’infecté est négligeable. Surtout qu’à l’air libre les micro-gouttelettes sèchent très vite. La situation en hôpital est différente : les gens sont malades les milieux très clos et on effectue des gestes aérosolisants (intubation, lavement bronchique, frottis nasopharyngé…)
– plusieurs études et modélisation ont démontré l’efficacité du masque, ffp2, chirurgical ou en tissu.
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