Nous, Européens (vivant aujourd’hui en Europe ou aux États-Unis), nous sommes toujours comportés en colonisateurs ou tout au moins dans un souci permanent d’expansion. Nous avons envahi le monde et certains de nos comportements nous y ont aidés. On peut évoquer anecdotiquement la bise ou trinquer à la bonne santé. Ce sont ces comportements et nos autres façons de vivre qui nous sont propres, qui nous ont permis d’envahir le monde en rendant malades les habitants indigènes des pays dans lesquels nous arrivions avec de veilles pratiques moyenâgeuse de partage des poisons. Si tu es mon ami, partage mes maladies, et tant mieux, tant pis, si tu en meurs… Ce sont ces habitudes qui nous trahissent aujourd’hui.
Aujourd’hui dans un monde fini, tous ces petits comportements, dont l’incapacité de porter un masque de façon correcte (on l’enlève, on le remet, on laisse le nez dehors, on le baisse « par politesse »), mais en fait globalement tout notre héritage de comportements en harmonie avec tout ce que l’on a appris auparavant et qui nous avait si bien réussi, signale aujourd’hui le crépuscule de notre civilisation.
Ce simple geste du port du masque, nous nous avérons incapables de le faire correctement, nous nous tripotons machinalement le visage, et tous les objets autour de nous, et ainsi de suite. Tout cela fait à ce point partie de nos automatismes que nous sommes incapables dans le contexte présent de nous adapter. Du coup nous nous retrouvons cette fois dans la position des Incas envahis et réduits à néant par une poignée d’Espagnols seulement : devant les Chinois, nous sommes aujourd’hui leurs Incas, dans un total désarroi.
Je n’ose imaginer le regard que porte un Chinois sur la manière dont nous portons le masque, ou plutôt nous empêtrons dans lui, à l’mage du fameux sparadrap du capitaine Haddock. Et le port du masque n’est encore qu’un des ingrédients indispensables dans la pandémie actuelle, puisque toute une série de mesures d’hygiène et de prophylaxie doivent être en réalité appliquées simultanément. Le port du masque, geste barrière, mais aussi barrière entre la survie et la disparition dans notre cas, inaccessible et inimaginable pour la plupart d’entre nous, signant notre fin.
Laisser un commentaire