Si j’étais citoyen des États-Unis et que j’aie l’occasion de voter lors d’une élection municipale ou au niveau de l’un des états, je trouverais certainement dans la liste une meilleure candidate ou un meilleur candidat que Joe Biden ou Kamala Harris pour qui voter.
Alors pourquoi affirmer que le choix de Harris comme Vice-Présidente par Biden est une bonne chose ?
En raison de l’état dans lequel se trouve en ce moment cette malheureuse nation que sont les États-Unis. « Malheureuse nation » parce que – à l’image des pseudo-démocraties occidentales [« pseudo » en raison de la distorsion des rapports de force qu’introduit l’existence de fortunes colossales] – elle n’était pas consciente que le fait que ses institutions soient fondées sur la bonne volonté et la candeur l’exposait à ce qu’un prédateur ne respectant aucun de ces aimables présupposés pouvait n’en faire qu’une bouchée.
Joe Biden est un centriste sans grandes convictions ni dans un sens ni dans un autre mais qui a pour lui d’avoir le coeur sur la main dans l’esprit des chaumières et que sommé d’improviser, il nous sort toujours quelque chose qui sans être l’imagination au pouvoir réchauffe au moins le coeur, ce qui n’est déjà pas rien en nos temps fragilisés par la peur, et l’isolement et la solitude que l’on nous offre comme seuls remèdes glacés à la peur de mourir.
Kamala Harris, qui nous est présentée essentiellement dans cette nation de colonisation brutale (incapable d’intégrer son passé de spoliation génocidaire de ses habitants d’origine et d’exploitation éhontée de sa main d’oeuvre importée à fond de cale et enchaînée) comme une « femme de couleur à la fois noire et asiatique », n’est pas un personnage a priori très sympathique puisque l’on garde essentiellement comme souvenir de son règne de « ministre » de la Justice de l’état de Californie, son insensibilité dans des affaires qui réclamaient précisément, et comme à l’habitude, exactement le contraire.
C’est dire si, en des temps plus cléments, on aurait préféré de loin un « ticket » Elizabeth Warren à la présidence et Alexandria Ocasio-Cortez à la vice-présidence, mais dans le contexte actuel de confiscation de l’État par un proto-fasciste suprémaciste blanc séditieux, la combinaison d’un Blanc passe-partout et d’une Noire carrée en affaires – dans ce pays victime d’une fascination morbide pour la couleur de la peau, faute d’avoir su comprendre qui il est – constitue le mieux qu’on puisse espérer, et qu’il faille encourager avec enthousiasme (= « qu’il faille hélas encourager avec un enthousiasme plus ou moins feint »).
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