Je suis de naissance par moitié Hollandais, par ma mère. Parmi les implications diverses de cette particularité : que je sache ce que c’est qu’un vélo. Je veux dire que le vélo en tant que tel ne constitue pas pour moi une source permanente d’ébahissement.
En sus d’avoir vécu la moitié de ma petite enfance à Rotterdam, j’ai habité à une époque, beaucoup plus tard, à Amsterdam et je connais le garage à vélos qui jouxte la gare là-bas et qui à défaut d’être véritablement un espace d’« ordre, de beauté, de luxe, de calme et de volupté », est en tout cas un espace de sérénité : rien là qui soit source de remise en question anxiogène de la Weltanschauung (de la représentation du monde) du pékin, du citoyen ordinaire.
Il faut dire que dans ces pays bas, ce plat pays, rouler à vélo fait partie du cela-va-sans-dire, et n’a pas fait de vous, comme en France, un Croisé des temps contemporains (j’ai hésité à écrire « Croisée.e » avant de me souvenir que les dames se sont prudemment, et très heureusement, abstenues de cette vocation) qui, en récompense de sa bravoure et de la justesse de son choix de société, dispose du droit auguste d’ignorer superbement le (pfft ! [bruit du crachat de mépris]) code de la route.
Ce qui m’y fait penser, c’est un article ce soir dans Le Monde, intitulé « Vous ne pouvez pas le monter sur votre balcon ? » : la bataille du garage à vélos où sont analysées toutes les implications du fait qu’une bicyclette – quand on n’est pas assis dessus – doive être rangée quelque part, conséquence que les cyclistes, Croisés des temps contemporains, n’avaient pas envisagée, et chargent les autres (piétons, usagers des transports en commun et automobilistes) de résoudre à leur place, les chevalier.ère.s blancs de l’environnement ayant d’autres soucis plus pressants.
Puisque le fait de vivre dans des villes invivables ne semble pas les incommoder davantage (vu les salaires avantageux), je leur recommande d’adopter la politique commune : d’entreposer leur vélo sur leur balcon, la teneur de l’air ambiant en particules fines éliminant pour le balcon en question tout autre usage possible comme, à la belle époque révolue de l’air respirable, d’y boire un verre en famille ou entre amis.
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