P.J. : à propos de ma vidéo hier, Féminicide : les « conditions préexistantes », le 10 juin 2020.
Dans la réévaluation en cours des rapports de forces entre mâles et femelles, les identifications au genre construit de chacun sont interpellées, sous la raison de la notion d’égalité dont les révolutions passées ont assis en droit la revendication populaire. En droit, pas en fait, puisque les héritages divers du passé laissent en fait des rapports de force dont la fameuse phrase de Lampedusa « tout changer pour que rien ne change » dit les paradoxes.
Les LGBTI comme d’autres organisations savent user du droit à l’égalité, pour obtenir en fait par le droit de libre association la fin des discriminations éprouvées. Un mouvement politique comme le féminisme, malgré ses courants antagonistes sur certaines thématiques, est otage comme chacun du poids de la langue et féminicide dit bien ce dont il s’agit, meurtre d’une femme par un homme, renvoyant en miroir l’homicide comme meurtre d’un homme par un autre, dans la série du parricide, du matricide, de l’infanticide etc. Dans la guerre égalitariste, l’écriture genrée ou inclusive est un champ de bataille, et féminicide à la pointe du combat. Mais on est loin de la complexité de la scène macabre.
Freud a bordé sa <em>Traumdeutung</em> de l’avertissement bien connu d’un ombilic des rêves, « Chaque rêve a au moins un endroit où il est insondable, pareil à l’ombilic, par lequel il est rattaché à l’<em>Unerkannt</em>, l’inconnu, le non connu ». bref il y a toujours un moment où le déchiffrage des rêves, des actes, des discours, s’épuise et un reste fait trou dans l’ambition d’un tout formulable pour un entendement saturé.
Un jour invité pendant le ménage du Pessah, je faisais malicieusement remarquer à mon hôte, que des miettes du Hamets persistaient entre les lames du parquet. Il répondit que la tradition prévoit ça avec une prière : « Que tout Hamets, levain ou matière levée, qui se trouve en ma possession, que je n’ai pas vu ou que je n’ai pas détruit, dont je n’ai pas connaissance, soit considéré comme inexistant et sans valeur, comme la poussière de la terre ». L’ombilic n’est pas l’inexistant, mais une ligne de fuite, un trou qui désature l’idéal de l’exhaustif. Cette métaphore de l’ombilic vaut pour toute analyse de ce que la vie produit d’énigmes, mais l’abord le plus grossier, est celui de croire qu’un couple est un couple, alors que chacun porte en lui la somme et le poids des bouts d’autres qui l’ont construit comme tel, d’abord liens aux parents et frères au sens neutre, liens dont il est à l’occasion le pantin, les ficelles sont tirées d’un ailleurs méconnu.
La mise en scène juridique n’a pour vocation que de produire la vérité dite judiciaire, à l’occasion par la convocation d’experts judiciaires notamment psy. Mais cela soulève la question posée par Jorion, de la fiabilité des experts comme en économie ! Avec les mêmes querelles doctrinales qu’on retrouve partout dans les sciences dites humaines, et l’incompétence dévoilée à l’occasion mais nécessairement après-coup.
Mon approche est de conclure qu’il n’y aura jamais de dernier mot sur la scène du crime, quand bien même les experts et la vérité judiciaire sont de droit en posture de conclure pour le public mondain. Il est certain, comme Jorion le liste, qu’enjeux économiques, addictifs, amoureux (nébuleux ça !) diagnotiques, physiques, sexuels sont de mise, mais à des niveaux singuliers pour chaque scène de crime. L’éternel féminin reste une construction aussi fragile que l’éternel masculin, le combat continue malgré l’encombrant verdict de Freud, « l’anatomie c’est le destin ».
Laisser un commentaire