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Je voudrais réagir à ce passage de l’entretien avec Paul Arbair :
(…) La crise économique sera probablement longue, profonde, et très dommageable. Le chômage et la pauvreté devraient exploser, et le déclassement social des classes moyennes occidentales s’accélérer. Dans les mois et les années à venir, les décideurs politiques seront probablement en mode de « contrôle des dommages » et n’auront ni le temps ni le loisir de se lancer dans la construction d’un monde meilleur. (…) Ceux qui croient et clament maintenant que la construction d’un monde meilleur, plus juste et plus durable est à portée de main et n’est qu’une question de « volonté politique » vont avoir un réveil douloureux, je le crains. »
Les raisons données à ce que la crise économique soit profonde et longue sont malheureusement convaincantes. J’ai plus de doutes sur cette conclusion que les décideurs politiques étant en mode « contrôle des dommages » se concentreraient seulement sur la préservation ou prolongation de ce qui existe plutôt que sur de premières expérimentations de ce qui pourrait remplacer ou changer pour le mieux les pays ou le monde.
C’est certainement ce qu’ils essaieront de faire, il n’y a guère de doute là-dessus. Mais le pourront-ils ?
J’avais listé sur le blog une série – non limitative – d’instabilités potentielles que la crise profonde qui commence pourrait déclencher. Notamment :
– Faillites en chaîne d’institutions financières du fait d’un surendettement mondial encore approfondi
– Entrée d’une ou de plusieurs des grandes monnaies mondiales en forte inflation voire hyperinflation
– Démantèlement de certaines voire de beaucoup des chaînes logistiques industrielles mondiales
– Dépression approfondie des pays en développement dépendants des matières premières et/ou du tourisme
– Fin de la monnaie voire du marché unique du fait de tensions et de divergences entre les besoins économiques des pays membres dépassant largement celles qui ont suivi la crise de 2008
– Passage brutal du pic pétrolier du fait de l’effondrement prolongé de la production de pétrole de roche mère américaine
– Déflagration militaire américano-chinoise par hystérisation de leur rivalité
Ce sont là autant au mieux de points de fragilité et pour certains de baudruches ne demandant qu’à éclater.
Or, pour que les décideurs aient le loisir de se concentrer sur la préservation frileuse et conservatrice de ce qui existe, plutôt que sur l’invention à tous risques de solutions neuves, il faudrait que cette préservation et prolongation soit possible… c’est-à-dire qu’AUCUNE de ces baudruches n’éclate !
Pour être très concret, si dans les années qui viennent la plupart des grandes banques mondiales s’effondrent (ce qui a été évité en 2008)… ou si le dollar entre en hyperinflation… ou si l’euro voire le marché unique sont démantelés… ou si Etats-Unis et Chine entrent en guerre en Asie… ou si nous passons le pic pétrolier…
… Alors les décideurs seront bien obligés de faire autre chose, parce que prolonger l’existant sera tout simplement impossible ! D’ailleurs qui seront ces décideurs ? Nous parlons d’une crise qui s’étendra sans doute sur plusieurs cycles électoraux. L’autocrate Xi Jinping pourrait être toujours là oui, mais les autres seront remplacés, et par qui ?
Le monde sera forcément différent, parce que prolonger l’ancien s’avérera impraticable. Meilleur ou pire, je ne sais.
Sur ce point, l’avenir est ouvert.
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