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Je vous conseille très vivement le livre d’Eric Bapteste « Tous entrelacés », éd Belin. De fait, nous ne voyons de la vie « apprise à l’école en sciences nat » » qu’une vision simplifiée : les animaux les plantes et les êtres unicellulaires dont on va nous dire que ce sont amibes, bactéries et plancton.
Mais les gènes n’ont jamais été fixes en composition ni en « lieu » car ils n’ont pas non plus été créées « une fois pour toute » et il y a du « trafic » de toute sorte dans la vie. Comme il s’agit de disposer de protéines utiles au métabolisme, on peut soit l’assurer par un ADN « chez soi » (dans le noyau, auquel cas il faut aussi assurer le passage de l’enveloppe du noyau…), soit pour des choses « ancillaires », le faire faire par des organites comme les mitochondries ou les chloroplastes. Ce sont probablement d’anciennes formes vivantes dans des soupes antérieures, « domestiquées » par les cellules. Soit enfin le faire faire par d’autres : symbiose, et du coup la notion de « symbionte » pour l’être commun qui est l’union symbiotique des deux.
Ensuite, quand on observe où sont les parois des organites et comment se font les symbioses entre organismes, on s’aperçoit que c’est notre perception de ce qu’est un « être » qui est limitante. Je fais ma part de métabolisme, et je m’arrange avec « ce » qui fait le reste : c’est à l’extérieur, OK, je fais avec. Ah, à l’extérieur ça se fait bouffer ? Alors vient le moment où ces trucs extérieurs « rentrent » dans ma cellule, enveloppe comprise, ça arrivait « par accident », je vais le favoriser. Je les abrite, on mute ensemble, leur enveloppe peut disparaitre, on peut scinder encore les parties faites par l’organite et j’en récupère ou lui en donne un peu, je « relocalise » comme je veux la prod, si on veut (chacun son « plan quinquennal » 😉 ), etc.
Bref la vie a été un grand Souk.
On n’a fait qu’assez tard à la place de ce souk des « boutiques propres » avec « inscription au registre du commerce des espèces de Linné ». Et comme nous humains, sommes de ce côté là de la barrière (on croit qu’on n’est pas parasite, hmm…), on s’est fixé sur cette image d’être « gentiment » des lignées stables d’êtres reproducteurs (ovipares, vivipares, etc., ) avec un avantage évolutif à la sexualité, en terme de brassage génétique permanent limitant les risques de type consanguinité, vulnérabilité collective, etc. Et la biodiversité se résume dans cette vision à des ensembles de proies et prédateurs, et de chaines trophiques avec les plantes. Alors que sa partie « moléculaire » est aussi intéressante et même un peu plus tordue, car les « êtres » n’y ont plus de limite (pensez au « blob » pour une des rares version macroscopiques de chose pas nette, quoique la chrysalide est aussi un cas de figure pas triste, on dissout presque tout dans du jus et on recommence, ce qui est d’ailleurs la dynamique d’un peu toute les différenciations et qu’on a appris il y a dix ans : quitter de façon désordonnée un attracteur et laisser le plus proche ré-attirer ce qui doit l’être, pas besoin de « grand chef d’orchestre » pour la différenciation, du coup).
Donc les virus, c’est ce qui est resté de ces habitudes de « tractations du souk » qui ne se sont jamais arrêtés, et qui ont des « lignes de stabilité » de type attracteur (étrange ou pas).
Les parasitoses sont un autre flanc du grand souk. En enfin le « microbiome », nos milliards de bactéries dans l’intestin très précieuses pour notre métabolisme (indispensable même : pour faire des greffes d’intestin, quand on ne peut pas faire mieux que des greffes après avoir raccourci, on s’est rendu compte il y a douze ans à peu près qu’il était nécessaire de garder le contenu et de ne pas laver les tissus du donneur de leurs microbes, bien au contraire. C’était la condition du non rejet. Au point qu’on teste des « greffes de fèces » pour tenter de soigner l’autisme, en soupçonnant que certains aspects du système neurologique sont liés aux tripoux et à leur subtile flore.
Bonnes lectures !
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