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« Si on doit absolument aller vers l’immunité de horde et « distiller » les 300.000 morts français nécessaires en 6 ou 10 vagues de 50.000 (on est à ce genre d’estimation), je pense qu’à la 3ème, les gens craqueraient et diraient « banco, les vieux vous allez tous aux Canaries qui sont mis en quarantaines pour 2 ans, et on se revoit après ! » (Timiota)
Mon espoir personnellement – hors extinction du virus sans nouvelle vague (vaccin ou traitement efficace opérationnel très rapidement, ou mutation spontanée du virus vers une forme inoffensive) laquelle est malheureusement fort peu probable – c’est plutôt que l’arrivée de la deuxième vague, aussi destructrice promette-t-elle hélas d’être humainement et économiquement, convainque enfin nos gouvernants de la nécessité de viser autre chose que la simple « vie avec le virus ». Qu’elle aide à les convaincre de changer d’objectif.
La Chine est actuellement territoire entièrement vidé de Covid-19. Elle n’a à se préoccuper que de bloquer toute contamination venant de l’extérieur, en pratique il n’est pas possible aujourd’hui d’entrer en Chine sans se soumettre à quarantaine permettant de valider l’absence du coronavirus. Elle est en train de redémarrer son activité, ce qu’elle fait assez lentement et prudemment. Mais elle ne devrait pas rencontrer de nouvel obstacle.
Se projetant trois à six mois dans l’avenir, il est assez facile d’imaginer :
- La Chine en pleine activité, certes gênée par la faible demande issue de ses clients internationaux, mais compensant d’une manière ou d’une autre que ce soit par la consommation intérieure ou l’investissement (indépendance technologique, infrastructures, voire qui sait – soyons fous ! – transition énergétique ?)
- Les puissances asiatiques démocratiques telles Japon, Corée du Sud ou Taiwan à peu près dans le même état, avec moins de morts que la Chine et plus de liberté, mais la même activité retrouvée
- Les Etats-Unis en pleine dépression économique après peut-être plusieurs centaines de milliers de morts et de nouveaux épisodes de confinement et/ou de déconfinement trop précipités
- Les Européens dans une situation intermédiaire, avec une deuxième vague qui a encore tué et un deuxième confinement qui a multiplié les dégâts économiques – cependant moins frappés que l’Amérique du Nord pour cause de systèmes sociaux et de santé plus protecteurs
Si la situation ressemble effectivement à ce scénario, il devrait y avoir là une leçon dont j’ose espérer que même les plus obtus des partisans de « protégeons l’économie d’abord ! » sauront profiter.
Le contraste maximal entre d’une part la prudente et réaliste Asie, qu’elle soit autoritaire ou démocratique, d’autre part la si détachée du réel Amérique, le contraste maximal surtout quant à leurs résultats économiques devrait convaincre d’une part le président et le gouvernement français d’autre part les oligarques français qui ont tant d’influence sur nos médias qu’il n’y a aucun conflit entre protection des vies humaines et protection de l’économie, aucun équilibre à trouver entre ces deux impératifs, aucun « chemin de crête » suivant les mots de Philippe : l’une comme l’autre ne se peuvent défendre qu’avec un confinement visant l’éradication du Covid-19 sur un territoire donné, suite à quoi ce territoire peut reprendre ses activités au prix d’un simple filtrage rigoureux des nouveaux arrivants et le simple maintien de la surveillance épidémiologique (tests de tous les cas suspects et traçage de leurs contacts).
Il y au moins trois manières de décider d’une bonne politique :
- Par la réflexion et l’analyse préalable : on s’attache à comprendre les situations et les dynamiques, et on agit en fonction
- Par l’analyse des erreurs des autres ou de celles des époques passées : on a l’humilité de se rapporter aux expériences des autres, que ce soient les gens d’un autre pays ou les gens qui ont vécu autrefois
- Par la douleur : on fonce dans le mur, ça fait mal, ouille faut faire autre chose
Il est dommage que nos gouvernants ne soient guère capables que d’utiliser la troisième méthode. Notons que c’est la seule que nous partageons avec les animaux… et encore, certains animaux supérieurs sont je crois capables d’apprendre de l’observation de leurs congénères !
Il est désolant que tant de vies doivent encore être perdues – ou handicapées par des dégâts économiques évitables – avant qu’ils ne daignent réfléchir et écouter un peu plus.
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