Ouvert aux commentaires.
Bonjour M. Jorion,
Ayant moi-même étudié en cryptographie quantique pendant 10 ans, je suis estomaqué de voir le manque de compréhension de vos interlocuteurs.
La plus grosse erreur est la suivante :
Or dans la machine quantique on ne sait pas faire l’équivalent de ces CCE pour des raisons fondamentales de logique quantique, car on ne peut pas dupliquer les états superposés sans les détruire [donc la redondance est impossible], quand bien même on sache les télé-transporter [grâce à la non localité, ce que permet la dite logique]. La difficulté ainsi soulevée est rédhibitoire car on n’a pas à ce jour la théorie, ni même aux dires de D. Estève une idée de recherche d’une telle théorie. Il va falloir être créatif et inspiré par de nouvelles expériences…
Les codes correcteurs quantiques existent pourtant depuis longtemps et surtout les codes stabilisateurs créés essentiellement par Daniel Gotesman que j’ai eu la chance de côtoyer.
Il ne faut pas se fier aux physiciens pour les ordinateurs quantiques. Bizarrement, ces physiciens ont prétendu pendant des années que la téléportation était impossible parce qu’on ne pouvait pas cloner. En passant, la preuve mathématique que la téléportation est possible est due à des informaticiens. Pour téléporter, on n’a pas besoin de cloner. Ces expériences ont été maintes fois réalisées en laboratoire et même de manière industrielle avec des protocoles d’amplification de clefs.
Le truc avec les codes correcteurs quantiques, c’est qu’on n’a pas besoin de connaître l’état initial ou final pour corriger, on n’a qu’à connaître l’erreur. C’est l’erreur qu’on mesure et non l’état à mesurer et même là, on n’a pas vraiment de la connaître le circuit peut s’auto corriger.
Mais ça, les physiciens ont beaucoup de difficulté à l’avaler et sont très frustrés de voir des poignées d’informaticiens théoriques défricher des pans entiers de la mécanique quantique qu’ils n’avaient, eux mêmes, pas appréhendée. C’est encore plus frustrant quand ces informaticiens leur disent, avec parfois un peu trop d’insistance, que la physique doit être refondée sur les concepts d’informations, ou plutôt d’incertitude.
Pour ce qui est des problèmes de programmation, en effet les langages de programmation haut niveau ne s’applique pas, mais tout ce qui est circuitrie s’applique. Après tout, c’est exactement ce que font nos processeurs et c’est une sous-discipline de la complexité informatique. Il y a plusieurs familles d’algorithme quantique qui sont très intéressantes. Mais c’est une spécialisation parmi les spécialisations.
Pour ce qui est des implantations physiques, je suis d’accord que les résultats de google et D-Wave sont difficile à interpréter. Dans le cas de D-Wave, personne ne sait vraiment ce qu’il font (je devrais dire savais, car j’ai cessé de suivre activement leur prétention il y a longtemps) et Google, comme d’habitude, fait dans la poudre aux yeux.
Laisser un commentaire