Le point sur les États-Unis, le 31 décembre 2019 – Retranscription

Retranscription de Le point sur les États-Unis, le 31 décembre 2019. Ouvert aux commentaires.

Bonjour, nous sommes le mardi 31 décembre 2019, la Saint-Sylvestre, et dans quelques heures, c’est une décennie qui s’achève. Il faudra que je vous fasse le bilan de cette décennie : j’étais là 😉 !

Mais en attendant, je vais vous parler de la situation aux États-Unis. Ça fait un moment que je n’ai pas parlé de M. Trump et compagnie mais ça, c’est parce que c’est la trêve des confiseurs aux États-Unis comme ici et il y a un élément supplémentaire. Elément supplémentaire, vous êtes au courant, c’est que la partie du Congrès, qu’on appelle souvent Congrès sans plus de précision, qui est la Chambre des représentants des États-Unis, a voté l’impeachment, l’empêchement, c’est-à-dire la destitution de M. Trump. Et c’est un processus en deux parties. Il faut encore que, maintenant, le Sénat vote également la destitution. Le processus est différent.

Vous le savez, le Sénat, aux États-Unis, représente essentiellement les régions plutôt que les gens. Il y a un pouvoir qui est donné aux états individuels. Qu’ils soient absolument surpeuplés comme la Californie [39,5 millions] ou qu’ils soient absolument dépeuplés comme, je ne sais pas, le Nord Dakota [0,7 million], ne fait absolument pas de différence du point de vue du Sénat et il faut qu’une destitution soit votée aux deux-tiers des cent Sénateurs.

En ce moment, il y a une majorité Démocrate à la Chambre et une majorité Républicaine au Sénat. Beaucoup de gens, même dans la presse, même au niveau des agences de presse, vous disent : « Eh bien donc, M. Trump ne sera pas destitué ! » à partir d’un raisonnement purement arithmétique.

J’attire souvent votre attention sur le fait que l’histoire, c’est quelque chose de pas purement statique, c’est-à-dire qu’on ne peut pas faire de calculs à partir de Jules César et dire : « Donc, il aurait dû se passer ceci pour nous ». Non, c’est plus compliqué : il y a des tas d’impondérables comme on dit. Il y a beaucoup d’éléments qui sont là, ensemble et, dans le cas de M. Trump en particulier, il y a M. Trump lui-même qui est une personne qui n’a pas la réputation de savoir véritablement garder son sang froid. C’est la personne qui, justement, quand se passe le processus d’impeachment, dans une journée, il écrit 123 tweets où il affirme qu’il garde son sang-froid, contre toute évidence.

Donc, c’est un monsieur dont ses adversaires disent qu’il est dans un processus d’auto-destitution permanente. C’est vrai. D’une certaine manière, il est aussi parvenu à créer une certaine anesthésie en mettant la barre tellement bas dans la manière dont il assume sa fonction de président, le standard est tellement bas qu’on se demande… c’est la personne qui dit : « Si je me mets au milieu des Champs-Elysées (locaux) et que je tue quelqu’un, il ne se passera rien ». Il est convaincu d’une certaine invulnérabilité. Au moins, il le dit. En son for intérieur, c’est une personne d’une vulnérabilité incroyable : la victime d’un père indigne, son propre père étant lui-même victime d’un père indigne et ainsi de suite. Ça peut déjà durer un certain nombre de générations. Mais ça, ça ne donne pas des gens avec de la confiance en soi. Ce sont des gens comme ça qui sont obligés, en permanence, d’essayer, par leur activité de prédation sur le monde, de se recréer une image intérieure.

Alors, qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ? Le vote a eu lieu effectivement à la Chambre. Il doit avoir lieu au Sénat. Ce qu’il y a, c’est que dans ce processus d’impeachment dont parle la constitution américaine, il n’y a pas de définition très claire des règlements et donc, c’est aux chambres de définir de manière précise ce qui va se passer, comment on va procéder et ainsi de suite. Et il se fait que c’est ce qu’ont fait les Démocrates, si vous voulez, du côté de la Chambre. Ils ont mis un soin quasiment excessif à respecter toutes les procédures, à ne pas se montrer faisant preuve d’un énervement quelconque, en montrant qu’ils se présentaient comme les représentants de la constitution. Les Républicains qui n’avaient pas la possibilité de venir vraiment avec des preuves convaincantes que les accusations envers M. Trump étaient fausses n’ont pas pu faire autrement que d’essayer de s’en prendre à la procédure. Ils ne sont pas arrivés à grand-chose, sauf à des déclarations de soutien de principe à M. Trump et à soulever des questions de vice de forme à l’infini. Tout ça n’a pas été toujours extrêmement passionnant en raison justement de l’accent mis sur les questions de procédure.

Avant que les deux articles d’impeachment de high crimes et misdemeanours, le premier lié à l’activité de la tentative d’extorsion de M. Trump vis-à-vis du Président Zelensky d’Ukraine et, le deuxième chef d’inculpation, d’obstruction à l’activité du Congrès dans la mesure où le président a refusé, a interdit à son entourage de venir témoigner, etc., ce qui ne l’a pas empêché bien entendu de dire qu’il était très injuste qu’il ne puisse pas se défendre mais c’est lui essentiellement qui empêchait qu’un processus de défense n’ait lieu.

Et donc, M. Mitch McConnell – qui est l’équivalent du côté du Sénat, disons, de Mme Pelosi qui dirige la Chambre au nom des Démocrates, l’Assemblée Nationale, du côté du Sénat – c’est un certain M. Mitch McConnell qui, lui, n’a pas rendu les choses faciles pour son camp en laissant entendre qu’il n’allait pas respecter l’esprit de la constitution, en affirmant qu’il allait définir ce qu’il allait faire du côté du Sénat en coordination étroite avec les counsels, les conseillers juridiques de M. Trump à la Maison Blanche. Là, il enfreint le cadre général qui est celui d’une indépendance législative vis-à-vis de l’exécutif dans une question comme l’impeachment. Mais cela a permis à M. Laurence Tribe, qui est un grand constitutionnaliste américain et le monsieur qui a écrit l’année dernière un livre sur le processus d’impeachment, de conseiller à Mme Pelosi, dont je vous avais dit, quand Mme Pelosi a commencé à parler de cette affaire d’impeachment, j’ai dit : « Elle vient de lire le livre de M. Tribe ». C’est très clair.

Et M. Trump lui a dit, et elle a repris ça : « Nous, nous ne bougeons pas tant que M. Mitch McConnell ne nous a pas défini la procédure exacte selon laquelle le Sénat va fonctionner ». Donc, elle a bien joué. Elle n’y aurait peut-être pas pensé si M. Tribe ne lui avait pas dit. Elle l’aurait peut-être déduit, comme je l’ai fait, en lisant simplement le livre de M. Tribe. La balle est dans le camp Républicain. Tant qu’ils ne disent pas quelles sont les règles de jeu, de ce qui va se passer, Mme Pelosi a beau jeu, elle, de dire : « Tant qu’on ne sait pas ce qu’on va faire, tant qu’on ne sait pas s’il y aura des témoins – on ne sait pas si on va faire ceci ou comme ça – moi, j’attends que vous soyez prêts ! ». Alors, qu’est-ce qu’il lui répond M. Mitch McConnell ? « Ah, Ah ! vous avez peur maintenant ! ». Les Démocrates n’ont pas à avoir peur. Au niveau de la Chambre, ils ont voté l’impeachment donc le problème est pour l’autre côté. Le problème maintenant des Républicains, c’est d’empêcher que la destitution ne soit confirmée par le Sénat.

Alors, qu’est-ce qu’il va se passer ? On attend. Le temps joue pour les Démocrates. D’abord parce qu’il continue à y avoir, au niveau des cours locales, des procès qui ont lieu où sont impliqués en particulier M. Giuliani, avocat maintenant de M. Trump, ancien maire de New York, chef de la « seconde équipe » en Ukraine qui parasitait celle des ambassadeurs, du consulat, du corps diplomatique classique. Et M. Giuliani, on apprend des choses tous les jours. On a appris – si j’ai bon souvenir, c’était avant-hier – qu’il dirigeait aussi une équipe parallèle vis-à-vis du Venezuela. Il est probablement payé par de l’argent qui vient d’oligarques soit ukrainiens, soit russes et un certain M. Lev Parnas qui va passer en procès va pouvoir expliquer d’où vient exactement l’argent de M. Giuliani pour défendre M. Trump. Il y a encore un tas de choses qui peuvent apparaitre au niveau des tribunaux locaux et aussi, il y a le fait que M. Trump est une personne qui a cette disposition toute particulière à péter les plombs. Je voyais une journaliste qui disait : « Le plan secret des Démocrates, à mon avis, c’est simplement de le rendre complètement fou en sachant qu’il va continuer de s’énerver comme il le fait et que, donc, à chaque jour qui passe, il va pouvoir encore faire une bourde supplémentaire qui viendra s’ajouter au dossier » [Ceci était dit le 31 décembre ; l’assassinat du général iranien Soleimani sur ordres de Trump interviendrait trois jours plus tard, le 3 janvier].

Alors, tout ça dans un contexte où, à la fin de l’année – si on arrive à la fin de l’année 2020 ! – il y a de nouveau des élections présidentielles où M. Trump pourrait se représenter. C’est la tradition aux États-Unis – comme dans beaucoup de pays – qu’un président sortant se représente. Alors, tout le monde le sait, il a le soutien indéfectible, en tout cas, il a un soutien absolu du côté des Républicains mais, ce qu’on oublie de vous dire, c’est que ce qu’on appelle « Républicains », c’est pas coulé dans l’airain. Le nombre de gens qui se disent « Républicains », c’est un truc qui varie aussi. Alors, quand on dit qu’il y a 90 % de gens qui se disent Républicains qui soutiennent Trump, ça ne dit pas le nombre de Républicains par rapport au nombre de Démocrates [35% vs 43%]. Et surtout, il y a, entre les deux, vis-à-vis des sondages en particulier, une frange intermédiaire d’environ 15 % des gens qui se disent indépendants et qui, eux, sont bien entendu plus disposés à soutenir un camp ou l’autre.

Alors, horizon fin de l’année, de toute manière, d’une élection, quoi qu’il arrive, à laquelle se présenteront des candidats qui, si M. Trump est toujours là, seront des candidats Démocrates qui se présenteront en face de lui et, là, le camp n’est pas… comment dire ? Tout ça n’est pas très très convaincant jusqu’ici. Pourquoi ?

Qu’est-ce qu’on a comme candidats ? On a M. Joe Biden et ce M. Joe Biden est particulièrement plombé – je vous l’ai dit le premier jour – par le fait que les Républicains peuvent dire que le scandale en Ukraine – et ils l’ont dit depuis le début – ce n’est pas tellement le fait que M. Trump ait voulu faire du chantage vis-à-vis du président ukrainien en échange d’obtenir un avantage, des informations défavorables sur M. Joe Biden en échange de l’aide militaire de 391 millions de dollars. M. Joe Biden a été mis en cause immédiatement par les Républicains parce que, que disait M. Giuliani ? Qu’en fait, il était, lui, en Ukraine pour dénoncer, pour trouver des informations sur les malversations de la famille Biden en Ukraine.

Et là, je l’ai dit dès le premier jour, dès qu’il y a eu, qu’on a entendu parler en septembre du rapport d’un lanceur d’alerte où M. Joe Biden est incriminé en particulier parce que son fils Hunter, qui est une personne qui a des problèmes d’addiction comme on dit, recevait en Ukraine, comme membre d’un conseil d’administration de la compagnie Burisma, des chèques de 50 000 $ (disons que ça nous fait 45.000 €) par mois simplement pour être assis là et avoir le nom de son père. Il était clair que, ça, ça allait plomber le camp Démocrate immédiatement, les Républicains pouvant dire que le scandale, il n’est pas du côté de M. Trump, il est du côté de M. Joe Biden. D’autant que M. Joe Biden était intervenu à l’époque où il était vice-président de M. Obama pour faire révoquer un procureur ukrainien dont tout le monde disait à la Commission européenne, etc. que c’était un type corrompu (donc il n’y a peut-être pas gros scandale là) mais ce monsieur, vice-président des États-Unis aurait pu quand même comprendre que ça ne se fait pas de mettre simplement son fils comme une potiche à recevoir 50.000 $ par mois simplement parce qu’il porte le nom de son père, que ça allait lui retomber dessus.

Alors, quand il est question maintenant de faire venir des témoins pour le jury qui va se tenir au Sénat sur la question de l’impeachment, les Républicains ont tout de suite dit : « Parmi les témoins que nous on demandera, on demandera M. Joe Biden et éventuellement son fils », ce à quoi M. Joe Biden a fait l’erreur monumentale – et là, il plombe son camp Démocrate – en disant « Je ne me rendrai sûrement pas. C’est une « deflection », c’est une diversion de la part des Républicains », etc., etc. Il aurait mieux valu qu’il dise oui. En plus, ça ne l’arrange pas dans sa candidature à la primaire du côté Démocrate de montrer qu’il se débinerait lui aussi devant une invitation à venir parler. Il est quand même… il reste le plus haut dans les sondages pour une primaire du côté Démocrate, ce qui n’est pas terrible pour les Démocrates. Si la procédure traîne en longueur du côté du Sénat pour l’impeachment, tous ces candidats qui sont sénateurs seront des témoins, enfin ce sont des jurés, pardon, pas des témoins : ils seront des jurés et donc, ils devront être là et ne pourront pas faire campagne pendant ce temps-là.

Qu’est-ce qu’on a encore ? On a M. Sanders que l’opinion aime beaucoup. C’est une personne qui s’est toujours dite socialiste. Son problème, c’est qu’il a 78 ans et qu’il aura 79 ans au moment des élections et que, il n’y a pas tellement longtemps, il a eu une crise cardiaque dont on dit « Oui, mais c’est pas un problème, etc. ». Il aura quand même 79 ans au moment des élections. Je sais bien, avoir 79 ans maintenant, c’est comme avoir 69 ans avant ou même peut-être même avoir 59 ans à l’époque où moi j’étais gosse mais, quand même, ça ne fait pas tout jeune. Je pense à l’âge que j’ai, moi, personnellement [sourire]. Bon, en plus, il a beaucoup plus d’années que moi ! Alors, c’est un problème.

M. Joe Biden, en plus du fait qu’il est plombé par cette histoire d’Ukraine, n’est pas très jeune non plus. Mme Warren, elle est plus jeune. Elle a le désavantage aux États-Unis d’apparaître vraiment comme très à l’extrême-gauche, ce qui permet tout de suite à Trump, quand il en parle, de l’appeler « socialisto-communiste » ou des machins comme ça et en plus, M. Trump appelle Mme Warren « Pocahontas », le nom d’une princesse indienne en raison des ennuis qu’a eus Mme Warren pour avoir, quand elle s’est présentée en 1986, pour se présenter à la barre. Comme appartenance ethnique, elle a mis « amérindienne ». Pourquoi est-ce qu’elle a fait ça ? Parce que, dans sa famille, on a toujours dit qu’il y avait un ancêtre qui était indien dans la famille. Ça arrive dans beaucoup de familles américaines. Moi, je peux vous dire, j’ai une fille américaine à qui son grand-père a dit devant moi et devant elle que, dans la famille aussi : « Oui, oui, nous aussi on descend de Pocahontas ! » [il y a même un arbre généalogique fait au XIXe siècle]. C’était avant même qu’on parle de Warren et de ses relations indiennes. Ça n’a jamais conduit personne dans ma famille et dans mon ancienne belle-famille à dire qu’on était Indiens mais là aussi, etc., on peut dire ça.

Pourquoi est-ce qu’elle a fait ça Mme Warren ? C’est une espèce d’idéalisme de jeunesse. On a l’impression, en étant un blanc américain, qu’on n’est pas vraiment dans le bon camp pour des raisons diverses. Il y a les Amérindiens d’Amérique du Nord, des États-Unis. Il y a les Amérindiens qui viennent souvent du Mexique, d’Amérique centrale. Il y a les gens qui sont là parce que leurs ancêtres ont été amenés comme esclaves, etc. Quand on vous dit : « À quel groupe appartenez-vous ? », c’est très tentant, je dois dire, de dire « Je suis Amérindien » pas parce qu’on croit que les ancêtres étaient vraiment là mais, je dirai, par sympathie. C’est un geste d’affiliation idéologique, etc. Ça lui est retombé dessus. Trump l’a mise au défi de faire un examen d’ADN, de son patrimoine génétique. Là, heureusement pour elle, on lui a dit que, oui, manifestement, il y avait sans doute… Il y a 6 à 8 générations avant, il y avait probablement, qu’il y avait une haute probabilité qu’il y ait effectivement quelqu’un d’ascendance amérindienne. Alors, elle a dit tout de suite : « M. Trump, envoyez donc le chèque d’1 million que vous avez promis à telle fondation des mères amérindiennes, etc. ». Qu’est-ce qu’il a répondu M. Trump ? Je ne vais pas vous surprendre : « Je n’ai jamais dit ça ! ». C’est lui, c’est le personnage [rires]. Quand il promet un truc, il dit après : « Je ne l’ai jamais dit » et ainsi de suite.

Qu’est-ce qu’il reste encore pour terminer ? On va sans doute avoir… On a comme candidat Démocrate M. Biden, éclopé par son histoire d’Ukraine et son fils Hunter, M. Sanders, éclopé par le fait qu’il vient d’avoir une crise cardiaque et qu’il est vraiment très vieux. Oups ! je n’aurais pas dû le dire. Mme Warren avec ses trucs… Extrême gauche, pour moi, ce n’est pas un souci, vous le savez bien mais vis-à-vis de la population américaine en général, et puis cette histoire qu’elle traîne : en 1986, qu’est-ce qu’elle a comme âge ? Elle a 37 ans au moment où elle fait ce truc qui est probablement un mensonge de s’inscrire au barreau comme étant Amérindienne.

Alors, qu’est-ce qu’on a maintenant ? On a M. Bloomberg, M. Bloomberg qui apparaît de nulle part. Michael Bloomberg, un milliardaire. Ce n’est pas un milliardaire comme Trump. Il a gagné son argent « honnêtement » à l’intérieur du système comme il est, pas en trompant les impôts, pas en trichant de telle et telle manière, pas en recyclant de l’argent sale, pas en prétendant qu’il possédait des choses qu’il ne possédait pas, pas simplement en faisant des franchises avec le nom Trump sur des trucs qui ne lui appartiennent pas et ainsi de suite, quelqu’un qui a gagné son argent à l’intérieur du système capitaliste américain « comme il faut ». Et là, M. Bloomberg, qui a quand même fait de la politique déjà, il a été maire de New York, il arrive et, là, qu’est-ce qu’il fait ? Il fait des chèques. Il fait des chèques, il va dans les états qui risquent encore de voter Trump la prochaine fois et il fait de gros chèques pour faire de la publicité, ou va faire de la contre-publicité contre Trump, c’est-à-dire qu’il utilise d’une certaine manière contre Trump les mêmes armes que Trump lui utilisait.

Et là, qui est-ce que ça peut influencer d’avoir Bloomberg en face ? Les gens qui votent Trump parce qu’ils admirent un millionnaire. Voilà. Pourquoi est-ce que les gens votent Trump ? On a tendance à dire… Moi, j’ai tendance à dire aussi parce qu’il dit « Make America Great Again » et que tout le monde comprend que ça veut dire « Make America White Again », qu’on rende les États-Unis blancs à nouveau.

Ah, et ça m’a fait plaisir que l’un d’entre vous m’envoie une lettre l’autre jour en disant : « Vous savez, dans le domaine francophone, vous êtes le premier à avoir attiré l’attention sur le fait que Trump, c’était véritablement un raciste, que c’était quelqu’un qui se présentait dans une position essentiellement raciste à une époque où, un an avant, quiconque d’autre dans le domaine francophone, au moins européen, dise quelque chose de cet ordre-là ». Les gens se reconnaissent en lui parce qu’il dit « Vous êtes peut-être de la merde mais il y a des gens qui sont encore pires que vous, tous ces Amérindiens qui viennent d’Amérique centrale, tous ces gens qui sont des descendants d’esclaves chez nous. Je vais remettre l’économie sur pied, etc. Je vais faire revenir tous les jobs qui sont partis » alors que 87 % des jobs qui sont partis, c’est simplement de la mécanisation : ça n’a rien à voir avec de la délocalisation.

Mais, ce qu’on oublie, c’est qu’il y a aussi des gens qui votent pour Trump en vote simplement de protestation. C’est le vote, je dirais, « Zazie dans le métro ». Vous vous souvenez sans doute des premières pages de Zazie dans le métro de Raymond Queneau : la petite fille qui est là, qui a 8 ou 10 ans, et le monsieur qui lui dit « Ma petite, etc., qu’est-ce que tu veux faire quand tu es grande ? ». Elle dit : « Je voudrais être institutrice. » Le monsieur dit « Ah, c’est formidable ça ». Et alors, il lui dit : « Pourquoi tu veux faire ça, pourquoi tu veux être institutrice ? » et la petite qui dit « C’est pour faire chier les mômes! ». Le monsieur, évidemment, est très très choqué. Si j’ai bon souvenir, comment s’appelait-il celui qui jouait ce rôle-là dans le métro ? Un de nos grands acteurs dont le nom m’échappe maintenant [Philippe Noiret]. Pourquoi est-ce que je pense à Zazie dans le métro ? Ah oui, c’est pas pour des raisons positives qu’elle veut devenir institutrice : c’est pour se venger !

C’est comme le type qui est populaire parce qu’il pète dans les soirées et qu’il vomit sur la table et ainsi de suite. C’est celui qui fait mauvaise impression. C’est celui qui n’est pas bien élevé et qui est l’éléphant de porcelaine parmi les gens du beau monde, etc. Il y a des gens qui soutiennent Trump simplement comme ça parce que c’est un voyou, parce qu’il est mal élevé et ainsi de suite. Et ceux-là peuvent peut-être se laisser impressionner par un autre milliardaire, par un vrai milliardaire dans le sens américain parce que, pour avoir quelqu’un qui a vraiment gagné son argent comme les bouquins vous disent qu’il faut gagner son argent, les bouquins de management et compagnie, et pas simplement en trichant par rapport au système, en trichant sur les impôts, son père qui le sauve à la dernière minute en achetant pour des millions des jetons de son casino avec un fonds qui est alimenté par une opération véreuse, de transférer des sommes pour les faire échapper aux impôts et des choses de cet ordre-là.

Où est-ce qu’on en est donc ? On va sans doute avoir Michael Bloomberg et il n’est pas impossible, connaissant le pays, que ce soit lui qui l’emporte parce qu’il a en face de lui, ses concurrents, ceux qui sont les mieux placés – je n’ai encore parlé que des mieux placés, Mme Kamala Harris a déjà  disparu de la circulation – des gens qui sont plus ou moins éclopés.

Alors, tous les gens qui vous disent : « Moi, je sais ce qu’il va se passer en 2020. Trump ne sera pas destitué. Il sera réélu », etc. Tous ces gens-là, je ne peux dire qu’une seule chose, c’est qu’ils ne connaissent pas les dossiers. Ils ne sont pas informés. Alors, je le leur rappelle plus ou moins quand ils interviennent de manière trop tonitruante sur mon blog. On ne peut pas, on ne peut pas savoir ce qu’il va se passer. Il y a trop d’éléments. Ce n’est pas comme une crise des subprimes où on peut dire : « Voilà, entre le point A et le point B, il y a une ligne qui est clairement tracée ». Non, on ne sait pas du tout ce qu’il va se passer. En plus, il peut se passer encore des tas d’autres choses dans le monde qui peuvent avoir un impact aux États-Unis même et dans le monde en général, qui peuvent influer sur ce processus.

Voilà. Dernier jour de l’année. Un petit panorama de la situation aux États-Unis à partir d’éléments venant de différents horizons.

Allez, à bientôt !

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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