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- Le Mouvement réformateur (Belgique) est un parti politique belge libéral
- M. Axel Miller fut PdG de Dexia de 2006 au 30 septembre 2008
La nouvelle m’a envahi de nostalgie. J’ai voulu me replonger dans l’atmosphère de cette époque où la population (toujours mal avisée) exprimait une amertume (très déplacée) envers certains banquiers prétendument « responsables » de la crise financière.
Voici ce que j’écrivais par exemple ici, le 26 février 2012, à propos de Dexia :
À part quelques errements dus à l’hubris personnelle, ces dirigeants ont mené Dexia à sa perte retentissante avec l’aval de tous ceux autour d’eux dont l’avis pouvait compter. Disons-le autrement : le Titanic a sombré dans l’enthousiasme général, non seulement de la classe financière mais aussi de la classe politique dans son ensemble ! Ce qui s’est passé, c’est en effet exactement ce qu’ils voulaient : privatisation à tout crin, dérégulation à toute pompe, pour faire place à une autorégulation dont on a découvert au grand regret de tout le monde qu’elle était morte à un moment difficile à préciser entre l’époque d’Adam Smith et la nôtre, sans qu’on s’en soit malheureusement aperçu en temps utile.
Le Titanic n’a pas sombré à la grande satisfaction des actionnaires de Dexia bien entendu, ni celle des contribuables belges et français à qui on demande maintenant de régler l’ardoise en leur disant : « C’est la faute à pas de chance ! »
Or, si ce n’est ni la faute à « pas de chance », ni la faute à ces individus particulièrement peu doués pour le métier qu’ils ont exercé chez Dexia – et qu’ils continuent d’exercer aujourd’hui ailleurs, à notre grande inquiétude, c’est bien la faute au fait que nous acceptons de nous lancer dans de grandes aventures comme Dexia sans avoir la moindre idée de la manière dont tout ce système financier fonctionne – c’est le « valideur de modèles financiers » que j’ai été à une époque, qui vous parle ici.
Pas la peine de convoquer d’outre-tombe M. Bérégovoy pour lui demander : « Mon pauvre ami, qu’est-ce qui a bien pu vous passer par la tête ? », pas la peine de convoquer tous ces « experts », dont la supposée « expertise » ne valait pas un clou à l’épreuve des faits, pour leur attribuer une responsabilité évaluée au pifomètre dans ce qui s’est passé.
Mais ce qu’il vaudrait la peine de faire – et je suggère qu’on s’en occupe toutes affaires cessantes – c’est de réunir tout ce beau monde pour leur faire dire devant un micro et une caméra – comme M. Greenspan dans ses petits souliers devant une commission du Congrès américain en octobre 2008 : « Je croyais ceci et cela et je me suis complètement planté : ce n’est pas du tout comme cela apparemment que ça marche », on apprendrait au moins quelque chose et – on peut toujours rêver – on pourrait peut-être tirer des leçons de toute cette ignorance, de toutes ces certitudes sans fondement, de toute cette arrogance d’apprenti-sorciers, la prochaine fois…
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