État d’urgence. Comment sauver le genre humain, le 30 décembre 2019 – Retranscription

Retranscription de État d’urgence. Comment sauver le genre humain, le 30 décembre 2019.

Bonjour, nous sommes le lundi 30 décembre 2019 et ma vidéo d’aujourd’hui s’intitulera « État d’urgence. Comment sauver le genre humain ». Et c’est le titre du livre que Vincent Burnand-Galpin et moi terminons ces jours-ci. Il ne reste vraiment pas grand-chose à ajouter. Nous avons promis de déposer le manuscrit lundi prochain, exactement dans une semaine, aux Éditions Fayard qui ont promis de le publier.

À ce stade-ci, il y a parfois déjà une couverture, une 4e de couverture. Ce n’est pas encore le cas mais je suis sûr que ce sera produit dans les premières semaines du mois de janvier. Le livre doit paraître en avril.

Alors, c’est quoi ce livre ? Une réflexion m’était venue, c’était en septembre de l’année dernière, en 2018, à propos d’un texte que Cédric Chevalier avait produit et que j’avais publié sur le blog. Je ne sais pas s’il l’avait publié aussi dans un hebdomadaire ou un quotidien. Ça s’appelait « Déclarer l’état d’urgence pour l’humanité » et ça m’avait donné l’envie de faire une série de conférences, que j’ai faites à l’Université Catholique de Lille. Si j’ai bon souvenir, c’était le mardi soir. Chaque mois, j’ai fait un exposé pendant 6 mois et vous êtes venus. Certains d’entre vous sont venus m’écouter. C’était très gentil, très aimable à vous. Il y a eu du monde. La société civile en particulier, comme on dit, sous la forme de gens de l’extérieur, mais aussi de collègues, de chercheurs de la Catho à Lille proprement dite, sont venus m’écouter.

Et je me suis retrouvé donc avec des enregistrements de ce que j’avais dit. J’avais un plan. Je voulais parler de choses systématiquement et je me suis retrouvé avec les enregistrements et, en écoutant les enregistrements, par la suite, je me suis dit : « Il y a matière à un livre ».

Vincent Burnand-Galpin et moi, nous travaillons ensemble. Je n’ai pas vérifié. Ça doit être de l’ordre d’entre un an et demi et deux ans. Ça avait commencé par une invitation qu’il m’avait faite dans son école : l’ENSAE. J’étais allé parler là. Et puis, de fil en aiguille, d’ailleurs je ne sais plus comment ça s’est produit, mais est-ce que c’est moi qui lui ai proposé de collaborer sur un texte ? C’est possible [il m’a proposé de m’aider dans la documentation  de papiers que j’écrirais. Il l’a fait 2 ou 3 fois, après quoi je lui ai proposé que nous rédigions un article ensemble]. Je réfléchissais à cette époque-là à l’idée d’une constitution pour l’économie. En tout cas, on a commencé à écrire ensemble. On a dû faire une demi-douzaine d’articles qui ont été publiés dans différentes revues. Au moment de réfléchir à ce projet avec Fayard, nous nous sommes dit que ce n’était pas une mauvaise idée de le faire ensemble. Et donc, voilà, c’est terminé.

De quoi s’agit-il ? Il s’agit effectivement – c’est le sous-titre qui le dit – d’une recette, d’une méthode : « Comment sauver le genre humain ».

Il y a plusieurs méthodes possibles. Là, nous essayons de proposer de manière cohérente une façon de le faire. Je le dis tout de suite : c’est un texte réformiste, c’est-à-dire que ça propose des mesures qui devraient être prises par les parlements, qui devraient être utilisés par des États tels qu’ils existent maintenant. Ce n’est pas un projet révolutionnaire. Ce n’est pas de dire : « On va faire la révolution et après la révolution, on aura un système qui marchera ! ». Non, c’est plutôt dans la tradition de tous ces gens que j’aime beaucoup, qui sont critiqués systématiquement dans la dernière partie du Manifeste communiste de MM. Karl Marx et Friedrich Engels : ceux qu’ils appellent « socialistes petits bourgeois », ceux qui les appellent « socialistes utopiques » et vous savez qu’effectivement, je me situe du côté de ces gens-là et on a eu l’amabilité de me donner – ce n’était pas l’été dernier mais l’été d’avant – de me décerner le prix Élisée Reclus à Sainte Foy la Grande, ce qui m’a fait énormément plaisir non pas parce que c’est effectivement la seule médaille, la seule distinction que j’aie jamais reçue mais parce que, à mon sens, c’est celle qui remplace toutes les autres et j’en suis particulièrement fier.

Vous le savez, Élisée Reclus, c’est un anarchiste, appelons les choses par leur nom, mais ce n’était pas un révolutionnaire. Il a écrit des choses très méchantes sur la révolution et nous reproduisons quelques passages d’ailleurs dans l’ouvrage qui va paraître, sur les systèmes qu’on met en place « au hasard des balles perdues » : ce n’est peut-être pas le meilleur moyen de faire. De toute façon, chers amis, on n’a pas le temps. On n’a pas le temps de dire : « On va faire la révolution d’abord comme ceci comme cela et après, on va… ». Non, maintenant, l’urgence, c’est vraiment l’urgence. C’est des échéances, je ne vais pas dire 2020 parce que, ça, c’est dans 2 jours, mais on va dire 2025-2030-2035. Il faut aller très très vite.

Ce n’est pas non plus un texte dans la perspective …  je lisais hier, je ne me souviens plus du magazine, il s’appelle Ballast quelque chose, qui est une critique des collapsologues en disant : « Oui, mais vous n’allez pas d’abord résoudre le problème de la pauvreté. Oui, mais vous n’allez pas d’abord résoudre le problème des inégalités ». Vous connaissez mon opinion là-dessus : je me suis battu pendant 73 ans, et je vais continuer de le faire, pour qu’il n’y ait pas de pauvreté, pour qu’il y ait une égalité beaucoup plus grande dans nos sociétés, qu’on mette fin à la concentration de la richesse comme elle l’est maintenant mais là, je ne peux pas suivre les raisonnements qui nous disent : « Il faut d’abord attendre que tous les Chinois gagnent autant d’argent que nous, il faut d’abord attendre qu’il n’y ait plus de pauvres dans nos sociétés… » Ça, excusez-moi, c’est une manière de dire qu’on ne fera rien parce que ça fait effectivement au moins 2000 ans qu’on se bat là-dessus.

Un certain Jésus-Christ a dit à une époque, dans une fameuse parabole, la « parabole des talents » : « Au riche, on donnera encore davantage et au pauvre, on lui prendra encore le peu qu’il a ». C’était comme ça. J’ai fait tout ce que j’ai pu pendant les 73 ans pour que ça ne soit plus le cas mais là, je parle d’autre chose. Qu’est-ce qu’il faut faire maintenant dans une situation d’urgence et proposer des méthodes qui soient envisageables au moins par l’ensemble de la population, c’est-à-dire y compris les banquiers ?

Hier, il y avait une remarque, justement, qui m’était faite dans ce sens-là : qu’il faut d’abord supprimer la pauvreté. Il faut d’abord que tous les pays du tiers-monde arrivent au même niveau de richesse que nous.

Ce qu’on a fait dans ce livre, c’est une proposition libertaire à laquelle le MEDEF se ralliera ! Ça paraît la quadrature du cercle mais c’est ça le projet, c’est-à-dire quelque chose d’irréprochable sur le plan conceptuel, au point que le milieu des affaires, les marchés, etc. ne pourront que s’y rallier sauf à dire « Voilà, liquidation totale, on pille jusqu’au dernier moment et puis on ferme la boutique ! ». Quelque chose auquel les marchés puissent se rallier.

Et à la fin du livre, je rappelle cette anecdote que j’ai racontée encore récemment, c’est-à-dire l’été dernier, à Louvain-La-Neuve, à cette émission où je me trouve avec un banquier sur France Culture, avec M. Jacques Attali qui fait l’arbitre et ce type qui me donne entièrement raison. Et après, je lui demande pourquoi, et il me dit : « C’est parce qu’un jour ou l’autre, les marchés se rallieront à votre position parce que c’est la position raisonnable. C’est ça qu’il faut faire ! ».

Alors, le moment est venu, chers amis, de dire : « Chiche ? ». Ah, oui, les banquiers sont d’accord ? Très bien ! Maintenant, Vincent et moi, on a mis ça sur le papier : on en a fait un programme. C’est, je vous le répète, réformiste. Il n’y a pas de coups de fusils tirés en arrière plan. Non, c’est dire : « On peut faire comme ceci ».

Est-ce que ça va résoudre les injustices ? On essaie. Ma proposition de la gratuité sur l’indispensable, vous la retrouverez dans le livre. Ma proposition de réinjecter de l’argent dans l’économie en revenant à l’interdiction de la spéculation, ce n’est pas une invention de maintenant : c’est revenir à l’ancienne interdiction de la spéculation. Toutes ces choses que j’ai pu proposer : une constitution pour l’économie, une modification, un retour des règles comptables dans la démocratie, c’est-à-dire la possibilité pour nous de définir les principes comptables autrement qu’ils ne sont maintenant parce que, pour le moment, ils sont, comment dire ? manipulés dans le sens de l’augmentation du profit des entreprises et de la destruction de tout le reste autour. Ils sont écrits de telle manière à dire que le travail, c’est une charge pour l’entreprise. Tout ça, c’est bidon ! C’est des conventions. C’est des choses qu’on peut écrire autrement. Il est essentiel d’écrire ça autrement !

Alors voilà, ce sont des propositions. Nous avons pris au sérieux le sous-titre qu’on a mis. Au départ, c’était donc les leçons que j’ai données à Lille. Ça s’appelait : « Déclarer l’état d’urgence pour sauver l’humanité ». Là, en discutant avec l’éditeur, avec Fayard, on a décomposé le titre. On en a fait « État d’urgence » d’un côté et « comment sauver le genre humain ». Nous prenons au sérieux notre sous-titre : nous donnons véritablement une méthode, une recette. Nous le disons dès le départ : il y en a peut-être d’autres mais, au moins, notre bouquin aura un avantage, c’est qu’il propose quelque chose et pas simplement des « Il faudrait s’inquiéter pour l’extinction de l’humanité. Il faudrait peut-être faire des choses… ». Non : il y a comme une méthodologie.

On parle systématiquement des économies de guerre qui ont eu lieu aux États-Unis, en Grande-Bretagne. On parle sérieusement de la planification qui a eu lieu en Union Soviétique et qui a lieu en Chine en ce moment et qui a eu lieu en France et en Belgique, etc. Nous prenons au sérieux le fait de proposer des choses qui feraient qu’on s’assoie autour d’une table et qu’on dise : « Voilà, comment est-ce qu’on peut faire ce que nous proposons là dans le livre ? ». C’est pragmatique. C’est réaliste. Ça essaye de faire quelque chose et, comme je le dis, ça met effectivement entre parenthèses d’autres types de solutions auxquelles, ce n’est pas que nous n’y croyons pas mais on ne voit pas comment, dans le temps qui nous est laissé, on pourrait le faire raisonnablement. Nous devons nous préparer à planifier à nouveau. Nous devons nous préparer à éventuellement rationner si nécessaire. Des choses de cet ordre-là. On ne peut plus faire l’économie de dire : « Ah, ce serait une bonne idée ! », etc.

Ce que nous avons essayé de faire, c’est une sorte de manuel. C’est un peu dans la perspective, vous le verrez à la fin, d’un ouvrage que Vincent avait écrit, qui était le Guide d’action du lycéen engagé avec des recettes précises : « Si vous êtes ceci, faites cela. Si vous avez la possibilité de faire ceci, vous pouvez le faire », etc. Quelque chose de l’ordre du pratique.

Voilà, comme je vous le dis, ça ne sort pas tout de suite. Nous terminons à l’instant. Ça doit sortir en avril, ça n’empêche pas qu’on en parle avant bien entendu. Il faudra qu’on soit prêt aussi pour les discussions au cas où ça retiendrait l’attention. Quand on écrit un bouquin, on espère toujours que ça retiendra l’attention et qu’on prendra au sérieux ce qu’on propose là, et en espérant aussi qu’il y aura des gens qui auront envie de traduire ça dans d’autres langues.

Voilà, « État d’urgence. Comment sauver le genre humain ». Livre à paraître que nous terminons, Vincent Burnand-Galpin et moi, aujourd’hui ou demain et que nous proposerons très bientôt.

Merci !

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