Retranscription de Donald Trump : mes sources, le 7 décembre 2019.
Bonjour, nous sommes le samedi 7 décembre et je vais faire aujourd’hui quelque chose que je vous avais dit que je ferais un jour. Ça s’appellera « Donald Trump : mes sources ».
Alors, voilà, où est-ce que je trouve l’information qui me permet d’en être au 4e volume, 4e tome des aventures de M. Trump. Je vous rappelle que le 1er volume est paru aux Editions du Croquant officiellement le 14 novembre, il y aura bientôt un mois, et il est disponible. Il parle de la période qui va de la candidature de M. Trump à la primaire du Parti républicain jusqu’au milieu de l’année 2018. Il couvre une période assez longue et j’ai appelé le volume… l’ensemble s’appellera « La chute de la météorite Trump » et ce 1er volume s’appelle « Un objet populiste mal identifié ». Mais, je vous avais donc dit qu’un jour, je vous parlerais de mes sources.
Alors, c’est quoi mes sources ? C’est essentiellement des articles de journaux. Je suis abonné en particulier au Washington Post, au New York Times et au Guardian. Je trouve des choses aussi dans le Wall Street Journal auquel je suis abonné également et là, ça fait combien ? Ça fait probablement 22 ans que je suis abonné au Wall Street Journal où je trouve pas mal de choses et où, curieusement, dans cette publication qui est maintenant une publication de M. Robert Murdoch, on trouve pas mal de choses qui auront joué un rôle essentiel dans la chute de M. Trump. Alors, bien entendu, le Wall Street Journal, c’est très proche des milieux de la finance même si les journalistes sont en général d’excellents journalistes qui ont une indépendance par rapport à la direction du journal et, surtout, du Editorial Board, le comité de rédaction qui, lui, est d’une extrême-droite de type, je dirais, en col blanc, ultralibérale, très très marquée, très conservatrice mais dans un sens frileux, un Républicanisme qui n’est pas le proto-fascisme de M. Trump. Qu’est-ce que je regarde encore ? Je regarde pas mal de télé. Je regarde MSNBC. Je regarde CNN. Je regarde C-Span. Je regarde aussi PBS, Public Broadcasting Service. Un truc que j’écoutais plusieurs heures par jour quand j’étais aux États-Unis parce que j’avais… aux États-Unis, on habite souvent très loin de l’endroit où on va travailler donc j’avais pas mal de temps en remontant Malibu Canyon d’écouter PBS.
Donc, pas mal d’informations mais aussi, et c’est surtout de ça que je vais parler aujourd’hui, des livres. Je vais vous parler des livres que je lis, que j’ai lus, que je suis en train de lire et ainsi de suite et vous allez voir, je regarde autour de moi, il y en a déjà pas mal. Je vais aller très vite. Je dis juste un truc sur chaque bouquin sinon, je n’en sortirai pas et vous non plus. Je fais dans un ordre qui est un ordre un petit peu thématique mais voilà…
Alors, ça, c’est un livre. Ce n’est pas récent. C’est pas tout récent : « Trump revealed » (Simon & Schuster 2016). Ce sont des articles. C’est un recueil d’articles essentiellement qui ont paru dans différents journaux sur la jeunesse et l’adolescence de M. Trump. Donc, c’est un recueil. Ça a été un peu mis en ordre mais, quand je vous parle de son père, de son grand-père, de ses affaires tout au début, ça vient souvent de ce livre-là, plus des choses qui sont apparues après que ce livre a été publié. Donc, Michael Kranish and Marc Fisher. Excellent livre ! Il y a beaucoup là-dedans, surtout sur la période pré-Trump président.
Alors, qu’est-ce que j’ai encore ? Puisque je suis dans les choses historiques, ça, c’est un livre encore plus ancien : « The Threat Matrix. The FBI at War in the Age of Global Terror » (Little, Brown and Company 2011) par un excellent commentateur, M. Garrett M. Graff qui écrit dans Wired, la revue Wired. Il écrit des choses contemporaines sur M. Trump mais ça, c’est un livre aussi… C’est plus ancien, c’est 2011. C’est même avant l’aventure Trump et c’est essentiellement l’histoire de M. Mueller. C’est l’époque où M. Robert Mueller, est à la tête du FBI. Ça donne beaucoup d’informations sur qui était Mueller. Les Démocrates ont dû se faire beaucoup d’illusions en ayant lu le livre de M. Garrett M. Graff parce que ça donnait une dimension du personnage, épique. Tout le monde a été très déçu d’avoir un monsieur de quoi ? 76 ans, en réalité très diminué lors de la présentation qu’il a faite devant une commission. C’est un monsieur qui avait résisté beaucoup à se retrouver dans cette situation-là. On croyait que c’était par discrétion, par sens de l’État, etc., mais on a vu que c’était essentiellement un monsieur qui cherche les mots. C’est un monsieur qui doit demander à ses conseillers autour de lui qu’est-ce qu’on lui a demandé exactement et ce qu’il faudrait répondre.
Voilà, c’est les aléas de l’histoire. On comptait sur Mueller, Chef d’un bataillon de Marines, sauvant ses soldats sur le champ d’honneur. Je ne me moque pas des gens qui ont fait ça, c’est formidable, mais c’est pas ça qu’on a vu devant soi, c’est un autre type de personnage. Quand je dis ça à propos des militaires, je suis contre la guerre, je suis contre l’armée aussi, je suis contre les guerres injustes faites par différents pays à différents moments mais le courage personnel, ça c’est quelque chose qu’il faudra toujours reconnaître. Je termine d’ailleurs un papier là-dessus qui paraitra dans la revue « Quinzaines » mais je n’en parle pas maintenant.
Alors, autre chose. Quand M. Trump apparaît, qu’il va être le candidat du Parti républicain, que font les psychiatres américains, les psychanalystes ? Ils se réunissent et ils font un livre « The Dangerous Case of Donald Trump ». 27 Psychiatrists and Mental Health Experts Assess a President » (St. Martin’s Press 2017) en disant : « Ce type est complètement timbré. Il faut certainement pas le nommer président, etc. Ça ne marchera pas ! ». Curieusement, dans ce livre – ça, je vous l’ai dit à l’époque – il y a un article par M. Tony Schwartz. Le meilleur article là-dedans, c’est un article par M. Tony Schwartz qui n’est pas psychologue, qui n’est pas psychiatre et qui dit la chose suivante. Il est le co-auteur du plus fameux livre de M. Trump qui s’appelle « The Art of the Deal », l’art de conclure une affaire. En réalité, c’est M. Tony Schwartz qui est l’auteur du livre. Il a fait ça à partir d’interviews de M. Trump dont il dit qu’il n’a rien pu tirer parce que M. Trump était déjà dans son habitude de rambling, c’est-à-dire de radoter, de dire n’importe quoi. Il l’a fait à partir d’articles qui ont paru, de témoignages par d’autres, etc. Et qu’a dit M. Tony Schwartz dans ce livre de psychiatres et de psychologues ? Il dit : « Il n’est pas fou. C’est une crapule ». Voilà. C’est l’article le plus convaincant. Il n’est pas malade. Il est taré. Si vous voyez la différence… Ceci dit, des articles excellents, je suis reparti d’un des articles de ce livre, moi, pour retourner chez Erich Fromm sur la catégorie de ce qu’on appelle en français maintenant « pervers narcissique ». Oui, il y a des choses à dire sur le personnage de M. Trump. Ma prévision que le suicide n’était pas une issue complètement à exclure dans le cas de M. Trump comme conclusion de l’affaire, elle vient d’une réflexion à partir de choses que j’ai pu lire là et le retour à Erich Fromm dans ses livres des années 60 sur cette notion de pervers narcissique qu’il a essentiellement mise au point dans ces années-là. Voilà.
À quoi est-ce que je passe maintenant ? Les livres qui sont des livres de reportage sur le milieu de M. Trump, sur ce qui se passe autour de lui, ce qui se passe à la Maison-Blanche. Le premier, c’est « Fire and Fury » (Henry Holt and Company 2018) dont on a dit que M. Michael Wolff, c’est quelqu’un qui a fait beaucoup d’erreurs dans ses livres précédents. Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai. C’est quelqu’un qui a été prix Pulitzer et des choses de cet ordre-là. Je vous le rappelle. Il s’était mis dans un coin. Il avait dit un truc gentil sur Trump un jour où on avait été injuste envers lui et Trump lui avait permis d’être à la Maison-Blanche. Il avait trouvé un coin dans un couloir où il se mettait et où il harponnait les gens au passage en disant : « Tiens, vous allez voir Trump ? » ou, « Tiens, vous revenez de voir Trump ? » et il avait fait son livre de cette manière-là. Il s’était convaincu que Trump était un type à abattre. Il était convaincu, Michael Wolff, qu’en publiant ce livre qui est sorti il y a déjà pas mal de temps – je crois que c’est début 2018, je vais essayer de retrouver la date, oui, c’est ça en janvier 2018 – il était convaincu qu’il allait abattre Trump d’un seul coup avec ce bouquin. Ça n’a pas été le cas comme vous le savez : Trump est toujours là.
Alors, un livre du même genre par Bob Woodward, « Fear » (Simon & Schuster 2018). Là, vous le savez, Bernstein et Woodward, ce sont les gens qui ont essentiellement eu la peau de Nixon à l’époque du Watergate. Ici, Woodward a essayé de faire un petit peu la même chose mais il est arrivé juste après Michael Wolff. Ce livre ne contient pas autant de choses originales qu’on pourrait l’imaginer. Ce qu’on trouve dans « Fear », on l’avait déjà eu dans pas mal de journaux, vu à la télé, dans des interviews et des choses de cet ordre-là.
Dernier livre dans le même style. Alors, celui-là, il vient de paraître : « A Warning. A Senior Trump Administration Official » (Twelve 2019) par Anonymous. Je ne l’ai pas encore ouvert. Pourquoi ? Parce que je l’ai reçu avant-hier et que j’en lis un autre dont je vous parlerai plus longuement. Ça, c’est donc par cette personne qui avait lancé l’alarme par une tribune libre anonyme dans le New York Times disant : « Ne vous inquiétez pas. Je suis à la Maison-Blanche. Je m’arrange pour détourner la politique de Trump. Il y a des tas de gens comme moi qui l’empêchent de faire les pires choses qu’il pourrait imaginer ». C’était vrai au moment où il l’avait dit. Après, Trump a retenu la leçon et il a éliminé tous les gens autour de lui. Il n’y a plus personne autour de lui, sauf peut-être sa fille et son beau-fils. Trump en a tiré la leçon. Donc, ce « Anonymous », cet anonyme vient de publier ce qui s’appelle donc « A Warning », un avertissement et qui nous donne de l’information sur l’époque. Il dit aussi : « Maintenant, malheureusement, les gens comme moi qui empêchions Trump de faire les pires choses, ils ne sont plus là ». Donc, c’est l’avertissement. Qui est cet auteur ? Je vous ai déjà dit. Le Washington Post a produit une liste de 26 personnes qui étaient des suspects, etc. J’ai dit : « Ne rigolons pas, c’est M. Rod Rosenstein, l’ancien n° 2 du Ministère de la Justice ». Pourquoi est-ce que je disais ça ? Parce qu’il avait dit des choses pratiquement identiques quelques temps auparavant, 6 semaines si j’ai bon souvenir auparavant, à une réunion, une sorte de colloque sur la sécurité. Bien entendu, pour voir qu’il avait dit la même chose, il fallait regarder ce colloque sur la sécurité, ce qui était mon cas. Voilà, il faut relier les pointillés. Pourquoi est-ce que personne ne sait qui c’est aux États-Unis ? Je crois qu’il y a un certain nombre de gens qui savent comme moi, qui ont déterminé que, pour des raisons politiques, il ne valait mieux pas dire qui c’était.
On continue. Maintenant, je regarde ce que j’ai là. Maintenant, les autobiographies de gens qui disent connaître bien Trump et faire des déclarations à ce sujet-là. Alors, dans ce genre-là, ça se lit. Ça, c’est vraiment très très bien. « Unhinged. An Insider’s Account of the Trump White House » (Gallery Books 2018), ça veut dire… Comment dire ? Péter les plombs, par Mme Omarosa Manigault Newman. Qui est cette personne qu’on voit d’ailleurs sur la couverture avec M. Trump ? Je crois qu’il y a de très beaux portraits d’elle à l’intérieur du livre. Non, j’ai dû voir ça ailleurs. C’est une personne qui a travaillé avec Trump dans ses shows de téléréalité, qui était la méchante, la mauvaise systématique. C’est une femme qui a un excellent talent d’acteur. Elle était, à une époque, dans l’entourage de Trump. Elle était la seule personne d’origine africaine, Afro-américaine, et elle était un petit peu un otage à ce titre-là. Trump la paradait en disant : « Je ne suis pas raciste, je ne suis pas raciste » et on a fini par la virer à la suite de ce qu’on a appelé une indiscrétion et elle a écrit ce livre pour dire : « M. Trump, c’est le pire des racistes que j’ai jamais connu ! ». Et je vous le dis, ça, ça se lit très bien. Si vous avez envie de lire un truc sur Trump qui se lit très facilement, lisez ça ! Ça n’a pas dû être elle exactement qui a dû l’écrire. Ça a dû être des entretiens puis rédigé par quelqu’un dans la firme – je ne trouve pas, ce n’est pas important – qui l’a aidée à écrire ça.
Alors, dans le même style, bien entendu, dans le même style, et il y a un peu de rose là, sur la couverture, c’est « Full Disclosure » (Macmillan 2018) par Stormy Daniels. Stormy Daniels, c’est son nom d’actrice du cinéma porno. J’ai oublié son nom exact mais enfin, vous le retrouverez facilement dans mes différentes publications [Stephanie Gregory Clifford]. Ça, c’est donc la personne qui fait que M. Trump est quelqu’un qui a derrière lui, entre autres, des délits sur le financement de ses campagnes puisqu’on a payé des sommes considérables à cette dame et à une autre, Karen McDougal, une ancienne centerfold, une ancienne dépliant dans le magazine Playboy. Si ça se trouve, évidemment, un mot comme ça n’a jamais été traduit. On dit peut-être même en français centerfold, je n’en sais rien. Ça, c’est une belle histoire. Quelqu’un qui nait dans la misère, qui ne le cache pas, qui explique qu’elle a pu faire un tout petit peu plus d’argent en faisant du striptease et que, du coup, elle a eu une carrière où elle a pas mal gagné sa vie. Elle raconte aussi, bien sûr, l’incident où quelqu’un l’aborde dans un parking en disant : « Si vous continuez à bavarder comme vous le faites, il arrivera quelque chose à votre petite fille là, à côté de vous ». Elle, convaincue, bien entendu, qu’il s’agit de quelqu’un envoyé par M. Donald Trump. Elle raconte avec beaucoup de détails leurs galipettes. Honnêtement, c’est une partie du livre que je n’ai pas lue mais voilà, très intéressant.
Et puis, ma pile commence déjà à s’effondrer. Alors, dans le genre autobiographique, deux autobiographies mais pas par des… voilà, par des gens d’un type différent, « A Higher Loyalty. Truth, Lies, and Leadership » (Flatiron Books 2018) par James Comey, viré de la tête du FBI par M. Trump. Quand M. Trump lui propose d’être loyal (« Je vous serais reconnaissant, etc. »), il emploie le vocabulaire que Comey décrit comme celui des gangsters auxquels il a eu affaire en étant procureur autrefois. M. Comey dit, il a dit à la presse aussitôt : « Ce monsieur parle comme un gangster et se conduit comme un gangster » et du coup, il n’a pas fait une très longue carrière supplémentaire au FBI. C’est une des bêtes noires de l’extrême-droite. C’est un monsieur qui est apolitique comme on dit. C’est vraiment un serviteur de l’État. On reparlera de lui quand on fera la liste des héros qui nous auront sauvés de Trump, il y aura le nom de M. Rod Rosenstein. Il y aura le nom de M. James Comey.
Alors, la personne qui l’a suivi au FBI et qui a subi le même sort, M. Andrew McCabe, aussi une des bêtes noires de l’extrême-droite : « The Threat. How the FBI Protects America in the Age of Terror and Trump » (St. Martin’s Press 2019). Comey, McCabe, ce sont… dans le discours de l’extrême-droite, c’est ce qu’on appelle bien entendu le Deep State. Le Deep State, qu’est-ce que c’est ? Je vous l’ai dit. C’est l’appareil d’État, c’est l’administration. C’est le gouvernement. C’est ce qui fait qu’un État fonctionne. Heureusement que ça existe. Enfin, on est pour ou on est contre le système même de l’État mais si un État doit fonctionner, il faut qu’il y ait des fonctionnaires comme ceux qu’on voit maintenant devant la commission pour l’impeachment, des ambassadeurs qui font leur boulot de défendre l’intérêt général et pas simplement d’être dans des combines avec la mafia locale pour essayer de faire passer leur patron ou pour obtenir un deal juteux sur le côté, etc., des gens remarquables, McCabe, James Comey et il y en a encore d’autres.
Alors, on passe à autre chose. On passe aux affaires de M. Trump. Alors là, il y a eu pas mal déjà de livres sur les rapports de M. Trump avec la Russie. Le premier livre par Michael Isikoff et David Corn, ça s’appelle « Russian Roulette », la roulette russe, « The Inside Story of Putin’s War on America and the Election of Donald Trump » (Twelve 2018), l’histoire vue de l’intérieur de la guerre de M. Poutine contre les États-Unis et l’élection de Donald Trump. Ce n’est pas mal fait mais c’est surtout de type journalistique. C’est des informations que ces auteurs-là, à mon avis, ont trouvé essentiellement dans des articles écrits par d’autres. Ce n’est pas mal fait mais ça ne va pas énormément en profondeur.
Ce qui va beaucoup plus en profondeur, c’est un autre livre sur le même sujet. « House of Trump House of Putin. The Untold Story of Donald Trump and the Russian Mafia » (Bantam Press 2018), la maison de Trump, c’est la maison de Poutine, avec un sous-titre « L’histoire qu’on ne vous a pas encore racontée de Donald Trump et ses rapports avec la mafia russe ». Ça, c’est un livre consacré essentiellement à tous les rapports entre Trump et la mafia russe. C’est fait par M. Craig Unger qui avait déjà fait un autre livre – c’est indiqué en-dessous – sur les relations entre les présidents Bush et la Maison royale de l’Arabie saoudite. C’est un chercheur. Voilà, c’est du journalisme d’investigation comme on dit. Il y a beaucoup de choses et, en particulier, il a été la première personne à dire que si Trump est compromis par la Russie, ce n’est pas nécessairement à la suite des voyages qu’il a faits en Russie mais c’est peut-être par rapport à des voyages beaucoup plus anciens, dans les années 80, qu’il avait faits dans l’ancienne Tchécoslovaquie où le père de son épouse de l’époque – j’ai oublié son prénom, ce n’est pas Melania, c’est la personne précédente [Ivana Marie ZelníÄková] – travaillait pour les services secrets de la Tchécoslovaquie communiste de l’époque. Et il est vrai, et c’est Unger qui le raconte, qu’au moment où Trump revient d’un de ses voyages en Tchécoslovaquie encore communiste, il achète pour 100.000 $ [94.800 $] une page de publicité dans les plus grands journaux américains : Boston Globe, le Washington Post, et le New York Times, pour faire un article qui paraît être rédigé pas par lui et qui est une attaque contre l’OTAN telle qu’on l’a trouve dans la Pravda à l’époque, c’est-à-dire un texte qui semble avoir été écrit par des officiels dans le monde communiste soviétique. Excellent livre !
Alors, sur les rapports entre M. Trump et la Russie, bien entendu, ça vous en avez entendu parler, le rapport Mueller, « The Mueller Report » (Scribner 2019), 400 et des pages. Enormément de choses, bien entendu, sur les rapports entre M. Trump et son équipe. M. Paul Manafort, Roger Stone et Compagnie, leurs liens avec la Russie et la manière dont la campagne électorale de Trump est coordonnée avec des Russes pas de manière à être vraiment pris la main dans le sac, par des intermédiaires, par des messages qui viennent, par de la désinformation comme on a vu récemment avec M. Roger Stone, etc. Il y a beaucoup de choses dans le rapport Mueller. Je vous ai parlé de Mueller tout à l’heure, un monsieur diminué. Le rapport a été essentiellement torpillé par M. William Barr qui fait partie du gang de Trump, Ministre de la Justice, et qui s’est arrangé à dire : « Pour commencer, il n’y a rien dans ce rapport. Circulez, il n’y a rien à voir » et, un mois plus tard seulement, les gens ont pu voir le rapport. Le rapport, effectivement, n’a pas de « smoking gun » comme on dit, il n’y a pas de pistolet, il n’y a pas de revolver encore fumant, mais il y a énormément de choses et il y a des tas de choses encore qui sont apparues dans la presse et qui ne sont pas dans le rapport de Mueller.
Alors, le livre que je suis en train de lire en ce moment, c’est un livre qui a été publié cette année : « Crime in Progress. The Secret History of the Trump-Russia Investigation » (Allen Lane 2019). C’est écrit par des gens, M. Glenn Simpson et Peter Fritsch, qui sont à la tête de la compagnie qui s’appelle Fusion. C’est la compagnie qui avait obtenu le fameux rapport Steele. Alors, le rapport Steele, je vous rappelle en deux mots ce que c’est. M. Christopher Steele est un ancien espion. Il faisait partie du MI6 en Grande-Bretagne. C’est quelqu’un qui travaille maintenant pour le privé et qui avait rassemblé l’information qu’il avait pu trouver à la demande du Parti démocrate pendant la campagne électorale, les informations qu’il avait pu trouver sur M. Trump et, en particulier, les informations sur le fait qu’il aurait été compromis lors d’un voyage en Russie et qu’on le ferait chanter de manière explicite ou implicite. Ce rapport Steele, c’est vraiment la bête noire des Républicains qui défendent Trump. Ils savent qu’un jour ou l’autre, ça le fera tomber. Ils répètent à tout moment que le rapport Steele était un canular, que c’était la preuve que les accusations envers Trump sont injustes. Je vous répète moi que, dans le rapport Steele, la seule chose qui n’a pas encore… parce qu’il y a pas de pages. Si j’ai bon souvenir, c’est 35 pages [correct !]. La seule chose qui n’a pas encore été confirmée, c’est effectivement la compromission de Trump à l’occasion d’un de ses voyages en Russie. Tout le reste a été prouvé mais c’est là, c’est le cauchemar : le rapport Steele est toujours le cauchemar des Républicains. M. David Nunes qui représentait les Républicains dans le premier comité sur l’impeachment, celui qui était dirigé par M. Adam Schiff, à chaque fois que le comité se réunissait, il commençait par une longue diatribe où il disait : « … et la preuve que tout ceci est une mise en scène, que c’est une witch-hunt, que c’est une chasse aux sorcières, ce rapport Steele qui a été démenti », etc. Ce rapport Steele n’a pas encore été démenti. À mon avis, la dernière partie apparaîtra un jour ou l’autre. Malheureusement, là aussi, c’est un livre que j’ai reçu avant-hier. Je ne suis encore qu’à la page 25 ou un truc comme ça. Je vous en dirai plus. Je sais déjà pas mal de choses qui sont écrites là-dedans mais là, c’est un rapport de l’intérieur par les gens qui dirigeaient cette firme qui a obtenu le rapport de Christopher Steele qui circule sous le nom de « Dossier Steele » : « the Steele dossier ».
Alors, on arrive à la fin. Ça aussi, c’est un truc que je suis en train de lire. J’ai déjà pas mal lu, j’ai dû lire la moitié. C’est un livre par un des grands juristes américains sur le processus de l’impeachment : « To End a Presidency. The Power of Impeachment » (Basic Books 2018), par Laurence Tribe et Joshua Matz. Historiquement, comment ça se passe ? Quels sont les gens qui ont été impliqués dans la rédaction de la constitution et les articles en particulier sur l’impeachment ? Quels sont les gens qui ont subi l’impeachment ? M. Andrew Johnson, M. Richard Nixon et M. Bill Clinton avant M. Donald Trump. C’est assez technique mais il y a pas mal de choses. Et surtout, il y a une réflexion de type politique sur le fait que l’impeachment, ce n’est jamais un processus, bien entendu, qui soit purement administratif : il y a des gens, des partisans des deux côtés et comment est-ce que ça se passe ? Comment est-ce que ça se passe quand il y a une procédure d’impeachment qui est lancée ?
Alors, j’ai une belle pile là. Déjà, il doit y en avoir une quinzaine et, là, je termine par deux choses. Je termine par deux choses qui ne sont pas directement des livres sur Trump mais là, voilà : « Dying of Whiteness. How the Politics of Racial Resentment is Killing America’s Heartland » (Basic Books 2019. J’en ai parlé pas mal déjà de ce livre, mourir de blanchitude, mourir du fait d’être blanc avec le sous-titre qui est surtout très révélateur : « Comment la politique du ressentiment racial tue le cœur de l’Amérique profonde ? », par M. Jonathan Metzl. C’est un sociologue. Je crois qu’il est médecin aussi de formation [correct : psychiatre] et ce qui l’a conduit à écrire le livre, c’est le fait de voir qu’il était atterré par la manière dont raisonnent les personnes qui sont l’électorat de M. Trump, qui sont essentiellement des gens qui habitent à la campagne. La photo vous montre… Je vous remontre la photo de couverture. C’est une maison barricadée. C’est une maison abandonnée. C’est au cœur du Montana, du Nebraska, ou des plaines centrales : l’Arkansas, etc. Des gens qui ont de tous petits boulots, des gens souvent qui sont blancs, qui n’ont pas fini l’école ou qui n’ont pas terminé le High School, qui n’ont pas terminé l’enseignement secondaire, qui ne se convertissent pas au numérique. Ce sont les laissés pour compte qui s’identifient totalement à ce président qui va les sauver ou qui, en tout cas, répète ce message : « Vous êtes peut-être dans la merde mais n’oubliez pas que vous êtes entourés d’Amérindiens – qu’ils soient venus du Mexique ou qui habitaient déjà là avant que vous n’arriviez – et de Noirs qui, eux, sont des gens absolument inférieurs donc, gardez un peu de dignité. Vous êtes entourés par des gens qui sont encore bien pires que vous ». Ce n’est pas dit comme ça mais voilà, c’est le discours du suprémacisme blanc qui permet à des gens qui sont dans une misère morale et économique de survivre psychologiquement en se disant qu’il y a encore des gens autour d’eux qui, eux, sont des gens inférieurs et qu’ils peuvent regarder avec mépris. Excellent livre ! Ce n’est pas un livre sur Trump, c’est un livre sur les électeurs de Trump.
Et là, je termine par un livre beaucoup plus ancien. C’est un livre de l’an 2000. Ça n’a rien à voir avec Trump. Ça a été écrit en 2000 : « The Fragile Middle Class » (Yale University Press 2000), par Teresa A. Sullivan Elizabeth Warren & Jay Lawrence Westbrook. Moi, je l’ai lu à l’époque, ou dans les années qui ont suivi. Je l’ai utilisé, vous le verrez cité dans mon livre où j’annonce la crise des subprimes (La crise du capitalisme américain, La Découverte 2007) et, parmi les auteurs de ce livre, vous avez… (je vous le montre bien pour que vous puissiez voir les auteurs). C’est un livre qui s’appelle – très bon livre – « La classe moyenne fragile » et… depuis 2000, elle n’a pas arrêté de se fragiliser. « Americans in Debt » : les Américains qui ont des dettes. C’est une histoire du crédit aux États-Unis. Ce n’est pas historique. Il y a un très très bon livre historique, je ne l’ai pas là à côté de moi [« Financing the American Dream », par Lendol Calder, Princeton University Press 1999]. Je vous le montre parce que l’un des auteurs… premier auteur, Mme Teresa Sullivan, troisième auteur, M. Jay Lawrence Westbrook et deuxième auteur, et c’est un des livres qui a fait sa réputation, Mme Elizabeth Warren qui est en campagne pour essayer de devenir présidente des États-Unis, d’abord de devenir la candidate, d’essayer de devenir la candidate du Parti démocrate. Elle a beaucoup de difficultés parce qu’elle est considérée comme d’extrême-gauche et dire aux États-Unis… on ne dit plus « communist » parce qu’on sait que ça n’existe plus mais on dit « socialist », socialiste, ça revient à la même chose. Elle est conseillée par des gens qui… en particulier par M. [Gabriel] Zucman qui a été un collaborateur de M. Thomas Piketty. Voilà, tout ça, c’est un monde de gens qui se connaissent, que je connais aussi, et ainsi de suite. Ça, Elizabeth Warren, vous le saviez, c’est le type de candidat qui serait le mien aux États-Unis si je pouvais voter là-bas.
Voilà, j’ai fait un tour. Ça n’a pas dû être court mon truc, je n’ai pas compté le nombre de livres mais il y en a entre 15 et 20 [17] et je voulais vous les présenter. Il y a énormément d’informations dans ces livres. Je vous ai dit un tout petit mot sur chacun d’entre eux, en espérant que ça vous encouragera à en lire certains en tout cas.
Voilà, à bientôt !
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