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À l’occasion du mouvement social initié le 5 décembre 2019, une cagnotte intersyndicale a été mise en place pour venir financièrement en aide aux grévistes (syndiqués ou non). Dans l’optique d’élargir le panel des publics touchés, un collectif d’artistes graphiques, vidéastes sur Youtube, animateurs et animatrices sur Twitch, travailleuses et travailleurs plus où moins uberisés, actifs sur internet, se sont associés à cette démarche et tiennent à tour de rôle l’antenne sur la plateforme de « stream » (diffusion en direct, sorte de web-tv) filiale d’Amazon, 24h/24 depuis le début du mouvement et avec l’engagement de continuer tant que celui-ci perdure. Ils et elles y diffusent selon leurs envies, seuls ou en groupes, des parties de jeux vidéos, des créations artistiques en « live » ou encore des discussions et/ou débats d’ordre politique. Parfois un peu tout en même temps.
Le système de donations fourni par Twitch offre l’occasion aux spectatrices et spectateurs de contribuer à la cagnotte selon leurs moyens et leur envie, permettant ainsi au collectif de récolter plus de 43.000 euros à l’heure où j’écris ces lignes, venant contribuer aux 194.000 euros totaux disponibles en caisse au 7 décembre. Des initiatives similaires avaient déjà été mises en œuvre depuis quelques années dans le domaine caritatif, une somme record ayant été collectée pas plus tard que cette année au bénéfice de l’institut Pasteur. Cette démarche appliquée à un mouvement social est en revanche, à ma connaissance, un grande première.
Ainsi cette initiative montre que la communauté dite des « gamers », c’est-à-dire des passionnés de jeux vidéos, n’est ni aussi dépolitisée ni individualiste que certains médias (y compris spécialisés dans le jeu vidéo) voudraient nous le faire croire. Une récente affaire impliquant l’éditeur Blizzard et un joueur soutenant la cause hongkongaise en était déjà un signe. C’est aussi peut-être un bel exemple de subversion d’un service proposé par une entreprise icône du capitalisme le plus dur, pour organiser une forme de solidarité non soumise au bon vouloir de l’État. A noter que l’initiative a même été remarquée outre-atlantique.
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