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Ce que la crise des Gilets jaunes a bien montré (si ce n’était déjà clair), c’est que les puissants ne peuvent gérer les affaires publiques sans le consentement du peuple. En voulant s’attaquer un tant soit peu aux enjeux climatiques, le gouvernement a cru bien faire en introduisant la taxe carbone sur les carburants dans l’effet de renchérir leur prix et donc diminuer leur consommation. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase : un déferlement sans précédent de frustrations jusque-là contenues s’est exprimé sur les ronds-points de toute la France, dépassant le cadre du déclencheur.
L’« acceptabilité sociale » est alors devenue la nouvelle formule en vogue dans l’élaboration des politiques publiques aujourd’hui, pour un gouvernement qui aurait « appris de ses erreurs ». À toute politique exigeant des sacrifices de la population, on oppose une contrepartie : très souvent des aides sociales sous forme de chèques pour les plus démunis. Cela peut être vu comme un geste social généreux, mais ne fait que repousser le problème car si le chèque compense de manière satisfaisante les coûts supplémentaires de la taxe, les populations peuvent en conséquence continuer à utiliser leur véhicule à essence comme avant et ceux n’en bénéficiant pas ont théoriquement toujours les moyens de financer leurs déplacements en voiture à essence. La taxation verte redistribuée n’est donc pas la solution.
Mais si l’on dépasse l’inefficacité des politiques environnementales d’inspiration libérale rendues « acceptables » aux yeux de la population, c’est l’idée même d’acceptabilité qui est insatisfaisante. Avec ses quelques mesures, loin d’être suffisantes par rapport aux enjeux, Emmanuel Macron a déjà du mal à obtenir le consentement de la population. Alors entamer une transformation aussi radicale et aussi rapide de nos économies à la hauteur des menaces sur notre espèce exige, non pas un consentement à reculons des populations, mais une véritable symbiose entre la grande bifurcation politique nécessaire et les aspirations fondamentales des populations.
Comprendre les aspirations fondamentales des populations devrait être au centre de toute préoccupation politique. Sauver l’environnement, et a fortiori sauver l’espèce humaine, ne se fait pas dans le cadre du Conseil des ministres mais en lien constant avec les principaux intéressés : nous tous. La transition écologique nécessaire ne se fait pas au sacrifice de nos vies mais en accord avec nos aspirations profondes, en accord avec les besoins du citoyen.
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