« Bande de sales communistes ! »

Je vous ai reproduit dans mon dernier billet la réaction de la Maison-Blanche au témoignage hier de William « Bill » Taylor, par le biais de sa secrétaire de presse Stephanie Grisham : « une campagne coordonnée de calomnie de la part de députés d’extrême-gauche et de bureaucrates radicaux non-élus en guerre avec la Constitution ».

Il faut dire que le compte-rendu des événements, quasi minute par minute devant la commission du Congrès étudiant l’éventualité d’un impeachment, laissait peu de place à une contestation des faits. Il ne restait alors que l’argument « Bande de sales communistes ! », auquel M. Trump lui-même n’avait pas hésité à recourir lors de son affrontement à la Maison-Blanche le 16 octobre avec une délégation du Parti démocrate : « Il y a des communistes impliqués [en Syrie], ce que vous les gars, aimez peut-être ».

On parle beaucoup en ce moment de l’avocat actuel de M. Trump : Rudolph Giuliani, chef officieux donc de la « seconde équipe » du Président en Ukraine : celle travaillant – jusqu’à récemment – sous les ordres directs de Trump. On parle moins de Michael Cohen, son avocat précédent, sous les verrous  pour trois ans, pour avoir fait ce que son client lui demandait. On parle encore moins du premier avocat de Trump : Roy Cohn.

J’ai déjà eu l’occasion de vous rappeler qui était Roy Cohn : le véritable « cerveau » du sénateur Joseph McCarthy, qui se vantait d’être la personne qui avait convaincu le juge d’envoyer Ethel Rosenberg à la chaise électrique (Kranish & Fisher, Trump Revealed. An American Journey of Ambition, Ego, Money and Power, 2016 : 61), avant de devenir le « conseiller juridique » du clan Genovese, ainsi que l’avocat de Fred Trump, père de Donald, marchand de sommeil et sympathisant du Ku Klux Klan. Wayne Barrett, biographe de Trump (Trump : The Deals and the Downfall 1992 ) affirme que Cohn joua « un rôle dans la vie de Donald allant bien au-delà de celui d’avocat. Il est devenu le mentor de Donald, son conseiller permanent. »

Il est donc permis de conclure qu’en matière d’anti-communisme militant, Trump est allé à bonne école.

On parle beaucoup ces jours-ci en Grande-Bretagne du détricotage des lois sociales que des petits curieux ont découvert caché dans la feuille de route du Brexit de M. Johnson, visant à faire du Royaume-Uni, un nouveau Singapour, un paradis ulltralibéral entièrement ubérisé. M. Johnson me paraît trop bien élevé pour donner du « Bande de sales communistes ! » à ses adversaires. Mais l’énervement aidant,  sait-on jamais, on pourrait encore avoir des surprises dans les jours qui viennent !

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