Retranscription de L’homme qui n’avait jamais tort, le 3 octobre 2019.
Bonjour, nous sommes le jeudi 3 octobre 2019.
J’ai commencé à parler de Donald Trump sur mon blog au tout début de la campagne des primaires du parti Républicain, qui conduiraient aux élections qui ont vu la nomination de M. Trump et ce qui attirait l’attention, à ce moment-là, c’est qu’un outsider, quelqu’un qui n’avait absolument pas sa place dans la course, se présentait et commençait à caracoler en tête de manière tout à fait remarquable. C’est M. Michael Moore qui, hier ou avant-hier, dans une interview, a mis le doigt sur ce qui se passa à ce moment-là, à partir de la connaissance qu’il a de la région de Flint (Michigan), qui est son pays natal, qui est le grand pays de l’industrie automobile à l’époque où ça se passait aux États-Unis et qui a dit qu’il apparaissait comme un sauveur. Voilà quelqu’un qui parlait à ces ouvriers sans emploi, à toute une région dévastée du Michigan où jamais il n’y a eu de réindustrialisation ou même de retour de services en quantités suffisantes. Et il apparaissait comme un sauveur. Voilà quelqu’un qui allait donner un coup de pied dans la fourmilière. Voilà quelqu’un qui allait changer les choses et c’est ça que ces personnes voulaient entendre.
Michael Moore, dans son interview, insistait sur le fait que, malheureusement, les gens qui ont cru en Trump ont eu l’occasion de déchanter, de voir à qui ils avaient affaire.
Hier soir, avant d’aller dormir, je me suis convaincu d’une chose. Ça m’est apparu évident : c’est que ces comptes-rendus que je vous ai faits au jour le jour, je les ai mis en forme. Je les mets les uns après les autres. Je fais une introduction à chacun des chapitres pour situer bien où nous sommes. Je mets tout ça en contexte, comme j’avais fait d’ailleurs avec les articles qui sont parus dans Le Monde, dans l’Écho, dans Trends-Tendances et qui avaient été réunis dans un volume qui s’appelait Se débarrasser du capitalisme est une question de survie, où j’avais classé ça par chapitre, où j’avais fait des chapeaux aux chapitres. Et il m’était apparu assez rapidement que je dépassais le volume pour un livre normal et j’ai commencé à créer une série de tomes. Le premier tome va paraître. Il est dans les tuyaux depuis pas mal de temps. Ça – je ne vais pas le cacher – c’est parce que j’ai eu des discussions qui n’ont abouti à rien avec une demi-douzaine d’éditeurs français qui m’ont tous dit d’une manière ou d’une autre qu’un livre sur Trump, ça ne se vendrait pas. Alors, on va voir. À ce moment-là, je me suis tourné vers mon ami Louis Weber des Éditions du Croquant qui avait publié certains de mes livres et qui avait surtout aussi republié, fait de nouveaux tirages, de mes livres qui étaient épuisés et on s’est dit : « On va faire ça ensemble ». C’est une plus petite maison d’édition que celles avec lesquelles j’ai eu l’occasion de parler. Mais on va voir si ça n’intéresse vraiment personne en France que l’on parle de Trump.
Hier soir, j’ai eu la conviction que le 4ème tome auquel je travaille serait le dernier. Pourquoi ? Parce que M. Trump est quelqu’un qui a un trait de caractère tout à fait particulier, dont j’ai déjà parlé : j’en ai fait le point central de la préface de ce premier volume que vous allez voir bientôt, préface qui a dû être écrite il y a un an et demi ou quelque chose comme ça et qui utilisait des informations qui viennent d’un livre qui s’intéresse beaucoup à l’enfance et à l’adolescence de M. Trump [Michael Kranish & Marc Fisher, Trump Revealed. An American Journey of Ambition, Ego, Money and Power, Simon & Schuster 2016].
Il y a ce trait de caractère dont je vous ai reparlé récemment : le fait que déjà enfant, déjà adolescent, il n’a jamais reconnu s’être trompé et que, dans la difficulté, mis devant les faits, il a toujours nié, a prétendu que c’étaient les faits qui avaient tort et n’a jamais reconnu son erreur. Il y a une fameuse anecdote avec des gosses. Ils ont, je ne sais pas, 12-13 ans, et où ils discutent du nom d’un lutteur, d’un catcheur. Trump se trompe manifestement et tout le monde lui dit : « Non, il s’appelle autrement ! » et lui, il maintient mordicus. Au point qu’il s’en va et que ses copains qui en parlent, maintenant, beaucoup plus tard, disent : « On a encore rigolé une demi-heure de son incapacité à reconnaître le fait qu’il avait tort ! ». C’est ça. C’est ça le trait qui, un jour ou l’autre, allait le faire tomber. C’est pour ça que j’ai appelé ce manuscrit, il y a un an et demi – deux ans peut-être, déjà, je l’ai appelé tout de suite « La chute de la météorite Trump ». Il était clair que ça allait tomber.
Les gens qui vous disent : « Il aura un second mandat, il sera là encore dans 10 ans ! ». Non, c’est que vous n’avez jamais lu ce qu’il a écrit, vous n’avez jamais écouté ce qu’il a dit [rires] – ce qui me vient, c’est des trucs en anglais : collision course – il était sur une trajectoire qui déboucherait sur une collision. Cette incapacité à reconnaître qu’il a tort, qu’il s’est trompé !
On ne peut pas dire que le monde entier a tort contre vous. Ça ne va pas. C’est le fou qui fait ça, le fou ou la folle. Or, c’est ça qu’il fait, ces jours derniers en particulier. Il se trouve devant un système qui est la Constitution, qui est les lois, qui est la manière dont on est Président et lui, il fait ce qu’il veut. Quand ça ne marche pas, c’est parce que tout ce système lui en veut. C’est une conspiration. C’est le deep state : dans l’ombre, il y a une armée dans l’ombre qui veut sa peau. Non, M. Trump, il y a des lois. Quand vous les enfreigniez, c’est pareil pour tout le monde. Même pour un type qui ne reconnaîtra jamais qu’il a tort, qui termine l’entretien hier avec le président finnois en disant : « Parce que j’ai raison. Tout ça s’explique par le fait que, moi, j’ai raison ! ».
Il a raison ! Quand il y a un conflit entre le monde entier et lui, eh bien, c’est que c’est le monde entier qui se trompe et qui devrait changer. Les limites à ça, c’est qu’un jour, on dise : « Vous êtes fou ! ». Ou alors, quand vous êtes président, on dit : « Non, on va vous démettre ! Il y a quelque chose, en-dehors, qui s’appelle « le monde » et ce truc-là, c’est lui qui a raison quand il y a un conflit : ce n’est pas vous ! Et le fait que vous ne vous excusiez pas, que vous ne reconnaissiez jamais vos torts, un jour ou l’autre, ça ne vous rendra pas service ! ». Et c’est ça qui est en train de se passer.
Il essaye d’allumer des contre-feux et il y a des gens qui l’aident.M. Mueller, dans son rapport de 400 pages, les 200 premières pages, c’est pour expliquer les ingérences russes dans la campagne électorale, alors, qu’est-ce qu’on peut faire si on veut allumer un contre-feu devant l’information que les Russes ont aidé M. Trump dans sa campagne électorale ? Allumer un contre-feu, c’est dire que certains ennemis des Russes ont aidé Mme Hillary Clinton, l’autre candidate, dans sa campagne. Quels sont les grands adversaires des Russes ? Bien sûr, ce sont les Ukrainiens, donc on va essayer de trouver quelque chose prouvant que les Ukrainiens étaient, eux, du côté de Mme Clinton et que le véritable scandale se trouve là. C’est un peu facile évidemment d’appeler ça simplement une thèse « complotiste » : c’est manifestement un contre-feu.
La presse, maintenant, va un peu fouiller pour essayer de voir s’il n’y a pas quand même quelque chose de ce type-là et on trouve effectivement qu’il y avait, en Ukraine, un certain nombre de fans de Mme Hillary Clinton, comme il y avait des fans de Trump certainement, et que ces gens discutaient entre eux et que, en particulier, une personne liée à ce groupe a fait quelque chose : il a trouvé – ou on l’a trouvé pour lui et on lui a donné – un petit carnet qui prouvait les activités de M. Manafort en Ukraine, qui montrait en particulier qu’il avait reçu des sommes tout à fait considérables de M. Ianoukovytch, l’ancien président pro-russe d’Ukraine. À cette époque-là, M. Manafort a essayé déjà d’allumer un contre-feu en disant : « Non, c’est parce qu’on veut ma peau, etc. et c’est du côté des Démocrates », et ainsi de suite. Donc il y a quelque chose !
De la même manière, quand M. Trump dit que M. Biden est impliqué d’une certaine manière pour essayer de protéger son fils en Ukraine pour les affaires qu’il a faites, il y a un petit quelque chose. Malheureusement pour M. Trump et ses alliés, une fois qu’on fait un peu l’enquête, il y a quelque chose à propos de M. Biden et son fils qui n’aurait pas dû essayer de gagner de l’argent comme ça en Ukraine. J’en ai déjà parlé. Il y a aussi quelque chose du côté du fait qu’il y avait des gens qui étaient sympathisants de Mme Hillary Clinton en Ukraine à une époque. Mais ça n’a pas la puissance nécessaire pour faire véritablement des contre-feux par rapport à ce qu’on a vu : les jetons de présence de Hunter Biden, le fils de M. Joe Biden, ce n’est pas l’équivalent de M. Trump au téléphone et faisant pression avec des méthodes de mafieux sur le président de l’Ukraine. De même, pour ce qu’ont fait les amis de Mme Clinton en Ukraine, ce n’est pas à la hauteur de ce qu’a fait M. Manafort en étant le conseiller de M. Ianoukovytch.
Voilà où on en est. Les choses vont encore aller très très vite.
Sur les sites de presse américains, ce sont maintenant des écrans déroulants : on vous ajoute des choses au fur et à mesure. Ce matin, une information : maintenant, ce qu’on essaye de savoir, c’est qui était véritablement de mèche avec Trump, qui a vraiment marché dans sa combine et là, il est clair qu’il y a M. William Barr, le ministre de la Justice, et il est clair qu’il y a aussi M. Mike Pompeo, le ministre des Affaires étrangères, le « State Secretary ».
Une question s’est posée tout de suite pour M. Mike Pence, le Vice-président : est-ce que lui aussi était véritablement de mèche avec Trump parce qu’il a fait des choses où il était impliqué d’une manière ou d’une autre ? Ses conseillers, dans les informations qu’on a récemment, montrent qu’il était manipulé essentiellement, qu’il ne savait pas qu’on le mettait là, à tel endroit, pour obtenir ça, qu’il faisait partie du plan effectivement mais que c’était à son corps défendant, sans en être informé. C’est possible : ce monsieur n’est jamais apparu comme une lumière et M. Trump n’a jamais été peut-être convaincu qu’il pouvait vraiment en faire un allié, en faire un lieutenant comme il a pu le faire avec Mike Pompeo, avec « Rudy » Giuliani, Rudolph Giuliani, son avocat, et avec William Barr, son ministre de la Justice.
Je continue de vous informer dans le cadre de ma conviction que le tome que je suis en train d’écrire, ce sera probablement le dernier. Je peux me tromper. Tout le monde peut se tromper, y compris moi : je ne suis pas M. Trump ! Je ne suis pas le gars qui vous dit : « J’ai raison par définition parce que c’est comme ça et si les choses se passent autrement que je l’ai dit, c’est parce que le monde commence à se tromper ! ». Je ne vous dis pas ça ! J’ai peut-être tort mais c’est mon sentiment qu’on est dans une affaire qui est en train de se dénouer et qui se dénoue assez rapidement parce que, bien sûr, les gens dont on peut imaginer qu’ils ont été impliqués d’une manière ou d’une autre avec Trump commencent à se défendre et commencent à prendre des avocats. Ils commencent à expliquer qu’ils n’étaient pas véritablement de mèche, comme c’est le cas de l’entourage de M. Mike Pence en ce moment. Les choses, du coup, peuvent aller très très vite.
Allez, à bientôt !
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