En diffusant il y a quelques minutes une retranscription de la conversation entre Trump et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 25 juillet, la Maison-Blanche tente probablement d’allumer un contre-feu. Malheureusement pour Trump, le texte confirme ce que la rumeur colportait depuis plusieurs jours, à savoir qu’il essayait d’enrôler le président ukrainien dans sa campagne présidentielle de 2020 en lui réclamant des informations compromettantes sur la famille Biden, père et fils.
Info très gênante dans la retranscription pour William Barr, le ministre de la Justice, déjà sur la sellette pour avoir jusqu’ici refusé de transmettre au Congrès le rapport du lanceur d’alertes – ce que la loi l’oblige à faire, Trump dit explicitement au président ukrainien de se mettre en rapport avec Barr. Pas très rassuré pour son patron, le ministère a immédiatement fait savoir, aussitôt la retranscription diffusée, que le ministre n’était pas au courant.
Les langues se délient depuis le lancement de la procédure de destitution de Trump par Nancy Pelosi hier soir. On a appris en particulier que le Président était parvenu ces mois récents à circonvenir entièrement le State Department, le ministère des Affaires étrangères, pour ce qui touche à l’Ukraine, ne passant plus pour ses relations avec ce pays que par son avocat Rudy Giuliani, au point que les fonctionnaires du ministère consultaient la presse pour découvrir quelle était la politique étrangère des États-Unis envers l’Ukraine.
Les esprits chagrins affirmaient hier que la procédure de destitution n’avait aucune chance d’aboutir en raison de la majorité Républicaine au Sénat. Mais dans la soirée d’hier encore, le Sénat, dans un vote unanime, Républicains et Démocrates confondus, a réclamé la communication du rapport du lanceur d’alertes. La procédure de destitution de Richard Nixon n’avait pu aboutir qu’en raison de tels revirements. Nixon choisit de démissionner lorsque l’aboutissement probable de l’impeachment ne faisait plus aucun doute.
20h15 : Un article à l’instant dans le New York Times, par
L’article suggère que Pelosi prend ses décisions en fonction de ce qu’elle apprend en provenance des professionnels du renseignement plutôt que de ce que vous et moi pouvons savoir de ce qui se passe sur la scène politique. Le fait qu’elle ait avancé hier soir sa reine au beau milieu de l’échiquier s’expliquerait donc par certaines informations auxquelles elle a eu accès, et que vous et moi, simples mortels, en sommes réduits à supputer…
21h20 : Les politiciens Républicains s’arrachent les cheveux ce soir : pourquoi Trump a-t-il voulu publier dans la précipitation la retranscription de sa conversation du 25 juillet avec le président ukrainien, alors qu’elle est à ce point accablante pour lui ? Parler de comportement suicidaire, d’auto-punition, ou quoi que ce soit d’autre du même genre, serait à mon avis surestimer ses capacités intellectuelles. Ses motivations sont celles que j’ai mentionnées tout au long : 1° pressurer l’adversaire en fonction du rapport de force est ce que fait l’homme d’affaire avisé – qu’il soit le dirigeant d’une puissance étrangère n’a aucune importance : le principe est d’application générale, 2° « Ce n’est pas moi qui ai commencé ! » : c’est Joe Biden qui le premier s’est mêlé de politique ukrainienne, moi je ne fais que me défendre ! La victime c’est moi. c.q.f.d. : il se croit dans son bon droit et n’a du coup rien à cacher.
Comme je vous l’expliquais le mois dernier dans mon billet Trump, champion de l’« auto-destitution », Pelosi était convaincue qu’il provoquerait sa propre chute. La confirmation ne tardera pas.
La réponse est ici : entre Avranches et Granville.