Retranscription de Sale temps pour les démagogues !, le 6 septembre 2019
Bonjour, nous sommes le vendredi 6 septembre 2019. Aujourd’hui, je ferai une vidéo, je suppose courte, qui s’intitulera « Sale temps pour les démagogues ! ».
Je ne dirai rien de M. Bolsonaro. J’aurai l’occasion de parler de lui. Il est en mauvaise posture en raison des choses qui se passent en Amazonie, des incendies importants dont on peut considérer qu’il est le responsable direct ou indirect. M. Salvini, pour le moment, est sur la touche en Italie alors qu’il se voyait sur le point de réussir une prise de pouvoir. M. Trump est empêtré, est ridiculisé par le Sharpiegate.
Qu’est-ce que c’est un Sharpie ? Un Sharpie, en français, on dirait un Stabilo. C’est un surligneur, un marqueur, oui un marqueur mais en particulier des marqueurs indélébiles. Voilà, les marqueurs indélébiles noirs sont des Sharpie. Alors, qu’est-ce qu’il a fait M. Trump ?
Mon premier volume des aventures de Trump doit paraître, je ne sais pas si c’est ce mois-ci ou le mois prochain, en tout cas, c’est pour bientôt, et dans l’introduction, je vous dresse un portrait rapide de M. Trump avant de commencer les choses sérieuses et, là-dedans, je vous parle du double down. C’est un truc de son enfance, de son adolescence. M. Donald Trump n’a jamais reconnu avoir tort au point qu’il s’est enferré dans des histoires qui ont fait rigoler tous ses copains à l’époque, où il maintenait mordicus son opinion première, ne faisant jamais marche-arrière, essayant de convaincre le monde entier que c’est le monde entier qui se trompe. C’était le cas pour un champion de [catch] dont il a maintenu mordicus qu’il s’appelait autrement qu’il ne s’appelait. Tout le monde rigolait. Tout le monde savait le vrai nom de ce champion.
Et durant son adolescence, c’est toujours la même stratégie : quand il a tort, il en remet une couche. Il essaye de convaincre le monde que c’est le monde qui se trompe. C’est pour ça qu’il est important qu’il soit président des États-Unis puisqu’il peut, d’une certaine manière, courber le monde à ses exigences. Malheureusement, ce n’est pas le cas d’ouragans : il ne peut pas obliger des ouragans à faire autrement qu’ils ne le font. C’est très important un ouragan ! Oui, il est la personne aussi, vous avez entendu parler de cette affaire, qui a considéré, et qui considère peut-être toujours, que les ouragans, on va les mettre au pas avec des bombes atomiques. C’est très puissant les ouragans. Il y avait quelqu’un qui avait calculé qu’il fallait en faire tomber une toutes les 15 minutes, une bombe atomique, pour essayer de faire changer un ouragan de son cours et de l’affaiblir. Donc, ça ferait pas mal de pollution dans l’atmosphère avant que l’on puisse dompter quelque chose comme Dorian !
Qu’est-ce qu’il s’est passé donc ? Il avait fait un exposé et il avait expliqué que l’ouragan allait atteindre l’Alabama. Effectivement, tout au départ, quand il n’est encore dans l’Atlantique qu’une bulle d’air chaud qui vient du Sahara, il y avait effectivement un tracé qui montre que l’ouragan aurait pu passer du côté de l’Alabama mais on a vite corrigé le tir, on a vite eu davantage d’informations et on a vite su que l’ouragan n’irait pas sur l’Alabama. Ça ne fait rien ! Il avait dit qu’il irait sur l’Alabama, donc il a répété qu’il irait sur l’Alabama, que c’était les autres qui se trompaient, en particulier bien sûr les météorologistes.
Mais, alors, pourquoi le Sharpiegate ? Il a fait un exposé plus récemment dans lequel quelqu’un avec un marqueur noir avait étendu le parcours de l’ouragan pour le faire passer sur l’Alabama bien entendu. Alors, les journalistes ont posé la question : « Qui est-ce qui est allé dessiner sur un dessin officiel, un graphique officiel, qui est-ce qui est allé mettre cette ligne pour étendre le parcours de Dorian sur l’Alabama ? » Il y a des gens qui ont dit : « Non, ce n’est probablement pas Trump lui-même ». Comme d’habitude, c’est sans doute un sbire, un gus qui est allé s’amuser à faire ça pour faire plaisir au patron, pour que le patron ne soit pas furax. Le monde souffre beaucoup des gens qui s’écrasent comme ça. On a déjà beaucoup souffert des couards et des lâches ! Il y a encore peut-être d’autres mots. C’est sans doute un sbire qui est allé ajouter, allé faire une bulle pour que l’ouragan passe à l’endroit où le patron avait dit qu’il allait passer.
Mais on lui a reposé la question depuis, même après la présentation, et il continuait à dire : « Non, non ! » Voilà : si les gens connaissaient l’information sur son enfance et son adolescence : il fait ça depuis toujours ! Quand il a tort, il en remet une couche ! Il ne reconnaîtra jamais qu’il a tort. Pourquoi ? C’est une personnalité extrêmement faible, un de ces enfants qui deviennent comme ils sont parce qu’ils ont des pères qui sont des terreurs, qui ont eux-mêmes été des faux-durs, etc. etc.
J’arrête avec Trump : on passe à Boris Johnson.
Boris Johnson, vous le savez, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas une famille de parvenus : le père, Stanley Johnson, ce n’est pas un type qui serait allé défiler, comme le père de Trump, avec le Ku Klux Klan. Non, M. Stanley Johnson, fonctionnaire européen, c’est quand même autre chose.
J’ai mis une photo qui circulait hier – c’était sur le Guardian – de la famille Johnson dans les années 70. On voit Boris qui doit avoir une dizaine d’années – 12 ans peut-être, quelque chose comme ça, sa sœur Sarah, son frère Leo, son petit frère Jo et les parents donc, Charlotte et Stanley. On ne peut pas se tromper : c’est une famille bon chic bon genre des années 70. On laisse beaucoup de liberté aux gosses. Ils ont des cheveux qui sont tous d’une longueur tout à fait considérable, en particulier les garçons. Boris est là, cheeky comme on dit en anglais, insolent [ou effronté], avec un pantalon beaucoup trop long qui traîne par terre : le personnage ! À l’extrême-gauche, sur la photo, donc Boris. A l’extrême-droite, son frère Jo.
Et voilà l’événement de la journée d’hier, c’est que M. Boris Johnson, qui était déjà sonné debout, là, c’était un KO technique debout, par le fait qu’il a subi 3 défaites au parlement. Ses 3 premiers projets de loi, en tant que Premier ministre : tous des défaites pour lui. Donc passablement sonné. Hier, dans la journée, son frère, qui était ministre dans son gouvernement, son jeune frère Jo, a démissionné en disant qu’il avait dû choisir entre la loyauté familiale et l’intérêt du pays.
Alors là, vous voyez le genre de famille : on doit beaucoup s’aimer entre frères et sœurs [aucun motif de rivalité]. Là, à mon avis, ça a été le plus dur pour lui. C’est un type pour lequel je n’ai pas beaucoup de sympathie : c’est un hooligan ! Il est hooligan depuis qu’il était étudiant. Ça a été le style, ce qui n’était pas le style de la famille, mais c’est comme ça que lui est devenu, qui se présente en défenseur du « Peuple » avec, comme je le disais l’autre jour, des références quand même pas terribles du point de vue de son origine sociale. Ce n’est pas en étant jeune lycéen à Eton et en étant à Oxford, où il devient une personnalité politique en tant que jeune homme. Ce n’est pas ça : il n’aurait pas dû aller de ce côté-là.
Et là, on s’en est aperçu hier, avant-hier, etc. C’est quelqu’un qui, contrairement à Trump, a de bonnes manières derrière son personnage de hooligan ! Il est bien élevé. Il s’est montré tellement poli hier, avant-hier, etc. Il a dit, quand des gens démissionnent, qui sont des camouflets ou carrément des coups de poing dans sa figure, il dit : « Je remercie l’honorable gentleman ! ». C’est autre chose. C’est un démagogue. Voilà, c’est un démagogue mais il s’est complètement dégonflé et la personne décente, bien élevée, apparaît sous le vernis du hooligan !
Quoi qu’il en soit, donc bonne journée pour nous ces jours récents : des baudruches qui se dégonflent, des pseudo-« amis du Peuple » qui sont en fait des démagogues et qui n’ont aucune intention de véritablement faire quoi que ce soit du côté du peuple, et qui sont irresponsables, absolument irresponsables. L’accord du Vendredi-Saint 98, c’est un truc essentiel pour l’unité de la région là-bas, pour l’unité du Royaume-Uni, pour de bonnes relations avec l’Irlande, pour une situation stabilisée en Irlande du Nord. Ça ne se fait pas : on ne fait pas ça ! Comme Trump avec sa muraille du Mexique et sa guerre commerciale avec la Chine ! Il a fait machine-arrière. Il a dû faire machine-arrière hier. Là aussi, on a appris que des pourparlers allaient reprendre. Ce qu’on voit apparaître, c’est le véritable rapport de force maintenant entre la Chine et les États-Unis et il n’est plus en faveur des États-Unis où les États-Unis pourraient faire n’importe quoi avec un président pas « fou » mais une espèce d’électron libre absolument délirant.
Je vais terminer là-dessus. Une toute petite remarque : Thinkerview.
Vous connaissez cette chaîne. Il y a des gens que je connais bien qui sont passés là. Ce sont des interviews qui ont l’air bien faites d’un point de vue technique et vous m’envoyez des mails, il y en a au moins un par semaine : « Pourquoi vous ne passez pas à Thinkerview ? ». Je dis : « Je ne sais pas. Je n’ai jamais été en contact avec les gens de Thinkerview. Je ne sais pas pourquoi, moi, ils ne m’invitent pas ».
Alors, les gens me disent : « Je vais leur signaler qu’il faudrait que vous y alliez, etc. » et ces gens reviennent la queue entre les jambes en disant : « On a ignoré mon message ou on m’a dit : On y pense depuis pas mal de temps », et ainsi de suite et les gens reviennent à ce moment-là à la charge et me disent : « Pourquoi croyez-vous que Thinkerview ne veut pas vous inviter ? ». Alors là, j’ai répondu toujours la même chose : « Il y a sans doute quelque chose dans mon profil qui fait qu’ils n’ont pas envie de me voir ! ».
Là, c’est un article dans Libération, il y a 2 jours, qui parle du fait qu’un certain nombre de personnalités de la gauche sont interdites de séjour maintenant sur [le compte Twitter de] Thinkerview […].
Je crois que l’explication doit être là : je ne suis pas interdit d’aller [sur leur compte Twitter] mais le fait que l’on ne m’ait pas invité, ça doit être dans la même perspective : qu’on n’aime pas les gens de gauche du côté de Thinkerview et on le fait comprendre en leur interdisant d’aller sur le site et, d’autres, simplement, en ne les invitant pas. Je crois qu’il ne faut pas aller chercher beaucoup plus loin [P. S. quelqu’un m’écrit et m’offre une autre explication : que c’est mon hostilité à Poutine ; cela expliquerait pourquoi Mélenchon, bien que de gauche, ait été invité].
Voilà, allez, à bientôt !
» Il va maintenant jouer sur la terreur, la perte de repères, l’identification à lui seulement, la mise en scène…