Retranscription de États-Unis : La polarisation s’accentue, le 5 août 2019.
Bonjour, nous sommes le lundi 5 août 2019. Je suis à genoux dans une chambre d’hôtel et j’essaye de vous montrer quand même un peu du paysage. Je ne sais pas ce que cela va donner en termes de luminosité. Je suis à Tour-de-Faure. Ça ne vous dit sûrement rien parce qu’il y a 3 maisons mais si je vous dis que c’est juste de l’autre côté du pont à Saint-Cirq-Lapopie. Il y a un pont sur le Lot, un pont très étroit d’ailleurs qui permet à des voitures de passer mais uniquement dans une seule direction. Alors, si vous êtes là, il faut attendre qu’il n’y ait plus de gens qui viennent en face. Je suppose que ça a dû produire déjà des incidents dans le passé mais voilà : il n’y a pas de système d’alternance, il faut attendre. C’est bien, c’est une bonne leçon de civisme.
Alors, de quoi vous parler ? Dans une chambre d’hôtel, j’essaye toujours d’être plus ou moins rapide parce que je ne sais pas combien de temps ça va mettre à télécharger mais l’actualité, en particulier l’actualité en Grande-Bretagne et aux États-Unis, est tout à fait inquiétante : le processus d’effondrement est en marche de manière plus visible que chez nous. Ce qui ne veut pas dire que ça ne se passe pas chez nous aussi.
C’était avant-hier, j’ai parlé à Fleurance, devant une salle bien remplie mais elle était bien remplie pour tout le monde : pour les 12 participants du marathon, chacun une heure. J’ai eu beaucoup d’échanges avec vous. Il y a certains d’entre vous qui étaient venus pour m’écouter spécifiquement, d’autres qui me découvraient. Je remercie d’ailleurs la librairie qui avait réuni un choix très très important de mes livres. Ce n’est pas toujours évident parce que certains de ces éditeurs ne sont pas faciles à trouver. Et voilà.
Alors, qu’est-ce qui se passe en Grande-Bretagne ? Je ne vais rien dire là-dessus cette fois-ci. J’y ai consacré ma dernière vidéo et on aura l’occasion d’y revenir. On va vers un Brexit dur, qui n’est pas simplement une question de frontières, de droits douaniers, etc., mais qui remet aussi en question le statut de l’Irlande du Nord comme je vous le répète depuis juin 2016.
Aux États-Unis, deux choses. Je n’ai pas eu l’occasion véritablement de vous parler des deux grands débats où se sont affrontés tous les candidats Démocrates à la présidentielle. Je n’ai pas pu les voir, contrairement à mon habitude, parce que j’étais déjà sur les routes. Mais enfin, j’ai regardé ce que disaient les journaux. Alors, l’avis est unanime : il y a deux candidats qui ont émergé du lot, en particulier, sur les 4 dont on pourrait considérer qu’ils restent en lice. Les 4 qui restent en lice, c’est M. Joe Biden qui était le vice-président de M. Obama, Mme Kamala Harris qui a joué un rôle important de procureur en Californie, Mme Elizabeth Warren dont vous n’ignorez plus rien parce que cela fait des années et des années que j’en parle sur le blog – en bien – une sociologue que j’avais découverte moi parce qu’elle avait écrit sur l’endettement aux États-Unis et c’est un des ouvrages que je cite dans La crise du capitalisme américain, où j’annonce la crise des subprimes. C’est un ouvrage écrit par Mme Warren en collaboration avec d’autres personnes, et M. Bernie Sanders que je ne dois pas vous présenter, qui est le candidat « socialiste » du Parti démocrate depuis des années et des années. Il devient un peu vieux, de même pour M. Biden qui a déjà 76 ans.
Qui est-ce qui a émergé du débat selon les critiques ? Ils ont d’abord souligné que M. Biden et Mme Kamala Harris, qui étaient dans la même partie du débat, se sont neutralisés l’un l’autre et se sont mal défendus devant les critiques faites par les autres candidats. Et sinon, ont émergé véritablement deux candidats du côté du Parti démocrate : Mme Warren et M. Sanders, disant des choses extrêmement similaires, des choses que l’on pourrait qualifier d’« extrême gauche », ce qui est évidemment très très rare dans le paysage américain qui s’arrange toujours pour neutraliser fort à la fois les personnes – vous le savez – et les discours qui sont tenus de ce côté-là. Est-ce à dire qu’on aura un président d’extrême-gauche aux États-Unis ? Ce serait un excellent retour de balancier par rapport à M. Trump mais c’est tellement peu probable aux États-Unis qu’il ne faut certainement pas se réjouir prématurément.
Quel autre évènement ? Bien sûr, 2 tueries de plus qui se sont déroulées à quelques heures de distance à El Paso, sur la frontière mexicaine des États-Unis, et à Dayton dans l’Ohio [Oaïo]. Dans l’Oyo, comme on dit en français. Le type était couvert d’une armure de protection de la police. Il avait un gilet pare-balles, etc. On ne sait pas trop, parce qu’on l’a « neutralisé », c’est-à-dire qu’en fait, on l’a tué au bout de 30 secondes de tirs. La police a réagi extrêmement rapidement. Donc, on ne sait pas, il ne peut pas vraiment causer. Il n’avait pas fait de déclaration préalable. Le type de El Paso est sous les verrous. Il avait écrit, lui, 4 pages d’un discours suprémaciste blanc expliquant qu’il allait tuer des gens que l’on appelle « Hispaniques » aux États-Unis, « Hispaniques » parce qu’ils parlent espagnol mais vous savez le problème pour les suprémacistes blancs, ce n’est pas que ces gens parlent espagnol : ils s’en fichent, c’est le fait que ce sont des Amérindiens. Ce sont des gens qui se trouvaient là au moment où les Blancs sont arrivés. Bien sûr, ce ne sont pas des gens qui disent, comme les Blancs, que c’est « Dieu » qui leur avait donné le pays parce que vous savez que ce sont des gens qui ne croyaient pas en Dieu au moment où ils étaient là. C’est-à-dire que c’était à titre tout à fait provisoire. Les vrais détenteurs sont venus par la suite, « Dieu leur donnant les États-Unis », et le reste de l’Amérique, en leur disant que c’était à peu près vide.
M. Rod Rosenstein, vous vous en souvenez peut-être. M. Rod Rosenstein, je vous en parlé beaucoup à une époque où on n’en parlait pas tellement. Il était n° 2 du ministère de la Justice. Il a depuis démissionné. C’est la personne qui était responsable de défendre M. Mueller dans la tâche de sa commission spéciale. Il l’a bien défendu jusqu’au bout. On a un peu hésité à propos de M. Rod Rosenstein parce qu’il était à côté du ministre de la Justice, M. William Barr, au moment où M. William Barr faisait un résumé tout à fait inexact du rapport Mueller, de manière anticipée, un mois à peu près avant que le rapport ne soit visible et encore, fortement caviardé.
Qu’a dit M. Rod Rosenstein ? Il a dit – cela devait être avant-hier : « Les États-Unis sont la victime d’un terrorisme organisé. Il ne s’agit pas du terrorisme de Daesh, il s’agit du terrorisme de Blancs suprémacistes ». C’est-à-dire qu’il a jeté un peu un pavé dans la mare aux canards. La différence entre les terrorismes précédents aux États-Unis et celui-ci, c’est bien entendu le fait que le Président est quelqu’un qui a affirmé clairement ses positions politiques comme étant du côté des terroristes.
Alors, qu’est-ce que cela va donner avec d’un côté les Démocrates qui se mobilisent derrière des candidats d’extrême-gauche et, de l’autre côté, une population sur-armée où des porte-paroles de ce camp-là passent à l’action et tirent dans la foule, à condition que ce soit des foules homogènes de gens dits « de couleur » qui regroupent bien entendu des gens descendant de l’esclavage, des gens métissés avec des populations amérindiennes et des populations amérindiennes encore quasiment pures, tous ensemble mis dans le même sac, des gens à qui « Dieu » n’a pas confié les États-Unis ?
Voilà, allez, à bientôt !
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