The Guardian : They look white but say they’re black: a tiny town in Ohio wrestles with race, le 25 juillet 2019
Je vous parle beaucoup des États-Unis, et depuis longtemps : douze ans. Durant les deux premières années du blog, je rédigeais mes billets et je tournais mes petites webcams de mon domicile à Santa Monica en Californie.
Ce que je vous dis ici des États-Unis vous intéresse beaucoup moins que le reste ; les chiffres sont là. Ce n’est pas important pour moi : ce pays continuera de me passionner. Le livre où j’annonçais la crise des subprimes, La crise du capitalisme américain (2007), combinait tous les outils de ma boîte : la sociologie, l’économie, la démographie, la science politique et l’histoire.
Dans une lettre d’insultes comme j’en reçois quelquefois (pas trop souvent, heureusement !), l’un d’entre vous avait trouvé la semaine dernière l’explication de mon intérêt : « Vous êtes un Atlantiste ! »
L’explication, si vous voulez la découvrir, vous la trouverez plutôt dans des billets comme ceux où j’appelle Trump « Le dernier général de l’armée Sudiste en déroute », ou bien où j’explique une tuerie dans un lycée américain à partir du monde rural médiéval européen. Mon intérêt pour les États-Unis, c’est celui du journaliste d’investigation ou du psychanalyste : c’est celui que je porte à une nation qui bien davantage que la plupart sans doute ne comprend guère qui elle est. Le refoulé y pèse des tonnes. Elle ne pourra guérir que lorsque tout ce refoulé aura refait surface. Il reste beaucoup de chemin à parcourir.
Si vous comprenez l’anglais, regardez la vidéo ci-dessus : elle offre une illustration exemplaire de ce que je viens de dire.
Si vous ne comprenez pas l’anglais, je vous dis en une phrase de quoi il est question. Il s’agit d’une petite communauté qui à une époque a été créée à la campagne par les gens bien de la ville d’à côté. On y a parqué la « racaille » : descendants d’esclaves importés d’Afrique enchaînés, Amérindiens rescapés du génocide, et aussi petits blancs louseurs, et on a appelé tout le monde « nègres ». La vidéo vous montre en particulier deux femmes blanches, la mère et la fille ; la fille affirme qu’il est temps de mettre fin à cette connerie, la mère n’en veut rien savoir : c’est son héritage – et sa fierté – d’avoir toujours été stigmatisée comme « négresse ».
J’espère qu’après avoir vu cette vidéo, quelques-uns au moins d’entre vous, qui ont eu la révélation que « Jorion est un Atlantiste ! », ou que je suis « obsédé par Trump », auront mieux compris que ce que je traque, toujours et inlassablement, c’est le manque de lucidité, la méconnaissance des êtres humains de qui ils sont.
Des airs de côte léonarde, vers Roscoff, Santec. En écho à la référence aux lointains ancêtres, la montée du niveau…