Paul Jorion (né le 22 juillet 1946 à Bruxelles) est un anthropologue, sociologue et essayiste belge ainsi que professeur d’université tant en Belgique qu’aux Etats Unis. Il a publié de nombreux ouvrages économiques et sociologiques.
Mes vacances à Morro Bay est le premier roman qu’il vient de publier (mai 2019). Il m’a semblé intéressant de découvrir le premier roman écrit par Paul Jorion de par sa formation de docteur en anthropologie. Une approche prometteuse me semblait-il. Que pouvait-il ressortir d’un récit de six jours de vacances en plein centre de la Californie dans une petite station balnéaire reculée ?
Va-t-on découvrir une histoire romanesque … ? Eh bien, non car l’auteur, en fait, nous raconte en direct le déroulement de ses six jours de vacances un peu forcées en narrant spontanément tout ce qui lui passe par la tête. Le nom de roman étant un peu spécial du fait que tout est réel du moins pour la plus grande part et spontané. À part la chronologie des six jours, tout est plus pensé en direct, parlé que réellement écrit comme l’est un manuscrit ordinaire. C’est là que surpris par tant de sincérité, on est un peu comme un auto-stoppeur qui aurait été pris en charge par le romancier. Il nous transporte avec lui dans ses pensées. Il faut peu de pages parcourues pour se rendre à l’évidence qu’il se trouve à un moment de sa vie « en passage en roue libre » échaudé par la défaite de son couple qui l’a conduit au divorce et à un très vif besoin de se prouver qu’il peut encore plaire aux femmes.
Les femmes et leur rapport avec les hommes est bien le sujet qui taraude Jorion et cela transpire à presque tous les chapitres de ce petit livre ! Juste avant de partir pour ses courtes vacances, il rêve et envisage une idylle avec sa jeune dentiste roumaine car il sait que son prochain rendez-vous pour continuer les soins entamés est fixé juste après les six jours qu’il a réservés à Morro Bay.
Chaque fois qu’il aborde le sujet féminin et l’amour, c’est sous forme d’une sorte d’hymne aux relations du genre humain mais du point de vue masculin. Une différence bien souvent mal comprise. On le sent seul, isolé dans l’immense Californie, avec, en temps que Belge, un besoin de reparler français ainsi que de ses racines quitte à négliger un peu la structure et le fil conducteur de son récit en direct.
Mais, il n’est pas question que de femmes, et de tentative d’aventures avec elles dans ces pages. De beaux moments de réflexions et de vécu nous sont simplement et généreusement offerts. Et c’est bien là que j’escomptai être récompensé de mon achat ! Je vous en livre quelques uns : » Je n’ai jamais été proche de mon père et j’ignore si quelqu’un le fut jamais davantage que moi ». Il attribue cela au dégâts psychologique de la campagne des dix-huit jours sur le moral de son paternel. Sur l’ambition : « Souvent les femmes mentionnent la venue d’un enfant – ou de plusieurs – comme une parenthèse qui serait toute provisoire : aisément négociable, et, de courte durée, et puis dans le feu de l’action cela s’est métamorphosé en une nouvelle vocation, parce que les enfants, cela peut aisément se transformer en engagement total, et pour une durée indéterminée. Cela dit, si l’ambition a été limitée ou non, c’est une tournure d’esprit : c’est quelque chose que l’on sait seulement en son for intérieur . »
En conclusion, je dirai que ce premier roman est un succès dans la mesure où ce récit, presque « à chaud », est chaleureux et nous fait voir les choses du bon côté avec un certain courage de la part de ce nouveau « romancier » qu’est Jorion.
Merci Khanard, de m’avoir envoyé la liste. Que dire ? que dire ? 😀 1 – Il y a peut-être…