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Un article intéressant sur le complotisme dans le Washington Post d’hier : 50 ans après Apollo, les conspirationnistes hurlent toujours au « canular de la lune » met en évidence que le complotiste ne propose pas une représentation alternative de la réalité, il s’en tient à une seule proposition : « On nous ment ! » Aucune démonstration, aucune preuve, aucun raisonnement, ne peut le faire reculer, pas même celle de la difficulté pratique qu’il y aurait à mettre en oeuvre le contraire de la version officielle.
L’article montre ainsi qu’un complotiste convaincu que l’homme n’a pas marché sur la lune sera indifférent à la démonstration qu’il est plus difficile techniquement de manufacturer de fausses roches lunaires ayant cristallisé dans une atmosphère sans oxygène ni vapeur d’eau (nous en avons maintenant sur terre, 382 kilos), que d’envoyer un homme sur la lune. Cela ne le décontenance pas : « Pour nous mentir, on ne recule devant rien ! », semble-t-il penser.
Le complotiste est également indifférent aux contradictions qu’implique son conspirationnisme. L’article du Washington Post rapporte ainsi que les personnes convaincues que la princesse Diana n’est en réalité pas morte sont les mêmes qui pensent qu’il ne s’agissait pas d’un accident mais d’un meurtre. Seul point commun de ces deux versions qui s’excluent l’une l’autre, d’être cohérentes par rapport à « La version officielle d’un accident est un mensonge ».
L’article ne va pas plus loin, l’auteur Joel Achenbach se contentant de mentionner ces bizarreries de manière un peu impressionniste. Il se réjouit ainsi tout particulièrement du fait que l’astronaute Buzz Aldrin finit par allonger un jour un sceptique chahuteur brandissant la Bible, d’un crochet du droit.
Sur un plan psychanalytique, cette indifférence à la réfutation rationnelle, ce noyau dur de la conviction articulé autour d’une seule proposition : « On nous ment ! » me semble tomber dans la catégorie des mécanismes de défense. Je ne serais pas étonné qu’il s’agisse de la croyance unique ayant permis à certains de survivre à une éducation dans un milieu particulièrement toxique. « On nous ment ! » aurait été pour eux la vérité à laquelle il était essentiel de croire – parce qu’elle seule était alors vraie.
Comment s’en défaire après, pour s’adapter à un environnement où on nous dit quelquefois la vérité, et où il faut apprendre à séparer le vrai du faux par l’esprit critique ? Je ne vois guère qu’une analyse personnelle. Mais il faudrait d’abord vouloir échapper à la vérité simpliste mais si confortable du « On nous ment ! »
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