Ouvert aux commentaires.
Attention, âmes sensibles s’abstenir :
Ce qui confirme, s’il en était besoin, que nous sommes dans l’inhabituel …!
Voici un petit témoignage et commentaire par rapport à la manifestation du 1er mai dernier à Paris. Et d’abord une première remarque sur la différence « d’ambiance » entre cette manifestation et celles qui ont eu lieu les deux dernières années par exemple, où par contraste, celles-ci étaient en général très bon enfant. La composition des manifestants m’a semblé beaucoup plus diversifiée, plus jeune aussi, moins centrée sur les syndicats. La tension m’a parue très palpable, et dès le départ à Montparnasse, j’avais senti que cela pouvait vite dégénérer.
Pour se rendre au cortège, il m’a fallu passer un cordon de CRS et être fouillé. À un certain moment, j’ai voulu quitter le cortège par la rue Stanislas, juste à côté de l’église Notre-Dame-des-Champs : un barrage de CRS m’a interdit le passage. Pourquoi « cortège » entre guillemet : parce que l’impression ressentie est que la foule des manifestants était contenue par les forces de l’ordre. Au lieu de défiler « normalement » et librement, les issues étaient bloquées, rendant un certain moment la foule plus dense et compacte, faisant monter la tension.
Autre nouveauté : les « garnisons » de CRS sont amenées à se déplacer fréquemment, avancer, reculer, et parfois se positionner très frontalement face à la foule, voire en s’insinuant ou en s’interposant, ce qui fait monter automatiquement la tension. Il y a évidement l’usage des grenades lacrymogènes pour repousser ou disperser des groupes, quasi-systématiquement et en quantité (sachant que les masques et les protections éventuelles des manifestants ont été confisquées en amont).
Enfin, la tactique de la nasse (pour moi, je l’ai éprouvée dans une autre manifestation) est, disons, très déstabilisante : on a l’impression d’être traité comme du bétail et comme un troupeau pris au piège. Et d’ailleurs, cette fois-là, le groupe de CRS qui avait bloqué l’issue en bout de rue, avait commencé par riposter en envoyant des grenades et des pastilles fumigènes et lacrymogènes, provoquant des mouvements de foule très brusques, de fuite et de peur, et créant indistinctement pour toutes les personnes présentes aussi pacifiques soient-elles, y compris des personnes âgées ou vulnérables, des douleurs insupportables aux yeux et à la gorge. Et pour sortir de la nasse, chaque personne avait du défiler devant un cordon de CRS, et se dévêtir de son gilet jaune si c’était le cas. Un journaliste m’avait expliqué que cela permettait alors aux forces de l’ordre de « capturer » certaines personnes jugées à risque….
Enfin, l’importance des effectifs des forces de l’ordre est devenue très impressionnante (je n’en avais jamais vu autant auparavant)… Bref, évidement que la violence est instrumentalisée…
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