M. Juan Branco, un petit conseil…

M. Juan Branco, je suis avec beaucoup d’intérêt, et bien mieux que cela, avec beaucoup de sympathie, tout ce que vous dites et faites en ce moment. Et c’est pourquoi je me permets de vous adresser un petit conseil.

J’ai été très semblable à vous à votre âge – eh oui ! – et cela ne m’a pas valu que des amis, cela m’a valu même beaucoup d’ennemis qui ont fait de très belles carrières, au contraire de la mienne, et je bénéficie en ce moment du fait qu’ils étaient un peu plus âgés que moi et que la Grande faucheuse les fauche un peu avant moi. Mais tout ça n’a aucune importance car le bon dieu reconnaîtra toujours les siens (je plaisante, bien entendu), et ce n’est pas du tout de cela que je voudrais vous parler : je voudrais vous parler des Trolls, parce que de la manière dont vous vous y prenez avec eux, vous allez vous brûler les ailes. Quand il fait trop chaud à proximité de la lumière, il faut quitter les villes et prendre le maquis. Ou si l’on est un sous-marin, il faut se mettre en plongée le temps qu’il faut – ce qui peut être plusieurs années, voire quelques dizaines d’années (la patience est la sagesse des dissidents).

Les Trolls sont déchaînés contre vous, ce qui va de soi car leur carburant c’est l’envie. Mais en même temps, ce sont des gens comme vous et moi. Simplement, ils ont été davantage meurtris que vous et moi : la vie leur a été encore plus dure qu’à vous et à moi (j’ai personnellement connu pire que dormir sur le canapé chez mes parents 😀 et vous passerez peut-être par là vous aussi, même si je souhaite ardemment que ce ne soit jamais le cas) et ils se sentent beaucoup mieux aussitôt qu’on leur demande « Comment allez-vous ? Comment est-ce que la vie vous traite – car je crains que ce ne soit pas aussi bien que vous le méritiez certainement ? »

J’engage toujours – absolument toujours – le dialogue avec les Trolls. Le vieil adage « Don’t feed the Troll », n’engagez pas le Troll, ne m’a jamais paru judicieux. La moitié environ des Trolls qui se sont présentés sur mon blog sont devenus ensuite des commentateurs prolixes et féconds. Mais comme je l’ai dit, je les ai abordés à partir de la personne qu’ils étaient, jamais sur les balivernes qu’ils colportaient pour attirer mon attention et l’attention du monde en général. Mes échecs ont toujours été les faux Trolls – bots d’une quelconque officine – se cachant sous une fausse adresse mail et à qui mes réponses ne parvenaient pas.

Je vous vois répondre sur le contenu qu’invoquent les Trolls qui vous attaquent, plutôt que de vous inquiéter de la personne qu’ils sont, et c’est là que je vous vois courir un très grand danger car, quelle que soit votre bonne volonté, vous n’arriverez jamais à prouver que parmi les Illuminati qui sont francs-maçons, la majorité d’entre eux ne sont pas juifs de surcroit !

Ne les suivez pas sur ce terrain là, car vos critiques vous réclameront bientôt que vous apportiez la preuve (relevés comptables à l’appui) que les colonies pédophiles sur Mars ou sur la face cachée de la Lune ne sont pas financées par telle ou telle banque ou tel ou tel oligarque, et là, vous êtes perdu !

M. Branco, c’est la misère du monde qui conduit à de tels délires. Elle vous a été épargnée – vous l’expliquez avec beaucoup de candeur et de très grande gentillesse – mais ne suivez pas le délire sur les terres où il prend ses aises : le voyageur le plus aguerri s’y perd bientôt. Continuez de dire la vérité, les âmes perdues vous y rejoindront bien plus sûrement que si vous les engagez en ergotant sur les détails de leurs ruminations : celles-ci ne sont que le pis-aller où elles errent en ce moment, à défaut de l’espoir qui leur manque et qu’il nous faut – vous, moi, et les gueux de la même engeance – parvenir à leur rendre.

Tel est mon petit conseil, c’est peu de choses. Je n’ai malheureusement rien de mieux à vous offrir… espérons seulement qu’il vous convainque… le genre humain compte sur nous tous : les femmes, les enfants et les hommes de bonne volonté 😉 .

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  1. Mes yeux étaient las, bien plus que là, juste après l’apostrophe : la catastrophe.

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