Un ami m’a un jour invité à déjeuner. Nous avons passé la commande. Le hors-d’oeuvre nous a été servi. Nous nous sommes mis à manger. Mais à peine vidée son assiette, il s’est levé et m’a invité à en faire autant. Et me poussant vers la sortie, il m’a glissé : « Il faut qu’on parte ! »
Cette étrange invitation, c’est semble-t-il, celle à laquelle M. Robert Mueller, Procureur spécial, nous a conviés.
Et les plats que nous avions commandés au début du repas ? Et Jerome Corsi, à qui Roger Stone avait confié de rencontrer Julian Assange, alors qu’il a prétendu à la Commission permanente du Congrès sur les questions de renseignement que c’était à Randy Credico qu’il avait confié cette mission ? Et Julian Assange, lui-même, à propos de qui nous avons appris accidentellement en cours de route qu’existait une inculpation secrète ? Et… et ce n’est là qu’une des questions pendantes parmi une multitude d’autres.
Je vous ai signalé au fil des mois chaque fois que Mueller disséminait un peu plus son enquête, confiait à une cour ici ou là le soin de s’occuper de telle ou telle dimension de l’affaire. J’attribuais cela à son souci d’immuniser l’investigation contre son renvoi éventuel par Trump, ou celui de Rod Rosenstein au ministère de la Justice, qui lui servait de rempart. (Il faudra d’ailleurs qu’on comprenne un jour pourquoi celui-ci, au contraire d’un Comey ou d’un McCabe, n’a pas été viré alors qu’il en était question tous les jours, et que si j’avais été Trump, il aurait été ma tête de Turc N° 1).
Je termine l’histoire de mon repas interrompu. J’ai accompagné mon ami dans la rue sans rien dire. Nous nous sommes quittés. Et je suis aussitôt retourné au restaurant où, le maître d’hôtel ne s’étant aperçu de rien, mon plat m’a été servi, suivi du dessert, et enfin du café.
Vous me voyez ici, et vous me verrez encore, faire exactement la même chose avec l’étrange repas interrompu de M. Robert Mueller.
» Il va maintenant jouer sur la terreur, la perte de repères, l’identification à lui seulement, la mise en scène…