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Je crains, Timiota, que votre notion de « dépercolation » ne propage un douloureux contresens.
De ce billet, je crois comprendre que votre « dé-percolation » résulterait d’une granulométrie trop grossière, parce que calibrée à la taille des Nations. Poussons la métaphore.
L’idée de Nation ne conceptualiserait donc plus qu’un amas de blocs erratiques, trop gros pour enrichir le flux de l’Histoire autrement que par l’abomination « nationaliste ». C’est-à-dire « chauvinisme, patriotisme, xénophobie ». Mais ne pouvons-nous être nationaux sans être ni nationalistes, ni chauvins, ni patriotards, ni xénophobes ?
Nous comprenons l’idée : le peuple serait trop nationaliste et trop peu ouvert au monde aux yeux de nos démocratures avérées, pour lesquelles l’avenir du genre humain serait à l’horizon d’un « droit planétaire » garanti par un gouvernement mondial. Il nous faudrait donc être « cosmopolites » ! Je crois ne pas me tromper en disant que le cosmopolitisme est né d’une façon d’occuper l’espace propre aux marchands. Ne vous semble-t-il pas que le néo-libéralisme transnational achève la prise du pouvoir des marchands sur le territoire des nations ? N’est-ce pas vrai, pour l’énergie hydraulique (allégorie oblige), Alstom et tout le reste. Le patrimoine des Grecs (dont les collections des musées) sert de collatéral – tangible – aux banques dont ils sont devenus la propriété ?
Heureusement, la langue distingue encore entre nationalisme et national, souverainisme et souveraineté. Qui ne veut pas être souverain : décider pour lui-même ?
Bien entendu, je vous l’accorderais bien volontiers, l’Euroasiatisme d’Alexandre Douguine s’oppose à l’idéologie marchande par trop de territorialité. L’accomplissement de cette idéologie figerait tout un continent dans sa dimension « archéoreligieuse », laquelle, symétriquement, bloquerait toute circulation d’idée. Le peuple russe assume son histoire, et l’histoire de la France est différente de celle de la Russie, dépecée il y a trente ans par l’alliance entre nos financiers rapaces, leurs mafias locales et les transfuges du KGB.
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La vie douloureuse faite aux Français les a donc armés moralement. La petite classe moyenne française reprend ses marques et les Gilets jaunes choisissent d’emblée la bonne échelle pour agir sur les conditions qui leur sont faites.
Le peuple s’est reconnu à lui-même, rien n’effacera plus la conscience d’être méprisé comme nation par les encastés des grandes écoles. Face à ces pillards arrogants et médiocres n’ayant plus pour patrie que le flux de l’argent transnational occulte, les Français reprennent pied à partir des territoires des communes héritées de sa Révolution. L’imposture politique, de gauche comme de droite, tente de casser l’ossature physique de la Nation, appelle à « plus d’Europe », mais pour ne justifier que la razzia des privatisations. Les maires le savent, les énarques veulent gérer de plus gros paquets, pas pour faire des économies, puisqu’au final cela coûte encore plus cher, mais pour saboter l’ancrage territorial des résistances.
Ne voyez-vous pas Timiota qu’à l’inverse de votre préjugé, le municipalisme est la mesure de leur action, le terrain concret sur lequel ils bâtissent de nouvelles formes d’organisation, de partage, de réciprocité et de gratuité, dont chaque nation, et l’humanité pour sa survie, ont urgemment besoin.
Certes il y a du chemin à parcourir, l’assemblée des assemblées de Commercy doit encore mûrir les pratiques qui lui permettront de gérer l’Assemblée nationale : c’est en route, et si la route leur est brutalement coupée, les Gilets jaunes prendront le maquis.
Et, puisque vous évoquez ce qui vous semble un spectre : « le “gaullisme social”, construit sur les ruines prochaines du wauquiezisme, dans le lointain sillage du séguinisme et du chevenementisme ». Qu’y aurait-il de si terrible à repartir d’une bifurcation manquée ? Mais voyons, une idée parmi d’autres, plutôt que de destituer Macron pour non-respect de la constitution, relançons le referendum sur la participation, lequel fut saboté autant par le PCF que par le MEDEF. La participation allait bien plus loin que le simple « intéressement aux bénéfices ».
Allez, assez écrit, c’est l’heure de la vidéo.
Philippe Seguin, discours à l’Assemblée Nationale 1992 (extrait)
Gabin dans Le Président, Henri Verneuil, 1961. Quand on lui demandait son appréciation sur Marlène, il laissait tomber : « elle cuisine très bien ».
[Timiota, que ceci reste entre-nous, et au prochain rond-point]
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