Retranscription de Déjà vu !, le 19 Janvier 2019. Merci à Eric Muller!
Bonjour, nous sommes au soir du samedi 19 janvier 2019, et cette vidéo-ci est très inhabituelle par rapport à celles que je fais d’habitude. J’en connais le titre, qui est « Déjà-vu », et je ne sais rien d’autre. Je ne sais pas ce que je vais vous dire, je ne sais pas si je vais vous montrer cela – si vous le voyez, bien entendu, c’est que j’aurais pris la décision de le faire, sinon vous n’en saurez jamais rien.
Pourquoi la faire ? Eh bien, c’est à partir justement de ce « déjà vu », c’est à partir de ce sentiment. Je voudrais essayer de, voilà, pour m’éclairer moi-même, je voudrais parler de ce sentiment de « déjà-vu ». Sur quoi porte-t-il ? Il porte sur le fait que je suis (depuis septembre 2015 si j’ai bon souvenir) je vous parle de manière constante (enfin, pas tous les jours, mais de manière constante) à chaque fois que j’ai quelque chose à dire sur le sujet, je vous parle de cette « affaire Trump » aux États-Unis, le fait que Donald Trump a été élu président aux élections de 2016.
On est à mi-mandat – il a fait deux ans – on est exactement en fait à mi-mandat, à peu près, à un jour près. D’où me vient l’impression de « déjà-vu » ? C’est que je vous raconte des choses à propos de Trump et je me trouve exactement dans la même situation, à mon point de vue, où je me suis trouvé à partir des années 2004, 2005, 2006, à parler autour de moi de quelque chose qui se passait, qui se préparait, qui était la crise des subprimes, et je disais autour de moi, avec très peu de succès (on m’écoutait à peine) qu’il allait y avoir quelque chose de très gros, quelque chose d’extraordinaire, de formidable, et que j’en avais les preuves, que je rassemblais l’information et que je vous en tenais – les gens à qui j’en parlais – je vous en tenais informé. J’ai le sentiment de faire exactement la même chose, et le « déjà-vu » il est dans vos réactions, de vous autour de moi. Parce que, qu’est-ce qu’on me dit maintenant à propos de la crise des subprimes ? On me dit : « Pourquoi est-ce que personne ne vous a écouté ? » et c’est de ça dont je voudrais vous parler.
Bon, je fais des petites vidéos. Je fais des articles, j’essaye aussi de placer des choses auxquelles je pense par rapport à Trump mais aux endroits où on me demande des chroniques régulières, donc dans Le Monde en France, dans L’Echo en Belgique et dans Trends-Tendances en Belgique, et ces textes provoquent très très peu de réaction.
Si : il y a quelques réactions de gens qui me disent : « Mais vous avez la berlue ! De quoi vous parlez ? Cessez de nous ennuyer. Vous attachez beaucoup trop d’importance à quelque chose ! » et vous voyez le « déjà-vu » il est dans ce que je viens de vous dire : dans ces phrases que j’entends. Et ce sont ces phrases que j’entends qui me font penser, ce soir, qu’il doit y avoir un parallèle dans mon enquête, mes analyses et les choses que je disais à propos des subprimes, et mon enquête, mes analyses sur ce que je dis à propos de Trump. Et, vous le savez, la question que j’essaie de résoudre, sans doute, en faisant cette petite vidéo – qui est essentiellement penser tout haut devant la caméra – c’est qu’on me dira dans quelque temps : « Pourquoi est-ce que personne ne vous a cru ? Pourquoi est-ce que les gens n’attachaient aucune importance à ça ? Pourquoi est-ce qu’on regardait le fait que vous en parliez comme une sorte d’excentricité gentille… Vous êtes quelqu’un qui réfléchit bien, qui parle de choses intéressantes, vous avez fait des livres qui nous parlent de choses dont on ne parlait pas – de « la vérité et la réalité ». Vous êtes quelqu’un d’intéressant, vous portez un regard intéressant sur les choses… Mais pourquoi est-ce qu’on ne vous a pas cru quand vous parliez de la crise des subprimes ? » Et là, il faudrait être précis : « Pourquoi est-ce qu’on ne vous a pas cru quand vous disiez que c’était quelque chose de très très gros ? » Parce que, c’est ça : si je disais « Vous savez, il y a des gens qui ont des prêts, ils ne vont pas les rembourser etc. », eh bien on m’écoutait distraitement en disant « Il sait des trucs, voilà, c’est intéressant [même si] ça ne m’intéresse moi pas particulièrement » mais je disais « Ça va être très gros, il y a là quelque chose d’immense » ?
Je dis ma même chose à propos de Trump. Je dis : « On va se rendre compte qu’on était au milieu de la troisième guerre mondiale, que c’était essentiellement une guerre cybernétique mais que, aussi, la présence de Trump en faisait une guerre, en réalité, de type classique – avec des espions, de la manipulation, des choses cachées, etc. Et la question qui m’avait été posée à propos de ça – « Pourquoi est ce qu’on ne vous croyait pas à propos de Trump, comme on ne vous a pas cru sur l’histoire des subprimes quand vous avez expliqué que ça allait venir, que ça allait être immense, que ça allait être très grand, que ça allait avoir des conséquences extraordinaires ? » Et là, le fait est – c’est pour ça que je réfléchis tout haut à ce propos devant vous – que je ne connais pas la réponse non plus. Je ne sais pas pourquoi on ne m’écoute pas – de la même manière que la première fois.
J’ai dit un jour quelque chose – je crois que c’est dans une vidéo ou un petit texte – que j’ai peut-être une sensibilité à la taille des événements que d’autres personnes n’ont pas : que je suis prêt à croire que les choses peuvent être très très grosses là où il y a une tendance naturelle de la part des autres personnes de considérer que les choses sont en général relativement petites ou éventuellement de taille moyenne, mais ne sont pas prêts à me suivre sur la question de la taille, de l’immensité, du caractère pharaonique de quoi je parle. Et ça, c’est peut-être, bon, l’explication, elle est peut-être là. J’ai peut-être une sensibilité à l’échelle, aux échelles de grandeur, qui échappe à la plupart de mes contemporains. Ça n’échappe pas à tout le monde puisqu’il y a quatre ou cinq personnes qui ont annoncé la crise des subprimes comme moi.
Pour ce qui est de ce que je dis à propos de Trump, il y a des gens qui disent des choses du même genre, mais – je regardais encore toute une série de programmes ce soir, là aussi – j’ai regardé parmi les meilleurs, voilà, les meilleurs analystes du côté américain. Je regarde bien ce qu’ils disent, mais là aussi, la différence c’est quant à la taille de l’évènement. On parle de ce que Trump a pu dire, de ce que Mueller a pu dire, et tout ça reste, je dirais, dans des limites de l’ordinaire, d’une certaine manière. Ce n’est pas de l’extraordinaire. Ça n’a pas la taille de ces trillions de dollars perdus en septembre 2008.
Si je m’intéresse à Trump, c’est sans doute avec le même type de curiosité. Il y a quelque chose de si gros que je voudrais savoir à quel point c’est gros. Et là, j’ai le même sentiment que à propos de la crise des subprimes : ça va être d’une taille que les gens autour de moi n’imaginent pas, même les meilleurs commentateurs américains – que je regarde avec beaucoup d’intérêt. Et là, je dirais, je vais peut-être terminer par ça : pour la crise des subprimes il y en avait encore quatre ou cinq je dirais, autour de moi – Nouriel Roubini, un anglais dont le nom m’échappe malheureusement [Wynne Godley], quelqu’un qui est mort assez rapidement ensuite. On disait, voilà : « Ça va être très très gros » et on n’était pas suivi. Et là, je ne suis même pas sûr que j’arrive à trouver quatre ou cinq – je regarde un peu partout – je ne suis même pas sur de trouver quatre ou cinq personnes qui disent, comme moi, « On va être épaté par la taille de la chose. »
Voilà. Je vous ai dit, j’ai commencé en ne sachant pas où j’allais. Je ne sais pas à quel moment m’arrêter mais j’ai l’impression que ça va être le moment m’arrêter. S’il y a des choses qui me viennent un peu plus tard, eh bien, je vous tiendrai au courant. Et là comme je vous dis, est-ce que je vais mettre ça en ligne ou pas, je n’en sais rien. Je vais réfléchir cinq minutes, dix minutes, je vais regarder ce que je viens de dire et puis je déciderai en mon âme et conscience si je le partage avec vous.
Allez, à bientôt – si vous le voyez un jour…
Mais c’est quand même se donner beaucoup de mal pour reproduire en moins bien ce qui existe déjà dans la…