La collusion de Trump avec la Russie était établie avant la création de la commission Mueller

L’enseignement principal de l’article du New York Times avant-hier aura été que la commission Mueller fut créée le 17 mai 2017 non pas pour enquêter sur une collusion éventuelle de l’équipe Trump avec la Russie, mais parce que cette collusion était établie aux yeux des services de renseignement et que la révocation de James B. Comey, le patron du FBI, le 9 mai, soit huit jours auparavant, forçait la justice américaine à agir à partir de là dans l’urgence et le secret.

Comme je l’ai rappelé hier, le lendemain même de l’éviction de Comey, le 10 mai 2017, Trump disait au ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Lavrov et à l’ambassadeur de Russie, Sergeï Kisliak : « Je viens de virer le patron du FBI. C’était un fou, un vrai fêlé. J’étais vraiment sous pression à cause de la Russie. C’est une affaire réglée ! ». La stratégie que Trump avait décidé d’adopter était donc claire : décapiter la police fédérale. Et c’est ce qu’il fit en effet, en se débarrassant ensuite de McCabe, de Strzok, de Lisa Page. Orchestrer également en excitant sa base, des campagnes de harcèlement contre les investigateurs les plus dangereux à ses yeux. Ainsi celle menée contre Bruce Ohr, fonctionnaire au ministère de la Justice, dont on a dit que Trump lui reprochait d’avoir été la personne ayant signalé l’existence du rapport Steele, où il était dit que les Russes faisaient chanter Trump en raison de ses aventures avec des prostituées à Moscou (je rappelle que quasiment tout dans ce rapport a été corroboré depuis), mais dont il sera sans doute confirmé bientôt qu’il était essentiellement visé en tant que directeur du service enquêtant sur les activités de la mafia russe.

Il fallait donc faire vite et la leçon du Watergate était claire : dans un contexte de corruption au sommet, et en raison des pouvoirs considérables dont dispose le Président des États-Unis, seule une investigation menée par un Special Counsel bénéficierait d’une protection suffisante pour aboutir à sa destitution, dont il était clair, dès mai 2017, qu’elle était impérative.

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