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Brexit ou effondrement d’une nation ?
Le 15 décembre, les présidents de six comités ministériels britanniques, quatre Conservateurs, un Travailliste et un Libéral-démocrate, affirmèrent dans une déclaration commune que
« Les débats qui s’éternisent relatifs au Brexit et les retards dans la conclusion d’un accord sur nos futures relations avec l’Union européenne ont de manière générale un effet très négatif sur la conduite de la politique intérieure. … [Le] Brexit vampirise le gouvernement à un moment où nos villes, nos campagnes et nos citoyens font face à de sérieuses baisses de budgets. Plutôt que de laisser traîner le processus du Brexit pendant encore des mois, nous devons le mener à terme si nous voulons éviter que notre pays ne subisse des dégâts irréparables. »
Une liste de ces « dégâts » était dressée par les signataires :
« … protéger notre système national de santé, améliorer la protection sociale des personnes âgées, intensifier la lutte contre la criminalité, celle à l’arme blanche en particulier, rénover notre système de prestations, améliorer nos transports en commun et protéger l’environnement pour les générations à venir. Le Premier ministre devrait s’attaquer à nouveau aux injustices sociales brûlantes, dont elle avait insisté lors de son arrivée à Downing Street qu’elles seraient sa principale priorité. »
Dans la semaine du 14 janvier, Mme Theresa May, Premier ministre britannique, soumettra au parlement sa proposition de Brexit : celle dont elle a négocié les termes avec l’Union européenne, proposition dont elle a remis le vote initialement prévu pour le 11 décembre, en raison d’un rejet alors certain. Son gouvernement avait alors survécu à une motion de défiance.
Alors que la date du 29 mars 2019 a été fixée pour le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, les commentateurs mentionnent en sus de la proposition de Mme May, comme autres options toujours d’actualité : soit, un retrait « no deal », sans aucun accord, à mettre sur pied de préférence dans l’ordre, les visions d’un retrait désordonné étant apocalyptiques : pénuries de produits de première nécessité et de médicaments, chaos à Douvres en particulier et dans les ports dans leur ensemble, soit, un accord de type « Norvège + », c’est-à-dire une relation avec l’Union européenne pour le Royaume-Uni, comme celle de la Norvège aujourd’hui, équivalant, affirment les critiques, à un statut de membre de seconde classe : sans droit de vote dans les décisions de l’UE, soit enfin, dernière option, un nouveau referendum, pouvant déboucher sur le souhait désormais des Britanniques si l’on en croit les sondages : 52% remain, un vote qui renverserait celui de juin 2016 : 52% leave.
Notre civilisation court-elle, comme le craignent les scientifiques, un risque d’effondrement, notre espèce dépassant la capacité de charge de son environnement : les conditions même de sa survie sur la Terre ?
Seuls les optimistes invétérés, victimes peut-être de leur naïveté, répondraient Non à cette question. Et dans ce cas, quel type de situation signalerait-il un effondrement dans ses manifestations initiales ?
Le Brexit tout particulièrement oblige à se poser la question. Le Royaume-Uni, dans les affres qu’on lui constate aujourd’hui, fait-il face simplement aux vicissitudes qui sont le quotidien des nations (du business as usual aux crises majeures, du type des révolutions) ou bien est-il véritablement au bord de l’effondrement ?
Si la réponse devait être Oui, un enseignement essentiel nous serait dispensé par le Brexit : que ce ne sont pas des événements extérieurs imprévisible, assimilables à « la main de Dieu » qui précipitent la chute des civilisations, mais la folie des hommes, telle celle de M. David Cameron, Premier ministre à l’époque, qui lança le referendum du Brexit comme un moyen innocent à ses yeux de faire taire une fois pour toutes certains de ses adversaires politiques au sein de son propre parti.
L’effondrement de nos civilisations trouvera comme moyen de se réaliser, les diverses folies d’une poignée d’entre nous. Soyons conscients, chacun à son niveau, que notre irresponsabilité au fil des millénaires – trop confiants que la Terre tolérerait avec bienveillance tous nos caprices d’êtres humains – fait que nous jouons tous désormais avec le feu.
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