Sur ma longueur d’avance

En novembre 2005 (« achevé d’imprimer en octobre 2005 ») paraît le N°26 de la Revue du MAUSS intitulé « Alter-démocratie, alter-économie », publié par La Découverte. Il contient un article de moi (pp. 271-278), intitulé « La crise du capitalisme américain », dont certaines des sections ont pour sous-titre « La bulle financière de l’immobilier résidentiel finira-t-elle par éclater ? », « Le surendettement des ménages », « Conclusion : Vers la crise ? ». J’écris dans cette conclusion :

La piste est bordée d’un précipice. La danse est cependant endiablée. Le danger ne dépend pas du rythme auquel les danseurs s’ébattent mais bien de la distance qui les sépare du bord. […] … les États-Unis du début du XXIe siècle pèchent par le cynisme avec lequel ils laissent leurs propres citoyens se brûler les ailes au jeu du capitalisme américain.

Comme le laissent entendre certaines phrases de cet article, telle « Ce que j’entends mettre en évidence… », il s’agit d’un extrait d’un texte plus long. Il s’agit en fait de l’introduction d’un manuscrit intitulé lui aussi « La crise du capitalisme américain », cherchant vainement à cette époque à se faire publier.

Le livre, rédigé de l’automne 2004 au printemps 2005, paraîtrait en janvier 2007 (« achevé d’imprimer en décembre 2006 ») aux éditions de La Découverte sous le titre « Vers la crise du capitalisme américain ? » (256 pp.) Le mois suivant, le 28 février 2007, je lancerais le blog ici présent. Le billet en date de ce jour-là est intitulé « Le déclenchement de la crise du capitalisme américain ».

À partir de là, je vous ai tenu ici la chronique au jour le jour de la crise des subprimes. Vous relirez peut-être avec plaisir un de mes deux billets en date du 14 septembre 2008 intitulé « Lehman Brothers : Tic-tac, tic-tac… », l’autre s’appelle « Un dimanche comme les autres », on lit dans celui-ci :

Barclays s’est retiré de la discussion : pas assez de garanties pour racheter Lehman. Trois heures plus tard, Bank of America se retire à son tour pour annoncer qu’elle envisage … une fusion avec Merrill Lynch !

Le reste, c’est de l’Histoire. P.S. Vous trouverez quelques personnes se présenter à vous comme « ayant prédit la crise des subprimes » pour avoir publié dans la période allant de mars 2007 à septembre 2008 l’un ou l’autre article « annonçant » la crise. Non ! durant cette période, la crise des subprimes battait déjà son plein et il en était rendu compte ici, au jour le jour, parfois de minute en minute.

Pourquoi est-ce que je vous rappelle tout cela ? Parce que depuis le 1er septembre 2015, je vous propose ici sur mon blog la chronique des tribulations de Donald Trump, devenu Président des États-Unis. Et là aussi je vous soumets des prédictions. La durée de vie de mes anticipations est en général très modeste : allant de quelques heures seulement à quelques jours, quand l’un ou l’autre analyste, en général américain, me rattrape. Cela se passe avec une telle régularité d’ailleurs que je m’inquiète quand personne ne me suit : vous aurez ainsi vu l’autre jour (le 20 décembre), que dans mon billet intitulé « Le juge Emmet Sullivan est-il fou ? », je constate avec perplexité qu’aucun commentateur (à ma connaissance) ne m’a emboîté le pas dans mon interprétation du geste du juge s’interrogeant si les crimes du général Michael Flynn relèvent ou non de la haute trahison :

[son geste] n’a provoqué chez les commentateurs américains que j’ai pu lire ou voir dans des émissions de télévision, que des réactions négatives : le geste était exagéré, injustifié, suscite le doute quant à la capacité du juge de juger, etc. J’ai exprimé personnellement une tout autre opinion dans ma vidéo d’hier « Haute trahison pour tous » : que le geste du juge était parfaitement justifié.

Hier, c’est un commentateur de longue date du blog, signant CloClo, grand sceptique par ailleurs de mes prédictions, pariant régulièrement sur le fait qu’elles ne se réaliseront pas, qui a attiré l’attention sur le fait que, dans une vidéo du 1er décembre, j’avais proposé une interprétation de la stratégie du Procureur spécial Robert Mueller comme étant d’acculer Trump à la démission, et que l’on pouvait retrouver la même interprétation le 17 décembre (soit plus de quinze jours plus tard) chez un commentateur américain : Chris Matthews.

Le quotidien La Dépêche résumait hier (22 décembre) les propos de ce commentateur (le 17 décembre) de la manière suivante :

Chris Matthews verrait bien le procureur spécial Robert Mueller proposer au président des États-Unis d’abandonner ses fonctions « en échange d’une tournée d’acquittements, pas seulement pour lui, mais aussi pour ses enfants ».

J’avais dit moi, dans ma vidéo (le 1er décembre) :

C’est cela que fait M. Mueller en ce moment : « Eh bien, M. Trump, est-ce que vous voulez qu’on sorte les autres pièces ? Sinon, partez d’une manière qui apparaîtra encore comme honorable. Vous ne serez pas poursuivi pour haute trahison, vous aurez simplement démissionné parce que, voilà, pour ‘passer plus de temps avec votre famille’. » C’est ça le message, en ce moment, de M. Mueller. […]

Je vous l’avais dit : « Il ne se passera pas beaucoup de temps avant que Mueller avance de nouveau ses pièces », et là, il est en train d’essayer d’écœurer M. Trump en disant : « J’ai des tonnes de choses que je peux montrer. Je vous en montre ici un petit échantillon avec M. Manafort, je vous en montre un autre petit échantillon à propos de M. Cohen, et c’est la partie émergée de l’iceberg. Vous savez qu’il en viendra encore, et qu’il en viendra encore, et quand vous croirez [que] c’est fini, il en viendra encore. » […]

Une petite précision donc : que fait M. Mueller ? Il pousse M. Trump à la démission.
 

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