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La mer et les jours de Cinémathèque De Bretagne.
À l’époque où j’habitais l’Île de Houat, de février 1973 à mai 1974, quand on se réunissait pour mettre sur pied une belle fête, quelqu’un disait immanquablement : « Et si on montrait ‘La mer et les jours’ ? »
Un grand silence se faisait alors car montrer ce petit film impliquait une sacrée responsabilité : chacun se souvenait des fois précédentes et leur cortège de visages rougis, de nez qu’on vidait dans un bruit de clairon au moment où apparaissait le mot « Fin » sur l’écran. Et je ne parle pas que des femmes et des enfants, Dame !
« La mer et les jours », sorti en 1958, fait 22 minutes. Il a été tourné en 16mm par Raymond Vogel et Alain Kaminker. Il montre, sous une forme un peu romancée, la vie des gens de l’Île de Sein.
Un jour que je pêchais avec Jean-Michel entre les roches du Vas-Pell, dans une mer qui brisait à blanc, prétendument au bar à la traîne, je dis « prétendument » car le but de la manoeuvre était essentiellement de voir les autres bateaux faire demi-tour après nous avoir suivis, ayant culé dans la vague au moment de passer la jetée (ce qui ne manqua pas d’avoir lieu), il me dit – j’ai déjà raconté ça dans la nouvelle préface de mon livre – « Un touriste que j’avais pris au mois d’août me disait : ‘Ah ! quel beau métier vous faites là !’ ». La vie à Houat ce n’était pas celle à Sein mais ça lui ressemblait fichtrement.
Le nom d’Alain Kaminker ne vous dit sans doute rien : il n’est pas sur Wikipédia, pas plus que « La mer et les jours ». Il est mort durant le tournage, emporté par une lame. C’était le frère de Simone Signoret, née Kaminker.
Vous, vous ne sortirez peut-être pas votre mouchoir : nous comprenons de moins en moins quand on nous parle de la vie des autres ou lorsqu’ils nous l’expliquent eux-mêmes. Mais si vous ne pleurez pas, faites attention tout de même : autour de nous, la mer monte !
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